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Stéphane Tournu-Romain : « Domenech a la fraîcheur d’un enfant qui s’émerveille »

Propos recueillis par Éric Carpentier
Stéphane Tournu-Romain : « Domenech a la fraîcheur d’un enfant qui s’émerveille »

Stéphane Tournu-Romain, « auteur – metteur en scène – footballeur », associe depuis 49 ans sport et théâtre. Rencontre avec l'homme qui a réussi à mettre Robert Pirès et Raymond Domenech dans une même pièce.

Qu’est-ce qui est apparu en premier chez vous ? Le foot ou le théâtre ?

J’ai une passion pour les deux depuis que je suis minot. En foot, ce qui m’a vraiment marqué, c’est le parcours de l’AS Saint-Étienne. C’était dans les années 70, même en habitant dans le 93, tous les mômes étaient férus de ça. Moi, j’avais le maillot de Bathenay quand je jouais à l’époque. En revanche, j’allais à Bauer, c’était à côté, donc les souvenirs de stade en étant gamin, c’était pour voir le Red Star. Bon, en revanche, ils n’étaient pas au top… J’allais aussi au Parc, mais uniquement quand Sochaux venait jouer le PSG : le meilleur ami de mon père était sochalien, du coup c’était la sortie annuelle, entre 1975 et 1980 environ, je n’en ai pas manqué un seul.

Avant d’arriver au théâtre, vous faites un détour précoce par le journalisme avec… Onze Mondial ?

Ouais, en fait j’étais en CM2, j’ai gagné un prix, un bouquin sur les Jeux olympiques de Maurice Vidal. Lui, ancien résistant, communiste, c’était un peu le pape de la presse sportive de gauche, patron de Miroir Sprint, Miroir du cyclisme, Miroir du football… Je l’ai rencontré et il a été impressionné parce que je connaissais toutes les équipes, les joueurs, leurs parcours, j’étais un ordinateur ambulant. Du coup, il m’a invité aux premières conférences de rédaction de Mondial, l’ancêtre de Onze Mondial, puis j’ai fait des interviews de joueurs par téléphone. Mais au moment de choisir, à la fin de la 3e, j’ai préféré le théâtre au journalisme.

Toujours avec le foot en fil rouge ?

En fait, on avait monté une équipe qui s’appelait Les Artistes Mondial, c’était la mode à l’époque, avec le Variété, tout ça. Ça regroupait des copains du monde du foot, des médias et du spectacle. Il y avait Serge Mésonès, le capitaine de l’AJ Auxerre, Olivier Margot, futur rédacteur en chef de L’Équipe, des mecs du groupe Trust, tu sais (il chante) : « Antisocial tu perds ton sang-froid… » Et René Charrier. Bon, avec nous, il jouait attaquant et plus gardien de but. Mais René, c’est le mec le plus social, le plus humain du foot, tous les joueurs l’adorent, d’ailleurs il est vice-président de l’UNFP depuis 30 ans. C’est lui qui a créé les stages de l’UNFP.

Et qui vous y a fait participer ?

Moi, je continuais ma carrière au théâtre, et en 1999, il me propose d’animer des ateliers pendant les stages pour que les joueurs puissent couper, voir autre chose. On fait une première opération qui se passe très bien, on finit par faire une représentation dans l’amphi de Clairefontaine. On a remis ça pendant 2 ans, dans l’assistance il y avait des mecs de la DTN, ils m’ont demandé d’aller animer des ateliers dans les sélections de jeunes.
Grégory Bourillon, c’est devenu un super pote. Il a eu un fils d’ailleurs il y a quelques jours ! Tiens, tu peux dédier l’article à Sacha Bourillon ?

Là, on est au tournant des années 2000 ?

En 2000 pile. La première équipe avec laquelle j’ai travaillé, c’est celle qui est championne du monde en 2001, la génération 1984, de Le Tallec, Sinama-Pongolle, Faty, Meghni… Grégory Bourillon aussi, lui n’était pas à la Coupe du monde, mais c’est devenu un super pote. Il a eu un fils d’ailleurs il y a quelques jours ! Tiens, tu peux dédier l’article à Sacha Bourillon ? Ça le fera marrer ! Il est complètement gaga.

Il y en a qui auraient pu devenir comédiens dans ces générations 84-87 ?

Comédiens je sais pas, mais il y en a qui étaient à l’aise. Bon, pas Greg. En revanche il y en un qui est venu faire des actions de prévention avec moi plus tard, c’est Bryan Bergougnoux, un super gars. De manière générale, tous jouaient le jeu. Benoît Costil était bon. Rio Mavuba… tiens, il me doit deux restos (rires). Samir Nasri aussi était très à l’aise. Ça me fait chier de le dire parce que je n’aime pas le comportement qu’il a aujourd’hui, ça m’ennuie un peu.

Ça vous étonne ?

