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Schalke, l’instabilité permanente

Par Sophie Serbini
Schalke, l’instabilité permanente

Alors que cette année, avec un nouvel entraîneur et une nouvelle politique sportive, devait être plus tranquille que les précédentes, Schalke 04 est bien vite retombé dans ses travers. Au point que beaucoup se demandent si le club arrivera un jour à sortir de la zone de turbulence pour de bon. 

« Ne vous inquiétez pas : dimanche, cela ne se passera pas ainsi. » Ralf Fährmann a beau essayer d’être positif malgré une défaite (3-0) face au promu Ingolstadt, il sait que le momentum n’est pas vraiment avec son équipe à une semaine du Revierderby. À quelques journées de la fin du championnat, le club de la Ruhr pointe à la 7e place au classement et pourrait ne pas obtenir son ticket pour la Ligue des champions, voire même pour la Ligue Europa – ce qui constituerait une première depuis 2009. La faute à une absence totale de régularité. Comme chaque année en somme. Pourtant, au début de la saison, l’optimisme était de rigueur à Gelsenkirchen. Si aucun objectif concret n’avait été évoqué par la présidence, le jeu mis en place par André Breitenreiter avait rapidement séduit les supporters et les joueurs. Au mois de septembre, le club avait même réussi l’exploit de gagner cinq matchs de suite.

Mais depuis, si le jeu est parfois encore au rendez-vous, les résultats ne sont plus vraiment là. Certaines défaites ont fait très mal, notamment celle contre le Shakhtar en 16es de Ligue Europa, ou encore contre Gladbach dès le deuxième tour de la Pokal. Finalement, après des mois d’accalmie, le cirque a repris du côté de Gelsenkirchen. Les anciennes gloires ou entraîneurs se sont remis à parler tous les deux jours des problèmes de Schalke dans la presse. Lors de l’un des derniers entraînements avant le derby, plusieurs personnes ont envahi la pelouse pour expliquer leur mécontentement à Ralf Fährmann, pourtant un des seuls Knappen à n’avoir rien à se reprocher cette année. Résultat : la session a duré beaucoup moins longtemps que prévu, et tous les joueurs ont été renvoyés chez eux. Pour préparer un des derbys les plus importants de ces dernières années, on a connu mieux. Mais Schalke ne serait pas Schalke s’il ne se compliquait pas la vie, qui plus est au moment le plus important de la saison.

Tout pour plaire

Pourtant, sur le papier, Schalke a tout pour réussir : un stade ultra-moderne, des supporters passionnés, de l’argent, une histoire, des anciennes gloires stylées… Théoriquement, le club n’a rien à envier à son voisin en jaune et noir, si l’on excepte les quelques titres acquis récemment. Le fait que le S04 n’ait pas gagné un titre de champion depuis l’instauration de la Bundesliga, au vu de ses capacités, paraît au fur et à mesure des années de plus en plus absurde. Depuis la Coupe d’Allemagne remportée en 2011, le club n’a jamais été proche de regagner quoi que ce soit. Si une dette colossale a empêché pendant longtemps le club de se faire plaisir, il est aujourd’hui le 12e le plus riche au monde, juste derrière… Dortmund.

Le vrai problème vient d’en haut, des dirigeants. Il y a un manque de concept.

Les ventes de nombreux joueurs ces dernières années (celles de Manuel Neuer et de Julian Draxler, par exemple) ont permis au club de se refaire une santé. L’argent injecté par son président milliardaire Clemens Tönnies et par les principaux sponsors (dont le géant russe Gazprom) n’y est pas non plus pour rien. Cette année, Schalke a une nouvelle fois annoncé des recettes records. Mais tout l’argent du monde ne semble pas en mesure de changer l’ADN foutraque du club. « Le vrai problème vient d’en haut, des dirigeants. Il y a un manque de concept » , explique Stephan Kröner, journaliste qui suit le Null-Vier depuis plusieurs saisons.

Une grande partie des membres du board sont plus passionnés par Schalke que par le foot à proprement parler.

