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A Torres et à raison
Buteur providentiel dimanche à Anfield face à Manchester United (2-0), le buteur espagnol de Liverpool est peut-être bien en train de supplanter Steven Gerrard en tant que vrai leader des Reds. Vraiment ?
Avec sa crinière blonde, Fernando Torres aurait tout aussi bien pu être scandinave, en digne représentant de Thor, le dieu de la foudre dans la mythologie viking. Car une fois encore, “Thorres” s’est fendu d’un nouvel éclair dans la grisaille de Liverpool. Et, par la même, a encore servi de paratonnerre à Rafael Benitez, critiqué notamment sur son recrutement mais qui pourra toujours arguer que c’est lui qui a fait venir le prodige de l’Atletico Madrid, comme une valeur refuge en cas de gros temps. « C’est probablement aujourd’hui le meilleur attaquant européen » , s’est même paluché Marcel Desailly, bluffé par le but inscrit par “El Nino” au nez et à la barbe de Rio Ferdinand. Face à Manchester, après une absence de trois semaines, et sans doute revenu plus vite que prévu en raison de l’absence de Steven Gerrard, Torres a trouvé la force de faire avertir Patrice Evra, alors que le Français est un des plus rudes clients du moment, et surtout d’être décisif donc. Et pas avec un but de raccroc qui aurait surtout été une heureuse combinaison de flair, de placement et de hasard. Non, un “vrai” goal tout en classe, en mental et en physique. Ce coup de maître réalisé face à un adversaire aussi solide que les triples champions d’Angleterre sortants, dans un contexte aussi tendu pour son équipe et sans la présence du leader traditionnel, ça vous pose un talent. Et surtout, ça pose une question, longtemps inimaginable sur les bords de la Mersey : et si désormais, le vrai leader n’était plus Steven Gerrard mais ce diable d’Espagnol ?
Du jamais vu statistiquement
Car il faut bien le dire, Torres n’en finit plus d’être décisif. Certes, sa fonction d’attaquant l’y invite mais quel autre avant-centre peut se targuer de statistiques pareilles ? Face à MU, l’international ibérique a tout simplement planté son 47e pion en… 58 titularisations ! Soit une moyenne proprement stupéfiante de 0,8 but par match. Et même en comptant ses huit autres apparitions en tant que remplaçant, le serial buteur des Reds continue de naviguer au-delà des 0,7 réalisation par rencontre. En fait, c’est assez simple, personne en Angleterre n’a jamais fait mieux, pas même Thierry Henry, référence absolue des années 2000 (174 buts en 254 sorties avec Arsenal, soit une moyenne de 0,68), même s’il faut pondérer ce comparatif par la longueur du règne (à quoi pensiez-vous gros dégoûtants ?) du Gunner. Il n’empêche, Henry n’avait pas dépassé les 17 pions lors de sa première saison outre-Manche (déjà assez remarquable, ceci étant) quand Torres y est allé de ses 33 buts en guise de présentation, de très loin le meilleur total pour un nouveau venu dans le royaume. Alors, bien sûr, on entend déjà les sceptiques évoquer les défenses en gruyère de Premier League et ses gardiens tétraplégiques, oubliant que le Madrilène a aussi forcé les arrière-gardes des autres membres du Big Four, celles que l’Europe entière (hormis le Barça) peine tant à dézinguer. Enfin, et c’est sans doute le plus important, Torres fait gagner son équipe : 0,62 de taux de victoire avec lui, 0,53 sans lui. « Ses buts sont décisifs et c’est ce qui fait la différence avec beaucoup d’autres » , a confirmé en connaisseur Jean-Pierre Papin sur le plateau de “Francefoot, l’émission”.
Pas encore au niveau de Gerrard en C1
Encenser le phénomène espagnol, ce n’est pas nécessairement remiser Gerrard dans l’armoire à souvenirs. « Comme Steven sait tout faire et qu’il est bon partout, il me permet toutes les configurations » , glisse Benitez avec la gourmandise du maître-tacticien à qui l’on offre toutes les options. Comme pour dire aussi que son skipper reste irremplaçable. Et puis, il y a là encore une certaine vérité statistique : avec les deux stars côte à côte, le taux de réussite de Liverpool culmine carrément au-delà 80% de victoires. En clair, les Reds avec Torres, c’est bien ; avec Torres et Gerrard, c’est bien mieux encore. De quoi, au passage, légèrement relativiser le succès de Lyon à Anfield et surtout les avertir : au retour à Gerland, c’est une équipe transfigurée par la présence de ses deux leaders qui débarquera. Enfin, Gerrard reste LE clutch player par excellence dans le money time européen -Milan, le Real, l’Inter, l’Olympiakos, l’OM et tant d’autres peuvent en attester- quand Torres éprouve un peu plus de mal à trouver la clé dans ces furieuses joutes de Ligues des Champions (8 buts en 22 matches, une moyenne de 0,36), des chiffres confirmés par sa réussite moindre là aussi en sélection où l’ancien Colchonero n’a touché “que” 18 fois la cible en 61 capes (0,29), même si l’une d’entre elles a fait mouche en finale de l’Euro 2008 face à l’Allemagne (1-0). Et, ces bilans chiffrés résonnent avec plus d’échos encore quand on repense à ce que Benitez disait de son compatriote en début de saison : « Je lui ai dit qu’il fallait qu’il passe moins de temps à se plaindre dans ses matches car la meilleure réponse, on l’apporte toujours en marquant » . En clair, Torres n’est pas encore tout à fait le leader moral infaillible qu’a su devenir Gerrard. Mais sa performance face à Manchester indique clairement une tendance : il n’en est plus très éloigné.
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