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Alfonso Pérez : « Je préfère le foot d’aujourd’hui »

Propos recueillis par Arthur Jeanne
Alfonso Pérez : « Je préfère le foot d’aujourd’hui »

Buteur lors de deux éditions de l’Euro (1996 et 2000), Alfonso Pérez a, au siècle dernier, incarné les espoirs offensifs d’une Espagne qui ne gagnait rien. L’homme aux crampons blancs donne son avis sur l’Espagne de Luis Enrique, un homme qu’il connaît un peu, puisqu'il a été son coéquipier le plus fréquent.

Quand Luis Enrique a annoncé sa liste pour l’Euro, quelles ont été les réactions en Espagne ? Dans la liste de Luis Enrique, il y a deux choses qui ont beaucoup fait parler en Espagne. La première, c’est qu’il n’y a aucun joueur du Real Madrid dans la liste. Je ne sais pas si cela est déjà arrivé dans l’histoire. La seconde, qui est liée, c’est l’absence de Sergio Ramos, le capitaine, une légende, un référent absolu. Avec les blessures dont il a souffert et le peu de matchs qu’il a joués cette saison, Luis Enrique a jugé qu’il n’était pas judicieux de le convoquer. Ça a été une vraie surprise. La sélection de Laporte, elle, n’a pas vraiment fait débat. S’il a décidé d’être nationalisé et qu’il est convocable, c’est une super option pour Luis Enrique, surtout en l’absence de Ramos.

Pour Ramos, tu aurais fait la même chose que lui ?Sans doute, je crois que Ramos n’était pas bien. Physiquement, il n’aurait pas été à 100% et c’est délicat de jouer un tournoi comme cela. Le risque était que s’il forçait sans être allé au bout de son processus de récupération, cela aurait pu aggraver sa blessure. Physiquement, il n’aurait pas été au top. S’il avait pu disputer les deux trois derniers matchs de Liga, cela aurait été différent, mais ça n’a pas été le cas. Et il a eu trop de rechutes.

Moi, j’aurais pris Iago Aspas, qui est un joueur qui me plaît énormément. Mais comme je le disais, chacun voit midi à sa porte. Et puis, il y a sans doute 50 types qui auraient été légitimes pour y aller et tu ne peux en appeler que 24.

En Espagne, Luis Enrique a parfois été critiqué parce qu’il n’a pas défini d’équipe type et qu’il a fait appel à énormément de joueurs, qu’en as-tu pensé ? Je crois que le travail d’un sélectionneur au cours de l’année est aussi de voir le plus de joueurs possibles. De donner leur chance à ceux qui brillent dans leur club et de leur offrir la possibilité de briller en sélection. Cela permet de préparer l’avenir et d’impliquer tout le monde dans un projet en montrant qu’on est sélectionné au mérite. Cela m’a plutôt convaincu. Ensuite pour la liste des 24, il y a toujours des choix difficiles à faire et chacun a sa sensibilité. C’est aussi la beauté du football, certains aiment Messi, d’autres préfèrent Ronaldo. Moi, j’aurais pris Iago Aspas, qui est un joueur qui me plaît énormément. Mais comme je le disais, chacun voit midi à sa porte. Et puis, il y a sans doute 50 types qui auraient été légitimes pour y aller et tu ne peux en appeler que 24.

Comment tu définirais le style de la Roja de Luis Enrique ? Pour moi, Luis Enrique s’inscrit dans la même ligne directrice que ses prédécesseurs. Un style qui se base sur le plus de possession du ballon possible, le toque, une très bonne circulation du ballon. Je crois que depuis le milieu des années 2000, le foot espagnol s’identifie à ce style de jeu qui est devenu sa marque de fabrique et lui a apporté ses plus grandes joies. D’ailleurs, la plupart des équipes de Liga jouent ainsi.

À l’exception de la Grèce, personne n’a jamais gagné l’Euro en bétonnant.

Quand tu parles de grandes joies, cela a aussi été synonyme d’échecs lors des derniers tournois…Oui, mais je crois que c’est une philosophie à laquelle il faut se tenir. Chaque équipe doit avoir une identité de jeu. Cela ne te garantit pas que tu vas gagner un tournoi. C’est tellement aléatoire entre la forme des joueurs, les adversaires, la chance parfois… Mais en revanche je pense que ce football offensif est celui qui te donne plus de chance de dominer, de gagner des matchs et c’est aussi celui qui est le plus adapté aux qualités des joueurs espagnols. Et puis à l’exception de la Grèce, personne n’a jamais gagné l’Euro en bétonnant.