Non, ça m’étonne pas (rires). Je l’ai connu à 14 ans, il était déjà un peu imbu de lui-même. En revanche, j’avais des bons échanges avec lui parce que j’aime bien l’histoire du foot, et lui connaissait vraiment bien son truc. Avec Thierry Henry, je pense que c’est les deux plus calés dans l’histoire de leur sport. Un vrai furieux. Après, la pédagogie, la psychologie, c’était autre chose (rires). Mais c’était vraiment intéressant d’échanger avec lui.

C’est à ce moment que vous rencontrez Raymond Domenech ?



Je le connaissais avant, on avait fait le spectacle Temps de Foot. Dans son bouquin, il se trompe d’ailleurs, c’est Mésonès qui me l’a présenté. En même temps on s’en fout, c’est un artiste (rires). Non, mais on s’entendait super bien, avant que je parte à Toulouse, et qu’il s’installe avec Estelle, on allait au ciné, au théâtre ensemble…

C’est vous qui l’avez mis sur les planches ?

Non, il est passionné depuis qu’il est enfant. Il s’y est mis à Mulhouse je crois, où il a fini sa carrière. Il s’est arrêté un peu, puis en 98 je lui ai proposé le spectacle Temps de Foot, on a tourné dans toute la France, et en Angleterre. En Angleterre, c’était Gareth Southgate, capitaine des Three Lions, le narrateur. En France, c’était Robert Pirès…

Les deux sur la même scène ?

En fait, Pirès avait enregistré sa voix, il avait une carrière à l’époque. En revanche, Raymond a toujours été là, avec Jean-Philippe Delpech, l’ancien capitaine de Toulouse. D’ailleurs, c’est lui qui m’a fait descendre à Toulouse.

Vous dites apprécier de Domenech « la fraîcheur d’un enfant qui s’émerveille » …

Autant c’est quelqu’un très sûr de lui, très à l’aise, mais dans les coulisses, sur scène, c’est un enfant. On a fait d’autres pièces pas spécialement liées au foot, comme Et demain la lumière sur la guerre 14-18, Clair obscur contre le dopage… Et lui était toujours au taquet, il adorait être dans l’échange. C’est un mec qui a un fond d’éducateur hors pair. Avec les espoirs, il était vraiment dans l’humain, c’est plus compliqué avec les A. C’est dommage que les gens ne retiennent de lui que la fin. C’est quand même un des deux sélectionneurs qui sont allés en finale de Coupe du monde !

Le foot peut nourrir le théâtre et réciproquement ?



Complètement. Moi, c’est le foot qui m’a donné les bases fondamentales, dans le lien social, les valeurs collectives. Et le théâtre c’est la même chose, c’est une somme d’individus regroupés pour raconter une histoire, une dramaturgie. Or le foot, c’est ça, sauf qu’il y a un aléa, qu’on ne peut que préparer une histoire, sans savoir si c’est celle qu’on va réussir à raconter sur le terrain.


Le spectacle a changé ?


Carrément, le spectacle football a drastiquement changé quand l’argent est arrivé, dans les années 90. Attention, ça ne me pose pas de problème, les mecs font un spectacle, attirent des gens, ils doivent être rémunérés à la hauteur. Mais les ego, les individualités sont devenues, relativement, plus mises en avant. On a un peu perdu du romantisme collectif. Regarde la Hollande, l’Ajax, Barcelone… C’est dur à retrouver, ça. C’est peut-être aussi global, un truc de société. Ça va plus vite. Peut-être aussi que je suis dépassé.
Il faut accepter la dramaturgie humaine du foot

Comment est-ce que vous mettriez en scène un match de foot au théâtre ?

Je ne sais pas… Peut-être une conversation de vestiaire, quelque chose de l’ordre de l’intime. Beaucoup de choses se jouent dans un vestiaire.

Aujourd’hui, avec votre compagnie Le Trimaran, vous associez sport et théâtre pour faire de la prévention sur des thèmes variés, la violence, l’alcoolisme précoce… Le sport seul ne suffirait pas ?

Le théâtre, c’est un outil extraordinaire pour s’exprimer à la fois avec son corps, mais aussi sa voix. Ça aide les jeunes à se sentir à l’aise pour s’exprimer, pour communiquer en dialogue, pour être un orateur devant une assemblée… Au quotidien, c’est essentiel. Le rapport à l’autre, c’est l’essence du théâtre. Tu vois Clément Turpin, il a lancé un projet, Monsieur l’arbitre, pour expliquer l’arbitrage. Il faut en parler, c’est super difficile d’être arbitre aujourd’hui ! Et bien le théâtre c’est ça aussi, c’est l’humain, avec ses erreurs. Il fait partie du spectacle. Faut pas oublier qu’au départ les joueurs jouent sans arbitre ! Après, on met un arbitre pour simplifier les choses, et maintenant les arbitres sont constamment trop critiqués. Alors qu’un mec comme Turpin, c’est un mec adorable, super ouvert. Tu mets de la vidéo ? Pff, ça hacherait le spectacle. Il faut accepter la dramaturgie humaine du truc, sinon c’est n’importe quoi.

Retrouvez le travail de la compagnie Le Trimaran sur le site www.letrimaran.com

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Propos recueillis par Éric Carpentier

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