Un temps, ce fut Tuchel, et puis Di Matteo est arrivé. Avant, on a entendu parler d’Armin Veh, et c’est finalement Jens Keller qui a pris les rênes. Il n’y a pas de vision claire.

Et cela se ressent dans leur choix, notamment concernant les entraîneurs. Depuis le départ de Felix Magath en 2012, cinq entraîneurs se sont succédé. « En matière d’entraîneurs, ils négocient avec tout le monde. Un temps, ce fut Tuchel, et puis Di Matteo est arrivé. Avant, on a entendu parler d’Armin Veh, et c’est finalement Jens Keller qui a pris les rênes. Il n’y a pas de vision claire » , continue Stephane Kröner. Du point de vue du recrutement aussi, le manque de vision globale se fait ressentir. Lorsqu’en 2013, le club s’est attaché les services de Kevin-Prince Boateng, peu de voix se sont élevées pour féliciter le club, tant le transfert puait la fausse bonne idée à plein nez. La politique salariale est elle aussi souvent remise en cause, notamment lorsqu’elle concerne Huntelaar, qui se retrouve régulièrement augmenté, même lorsqu’il n’apporte plus grand-chose à son équipe. Finalement, depuis quelques années, l’action du club pourrait se résumer à envoyer les jeunes issus du centre de formation au charbon, en espérant qu’ils soient meilleurs que les stars qui se tournent les pouces.

Une jeunesse mal épaulée

Car s’il y a un domaine dans lequel Schalke excelle, c’est la formation. Lors de la dernière victoire de l’Allemagne en Coupe du monde, quatre joueurs – dont trois ont joué tous les matchs de la compétition – étaient issus du centre de formation de la Knappenschmiede : Manuel Neuer, Mesut Özil, Benedikt Höwedes et Julian Draxler. Ce qui en fait le deuxième contingent après le Bayern où Thomas Müller, Philipp Lahm, Bastian Schweinsteiger, Mats Hummels et Toni Kroos (dans une moindre mesure que les quatre autres) ont été formés. Aujourd’hui, Schalke peut compter sur un grand nombre de jeunes du cru dont Leroy Sané et Max Meyer. Pour beaucoup de clubs allemands, le S04 est devenu la référence en matière de formation de joueurs, le club à imiter. À tel point que le Bayern, un peu à la traîne ces derniers temps dans ce domaine, souhaiterait engager Norbert Elgert, l’homme fort de l’académie (l’entraîneur des U19), à la fin de son contrat en 2018. Mais au-delà de ces gamins formés à la maison, le club sait aussi recruter de bons jeunes. « Schalke effectue du très bon travail avec les jeunes. Ceux du centre de formation, mais aussi ceux qui arrivent au club. Goretzka, formé et recruté à Bochum, a par exemple des qualités exceptionnelles. Dans deux ans, ce sera un acteur incontournable de la Bundesliga. Ou encore Geis » , explique Stephan Kröner.

Le problème, c’est que ces jeunes sont souvent livrés à eux-mêmes et peu aidés par les joueurs plus vieux qui souvent ne cherchent pas à les faire progresser. « Ces jeunes joueurs ne sont pas entourés de gars d’expérience, comme par exemple un Kehl a pu l’être à Dortmund. Un gars capable de dicter le rythme, de calmer ses troupes et de rassembler autour de lui » , théorise Kröner.

J’ai été convaincu que je n’avais pas à supporter la pression et l’attente qui était présente à Schalke 04. Même après six mois de blessure, j’avais le sentiment que je devais décider de l’issue des matchs à moi tout seul.

Il est vrai que ces dernières années, les leaders n’ont pas vraiment fait leur boulot. Huntelaar, Boateng, Farfán ou encore Di Santo sont autant de joueurs qui n’ont pas semblé à même d’épauler les minots et à prendre un peu de pression sur leurs épaules. La pression, c’est d’ailleurs ce qui aurait fait partir Julian Draxler, qui, avant de filer pour Wolfsburg, n’avait jamais joué ailleurs que dans le club phare de Gelsenkirchen. « J’ai été convaincu que je n’avais pas à supporter la pression et l’attente qui était présente à Schalke 04. Même après six mois de blessure, j’avais le sentiment que je devais décider de l’issue des matchs à moi tout seul » , avait-il déclaré lors de son arrivée dans la ville de Volkswagen.

