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« Xavi Simons est pour les U19 ce que Zlatan était pour la Ligue 1 »
Au moment où le Paris Saint-Germain chipait l'espoir Xavi Simons au FC Barcelone à l'été 2019, tout laissait à penser que Leonardo avait réalisé un nouveau coup de maître. Deux ans plus tard, les promesses ne se concrétisent toujours pas. Faute d’un cruel manque de temps de jeu avec les pros. Pire encore, le directeur sportif du club de la capitale aurait récemment vu Mino Raiola monter au créneau : soit sa pépite joue, soit elle décampe. Mais si la séparation semble inévitable, que vaut vraiment Xavi Simons sur un terrain ?
« Nous, quand on est arrivés à Paris et qu’on est descendus de notre minibus, on a tout de suite vu les caméras et les micros de beIN Sport », se rappelle Baptiste Pousse, entraîneur des U19 de Saint-Pryvé/Saint-Hilaire. Ces caméras, inhabituelles à ce niveau, sont alors braquées vers Xavi Simons, gamin de 18 piges, qui collectionne autant les compils YouTube que les attentes. Moins les apparitions avec les pros du Paris Saint-Germain. Le Néerlandais a en effet exhibé sa tignasse à deux reprises avec les grands : 12 minutes en Coupe de France contre Caen en février dernier et une petite minute face à Strasbourg en mai. Et s’il aspire à jouer bien plus dans le groupe de Mauricio Pochettino, c’est tout simplement parce que l’ancien pensionnaire de la Masia fait l’unanimité avec les Titis du PSG. Par son talent, par son aura et par son traitement médiatique. Tous les trois tout aussi démesurés les uns que les autres.
« Il est au-dessus de la moyenne »
« Quand on a affronté le PSG pour la première fois, Simons était capitaine, se souvient Baptiste Pousse. Au moment des consignes avec les arbitres, mon capitaine ressort et vient me voir. Il me dit que cette histoire va vite le soûler parce que les arbitres n’arrêtent pas de brosser Simons dans le sens du poil. Il m’a même dit que « C’était limite s’ils n’allaient pas faire des selfies avec lui » » , raconte l’entraîneur du club amateur. Ce jour-là, Xavi Simons fait le job et aide son équipe à prendre aisément le chemin de la victoire. Rebelote pour cette nouvelle saison le 24 septembre dernier, où le club de la capitale s’impose 5-0 à Saint-Germain-en-Laye, ne laissant encore aucune chance à la petite écurie du Loiret. Mais cette fois-ci, la pépite quitte le terrain plus tôt que les autres après avoir été expulsé pour un geste d’humeur. Pour le coach Pousse, ça fait tilt tout de suite : « C’est très simple, si on veut faire un parallèle, il est pour nous ce que Zlatan était pour la Ligue 1. Ou Neymar. C’est le même comparatif. »
Si le talent du gamin fait l’unanimité, tous ceux qui ont croisé son chemin dans le championnat U19 s’accordent aussi à dire que Xavi Simons joue de son statut. « Les arbitres ne l’appelaient pas par son numéro comme nous, en mode« Numéro 10 ici s’il vous plaît ». Non, lui c’était« Monsieur Simons » », en rigole Aylan Labdoun, jeune milieu de terrain de Drancy, qui a dû se coltiner la pépite parisienne pendant 90 minutes il y a quelques semaines. Un statut qui colle cependant à ses feuilles de stats. XS34, c’est quatre buts et deux passes décisives en quatre matchs de Youth League. De quoi être le joueur de Zoumana Camara le plus décisif en Europe. Lors du dernier rassemblement en sélection, Simons a trouvé trois fois le chemin des filets et délivré deux caviars. Ni plus ni moins le plus convaincant depuis les débuts des qualifications au prochain Euro U19. « On ne l’a vu que 45 minutes, mais on a été bluffés. On savait que c’était quelqu’un de très talentueux, mais il a surtout répondu présent par sa dimension physique. Ensuite tout ce qui est vision de jeu, qualité technique et tactique, il est au-dessus de la moyenne », assure Ibréhima Coulibaly, le capitaine du Mans qui a croisé son chemin cet été dans le cadre d’un match de présaison contre les seniors du PSG. « Dès la sortie de Gueye à la mi-temps, c’était lui qui avait la mainmise sur le jeu », se remémore l’international mauritanien. Une journée de plus où Xavi Simons, buteur et passeur face à l’équipe de National 1, a marqué les esprits. Si ce 14 juillet était marqué par la première apparition d’Achraf Hakimi au club de la capitale, Coulibaly note enfin que « c’est celui qui avait le plus d’aura sur le terrain dès que le Marocain est sorti ».