Il n’y a en tout cas pas eu de révolution Luis Enrique en ce qui concerne le style de la sélection. Pour moi, non. Pas du tout. Mais chaque entraîneur a son propre style et apporte des ajustements. À ce niveau-là, la principale nouveauté, c’est sans doute un pressing plus intense et plus haut qu’auparavant à la perte du ballon. Mais le jeu de Luis Enrique, c’est un foot de toque et de possession.

La sélection de Luis Enrique ressemble à ce qu’était son Barcelone ou sa Roma. Des équipes qui aiment avoir le ballon et presser haut. C’est ça, son style de jeu.

Javier Clemente, l’ancien sélectionneur, disait pourtant récemment que le Luis Enrique sélectionneur avait opté pour un style différent de celui qu’il incarnait en tant que joueur. Un type qui marquait beaucoup, mais aimait les duels et le combat.Je dois être le joueur qui a joué le plus de matchs avec lui. Au Barça, au Real, en sélection… Je le connais très bien. C’était un joueur avec beaucoup de caractère, qui se battait, se sacrifiait pour l’équipe. Mais il marquait aussi beaucoup de buts et c’était d’abord un joueur offensif. Les équipes dans lesquelles il jouait, le Real, le Barça étaient des équipes offensives. Il a joué dans des équipes qui aimaient le ballon et étaient offensives. Comme entraîneur, il n’a pas renié cela pour jouer un foot défensif ou direct. D’ailleurs, la sélection de Luis Enrique ressemble à ce qu’était son Barcelone ou sa Roma. Des équipes qui aiment avoir le ballon et presser haut. C’est ça son style de jeu.

Ça t’aurait plu de jouer dans cette équipe ? Oui, bien sûr. En tant qu’attaquant, c’est un jeu qui me séduit. Je préfère une équipe qui a un style joueur, fait de possession et de combinaisons. Au lieu de défendre, et d’avoir quelques occasions, tu participes au jeu. Tu as plus le ballon, plus d’occasions, moins d’efforts défensifs à fournir.

Pour être honnête, je préfère le foot d’aujourd’hui avec ce jeu de possession et de pression haute que le football de mon époque. On voit beaucoup plus de buts aujourd’hui qu’il y a 20 ans.

Le foot espagnol a beaucoup changé depuis l’époque où tu étais le 9 de la Roja ? Le style de la génération dorée a marqué un tournant pour le foot espagnol. Désormais, les équipes espagnoles aiment jouer, ce sont des équipes qui ont de la qualité technique. Nous avions un football beaucoup plus physique, un jeu beaucoup plus direct et avec beaucoup moins de toque qu’aujourd’hui. Le football a beaucoup changé. En Espagne notamment. Pour être honnête, je préfère le foot d’aujourd’hui avec ce jeu de possession et de pression haute que le football de mon époque. On voit beaucoup plus de buts aujourd’hui qu’il y a 20 ans. Je pense qu’un match de Liga est beaucoup plus plaisant à voir aujourd’hui que quand j’étais joueur.

Quels souvenirs gardes-tu de l’Euro 2000, quand l’Espagne a perdu contre la France en quarts ? Nous avions déjà une très bonne équipe, de très bons joueurs, mais nous étions toujours éliminés sur des détails. C’est l’histoire du football espagnol jusqu’à 2008. Des matchs qui basculent sur des actions malchanceuses, une erreur, la malchance, une décision arbitrale contestable… Quand tu joues un match éliminatoire, chaque détail compte, chaque erreur peut être synonyme d’élimination. Contre la France par exemple, ça ne se joue à rien. Raúl a raté un penalty, s’il le marque, est-ce qu’on passait ? On ne le saura jamais, mais ce genre de choses fait qu’on ne dépassait jamais les quarts de finale. Le grand mérite de la génération dorée, c’est d’avoir changé cette dynamique.

Tu as été le premier attaquant à porter des chaussures blanches. Comment ça s’est fait ?En 1996, le directeur marketing de Joma, qui est un ami personnel, me dit qu’il m’offre un diner si j’accepte de jouer avec des chaussures blanches. Je lui dis ok. Je jouais alors au Betis. À l’automne, lors d’un match de Liga contre la Real Sociedad, je les porte et je marque. Et je termine la saison à 25 buts. Ça a été un boom immédiat, Joma en a vendu énormément. Tous les enfants ont commencé à vouloir les mêmes. Puis les crampons de couleur sont apparus, les rouges, les verts. Mais je crois que j’ai été le premier avec Marco Simone à l’AC Milan, et à l’époque, ça ne plaisait pas à tout le monde… Javier Clemente notamment se foutait de moi quand je les portais en sélection, il me disait : « Alfonsito, c’est ridicule. Les défenseurs vont te regarder de travers, ils vont se dire : « Pour qui il se prend celui-là… » »

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