Cette phrase, beaucoup de supporters de Null-Vier l’ont prise pour eux. Pourtant, selon Stephan Kröner, « l’attente à Gelsenkirchen n’est pas si grande et personne n’espère jouer le titre sous peu, mais espère juste que l’équipe ressemble à quelque chose » . Du reste, les supporters de Schalke, bien que passionnés par leur équipe, ne sont pas du genre à aller caillasser les voitures de leurs joueurs. En parlant d’attente, Draxler n’évoquait peut-être pas tant les supporters que le club en lui-même, qui place de plus en plus d’espoirs dans ses jeunes stars, au point parfois de les étouffer. D’autant plus depuis le départ avec fracas de Mesut Özil et celui encore plus controversé de Manuel Neuer.

Une nouvelle ère ?

Membre du comité directeur de Mayence depuis 1992, Christian Heidel prendra cet été la place de Horst Heldt à la tête de la direction sportive du club. Heidel est bien évidemment l’homme qui a révolutionné les Nullfünfer. Jürgen Klopp ? C’est lui. Thomas Tuchel ? C’est lui. Martin Schmidt ? Encore lui. Sous son impulsion, le club rhénan est monté pour la première fois en Bundesliga en 2004. Depuis, malgré quelques bas, Mayence est devenu un club qui compte, comme le prouve par exemple sa victoire face au Bayern à l’Allianz Arena, en mars dernier. Mais à Gelsenkirchen, loin du charme suranné de sa Rhénanie-Palatinat natale, Heidel va découvrir une tout autre ambiance. À Mayence, on aime bien le foot. À Schalke, on ne vit que pour ça.

On a déjà eu six entraîneurs en cinq ans. Et on semble parti pour un septième… Cela fait beaucoup.

La pression sur ses épaules sera énorme. Attendu comme le messie par une partie des supporters, ses moindres erreurs seront discutées en place publique par ceux qui souhaitaient voir Heldt rester. Une de ses premières actions attendues sera sans aucun doute de changer d’entraîneur, ce qui ne ravit par une grande partie des supporters. « Mon scepticisme vient des possibles manœuvres autour de l’entraîneur. On a déjà eu six entraîneurs en cinq ans. Et on semble parti pour un septième… Cela fait beaucoup » , confesse Erik, supporter du club.

Parmi les noms qui circulent le plus se trouve celui de Markus Weinzierl, actuel coach d’Augsburg, qui, un peu comme Heidel avec Mayence, est grandement responsable de la mise en orbite de son club. L’alliance des deux pourrait être intéressante, même si elle signifie l’arrivée d’un nouveau coach et donc la preuve d’une certaine instabilité.

Heidel est probablement la meilleure personne qui soit arrivée au club depuis Huub Stevens en 1996.

Heureusement, les deux hommes sont connus pour être très patients. Or, la patience est une qualité qui manque à Schalke depuis des années. Avec eux, le club pourra sans nul doute grandir et tenter de nouvelles choses. « Heldt recrutait quasiment toujours en Bundesliga, avec Heidel on devrait avoir plus de variété » , explique Thomas, lui aussi supporter de longue date du club. « Heidel est probablement la meilleure personne qui soit arrivée au club depuis Huub Stevens en 1996 (victoire en Coupe de l’UEFA en 1997). Quand on voit tous les transferts auxquels il a participé ces dernières années à Mayence, on se dit qu’avec plus de moyens, il va faire de grandes choses. Et puis, ce n’est pas quelqu’un qui prendra des décisions suicidaires, type une prolongation de Huntelaar, qui relève plutôt du populisme » , estime Stephan Kröner. Quoi qu’il en soit, les supporters n’espèrent qu’une chose : que le board arrête de s’éparpiller et regarde droit devant lui, pour que la mauvaise blague de ces dernières années ne se répète pas éternellement.

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