Prêt pour la suite ?
« Un gamin comme ça, qui a un large potentiel, à un moment donné, ce n’est pas normal de ne pas le voir plus souvent en Ligue 1, concède Ibréhima Coulibaly, certain de la réussite future de Simons. Logique qu’il aille voir ailleurs. À 18 ans il faut le lancer, c’est tout, et le PSG commettrait une erreur en le lâchant. Ils ont déjà vu Coman, Moussa Diaby, Kouassi et j’en passe le faire. Pas de raison que Xavi Simons ne prenne pas le même chemin. » Même constat pour Baptiste Pousse : « Il voit le foot et comprend le foot avant tout le monde. À notre niveau, il est au-dessus. » Sa vitesse d’exécution et ses dribbles affolent en Youth League, mais Aylan Labdoun préfère s’attarder sur l’aspect physique d’un joueur frêle, presque lambda d’apparence, n’en déplaise aux plus grands fans de sa coupe de cheveux à la David Luiz. « Je peux vous dire que c’est un joueur qui se déplace beaucoup. Il demande constamment le ballon et souvent très bien d’ailleurs. C’est lui qui organise le jeu, confie le jeune joueur de Drancy, tout en livrant une commande Uber Eats. J’ai été surpris de sa dimension physique, car on lui a mis énormément de coups, surtout moi, mais il ne s’est jamais dégonflé. Je suis bien plus costaud que lui, mais il allait au duel, et tu le sentais. »
À l’heure où l’enfant roi semble cocher toutes les cases pour intégrer les rangs dorés de Mauricio Pochettino, il reste bien un point où Xavi Simons devra être amené à se métamorphoser : l’attitude. « Sur le comportement, et même si on ne les voit que très peu en dehors du terrain – tous les joueurs et membres du staff de l’équipe du PSG plient vite bagage une fois les matchs terminés -, il est un peu comme Neymar, reprend Baptiste Pousse. « Dans tous les duels, il va tomber, réclamer, chercher quelque chose. On sent qu’il y a une espèce d’aura autour de lui et qu’il en joue beaucoup. » Une tenue sur le rectangle vert sûrement corrélée à la manière dont l’adolescent grandit en dehors. En septembre dernier, Xavi Simons est expulsé, comme quatre de ses coéquipiers, de la sélection néerlandaise pour avoir enfreint le protocole sanitaire. Selon les précisions du quotidien national De Telegraaf, le Parisien aurait été surpris dans sa chambre d’hôtel en train de jouer aux jeux vidéo accompagné d’une fille. L’attitude, surtout dans le 16e arrondissement de Paris, doit être irréprochable. Auquel cas il pourrait vite se voir coller l’étiquette de la pépite déjà trop « bling-bling » à la grosse tête.
À tout juste 16 ans, Jude Bellingham faisait sa première apparition en professionnel. Deux ans plus tard, le voilà déjà titulaire indiscutable au Borussia Dortmund. Trajectoire identique à celle de Pedri en terres catalanes ou même Harvey Elliott sur les bords de la Mersey. En France, si on laisse Kylian Mbappé et Eduardo Camavinga dans le carton « talents à part », rares sont ceux à être propulsés directement dans l’équipe type de leur club sans être majeurs. Xavi Simons, lui, voit chaque semaine un groupe de 30 joueurs se disputer une place dans le groupe de Mauricio Pochettino, sans jamais avoir l’occasion de prouver sa valeur. Et ce serait bête qu’il exporte les promesses entrevues en catégorie jeune sur une autre grande scène européenne.
Par Matthieu Darbas