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Arsenal, pourquoi ça foire toujours en Ligue des champions ?
Pour la cinquième année de suite, Arsenal a perdu le match aller de son 8e de finale de Ligue des champions. Avant, les Gunners s'étaient fait détruire par le Barça, l'AC Milan et le Bayern Munich (deux fois). Là, c'est une équipe B de l'AS Monaco qui s'est amusée sur la pelouse de l'Emirates, mercredi soir (1-3). Bien sûr, une qualification est encore possible, mais l'équipe d'Arsène Wenger part de très loin. Comment Arsenal a-t-il fait pour tomber si bas et ne plus faire peur à personne à part ses propres fans ?
Des latéraux perdus
Face à Monaco, Gibbs et Bellerin n’ont jamais réussi à apporter le danger sur les côtés. Un comble quand, en face, Monaco alignait le jeune Touré (un match pro avant la rencontre) et Echiéjilié, la doublure de Kurzawa. Mais non, Arsenal a préféré se fracasser dans l’axe contre la montagne Abdennour-Wallace plutôt que de prendre la largeur. Au fond, les Gunners ne peuvent plus mettre en danger personne sans des latéraux de classe mondiale. Avant, Wenger avait du beau monde dans ce secteur : Ashley Cole, Gaël Clichy, Emmanuel Eboué, Lauren, Sagna, Dixon, Winterburn. Des mecs qui savaient défendre, mais aussi prendre leurs responsabilités une fois la ligne médiane franchie. Globalement, c’est toute la défense anglaise qui a failli face à Monaco. Depuis le départ de Sol Campbell, Arsenal n’a plus de vrai taulier défensif. Et quand vous présentez une arrière-garde aussi fragile et naïve, vous le payez cash. Sur les 5 derniers matchs aller des 8es de finale de C1, Arsenal a systématiquement été mené au bout d’une demi-heure de jeu…
Qui est le taulier ?
Aujourd’hui, qui est le patron de cette équipe ? Où sont passés les aboyeurs, Keown, Adams, Vieira, Parlour, Gilberto Silva ou autres tauliers qui tenaient l’équipe quand celle-ci tanguait. Face à Monaco, Arsenal n’a même pas réagi une fois mené au score. Encore moins à 2-0. Non, les Gunners n’ont semblé réagir qu’après le but d’Oxlade-Chamberlain. Et encore, l’équipe a trouvé le moyen d’en prendre un dans la foulée. Aujourd’hui, Arsenal n’a rien d’une équipe anglaise, elle n’aime pas le combat ni le défi physique. Elle n’est que dans la réaction permanente et ne sait pas quoi faire quand elle ne trouve pas les ficelles très vite dans un match. Mercredi, Santi Cazorla et Francis Coquelin étaient là pour gêner la densité physique de Monaco au milieu. En face, les joueurs de la Principauté se sont amusés de cette absence d’opposition physique, tout en faisant ce qu’il fallait face à une équipe sans repère, sans patron et surtout sans mec capable de mettre le pied quand il le fallait. Qui pour faire une faute tactique à 30 mètres pour se laisser du temps ? Qui pour rameuter les troupes ? Qui pour joueur le méchant de service ? On regarde l’effectif, et un seul nom sort du lot : Mathieu Flamini. C’est trop peu.
Des grands joueurs de petits matchs
Sur FIFA Ultima Team, quand vous tirez Mesut Özil et Alexis Sánchez dans un pack or, vous sortez les mouchoirs. Özil, champion du monde, joueur frisson. Alexis, pitbull et joueur frisson également. Face à ces deux machines – 86 millions d’euros de transfert – Touré, Wallace et Echiéjilé devaient se faire fendre dans la longueur du bassin. Que dalle. Sánchez s’est cassé les dents dans l’entonnoir monégasque, et Özil n’est jamais rentré dans son match. Ce n’est pas la première fois, d’ailleurs, que l’Allemand se rate dans un grand match européen. Des noms qui se planquent quand le peuple a besoin d’eux, les Gunners commencent à être habitués. Même le génial Robin van Persie avait cette réputation de se rater dans les grandes soirées européennes. Incroyable pour une équipe qui a vu passer Henry, Bergkamp, Pirès, Ljungberg et autres clutch players. Cette absence de joueur de grands rendez-vous pénalise le club depuis plus de 5 ans. 5 ans qu’Arsenal se fait sortir en huitième de finale de la Ligue des champions. Tout sauf un hasard.
Arsène Wenger, usé par le pouvoir
Wenger s’est-il trompé, ou ses joueurs n’ont-ils pas appliqué ses consignes ? Peu importe la réponse à cette question, elle place le manager d’Arsenal dans une délicate situation. Au club de 1996, Wenger a tout connu à Londres. Tout sauf un succès en C1, même s’il a disputé la finale de 2006. D’ailleurs, depuis cette folie, les Gunners n’ont dépassé qu’une seule fois le stade des quarts de finale. Arsenal, encore un grand d’Europe ? La question peut se poser. Arsène Wenger est-il d’ailleurs capable de (re)mobiliser ses troupes et de faire à nouveau peur tactiquement. Quelle est la dernière grosse performance anglaise sur un match aller-retour en C1 ? La Roma en 8e de 2009 (1-0, 0-1, 7-6 TAB) ? Mouais, plutôt le 8e de finale de 2008 où l’AC Milan de Carlo Ancelotti prend la porte (2-0, 0-0). C’était il y a sept ans… une éternité. Le match retour au Louis-II permettra d’apporter un éclairage sur l’aura de Wenger, surtout si Arsenal se sort de ce traquenard. Une chose est sûre, Arsène Wenger n’est plus intouchable dans sa maison. Pendant longtemps, on a demandé à l’Alsacien de dépenser l’argent que le nouveau stade générait. Il l’a fait – Özil, Sánchez, Chambers, Cazorla – sans pour autant regarnir l’étagère à trophées (deux titres en neuf ans, une FA Cup, l’an dernier, et le dernier Charity Shield). Finalement, l’histoire est cruelle. Monaco, le club qui a lancé Wenger sur la scène européenne, sera peut-être celui qui va le défaire.
Par Mathieu Faure