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Julian Draxler, le choix de la discorde

Par Sophie Serbini
Julian Draxler, le choix de la discorde

En rejoignant Wolfsburg, un concurrent direct au podium, après près de 15 années passées sous le maillot de Schalke, Julian Draxler rejoint Manuel Neuer au rang de ceux qui ont osé trahir la maison bleue. Une décision qui, au-delà de sa portée symbolique, pose quelques questions sur la suite de sa carrière.

En faisant atterrir un panneau « Julian Draxler bis 2018 » devant le Westfalenstadion en mai 2013, soit quelques semaines après l’annonce du départ de Mario Götze pour le Bayern, la direction de Schalke avait réussi la vanne parfaite. Pour la première fois depuis des années, Schalke possédait enfin ce que Dortmund n’avait pas (ou plus) : un joueur du cru prêt à passer une bonne partie de sa carrière sous les couleurs de ses débuts. Afficher son bonheur aux yeux du monde et surtout à ceux de son éternel rival semblait alors de bonne guerre. Sauf qu’à y regarder de plus près, Schalke aurait, encore une fois, mérité de réfléchir avant d’agir. Car s’il n’était pas forcément possible de deviner le futur départ de Draxler pour un concurrent direct, il était en revanche facile de regarder dans le passé et de se rappeler qu’il n’y a pas si longtemps, un autre joueur des Knappen, capitaine de surcroît, ne s’était pas gêné pour rejoindre un autre club de Bundesliga.

De fait, il aurait été primordial de se rappeler aussi qu’à l’ouest de Herne, les histoires censées être les plus belles finissent souvent en tragédie, même si ce ne sont pas toujours pour les mêmes raisons. Là où Mesut Özil avait quitté le navire pour des raisons financières, Manuel Neuer a, lui, plié bagages pour la Bavière en invoquant le prestige inégalable du Bayern Munich. Julian Draxler s’est, lui, sauvé de son club de toujours pour une raison encore différente. Selon son propre aveu, il ne supportait tout simplement plus la pression folle qu’exerçaient les supporters de Schalke sur lui : « J’ai été convaincu que je n’avais pas à supporter la pression et l’attente qui était présente à Schalke 04. Même après six mois de blessure, j’avais le sentiment que je devais décider de l’issue des matchs à moi tout seul. » Et convaincu, Draxler l’aura été le 31 août dernier, dans les derniers instants du mercato, par le VfL Wolfsburg. La réponse des supporters de Schalke sur les réseaux sociaux fut des plus cinglantes. La folie « Julian Draxler bis 2018 » semblait, à ce moment précis, un souvenir bien lointain.

Wolfsburg plutôt que l’Italie

Et si le départ de Draxler pour Wolfsburg dérange, c’est en partie car il aurait pu être évité. Courtisé par la Juventus pendant une bonne partie de l’été, le champion du monde aurait dû choisir de partir pour l’étranger plutôt que de renforcer un concurrent direct de Schalke. « Je ne voulais pas sauter d’étapes. Je voulais rester en Allemagne pour progresser » , a justifié Julian Draxler lors de sa présentation à Wolfsburg. Ces dernières saisons, Julian Draxler a connu pas mal de galères. L’an passé, il n’a joué que 19 matchs toutes compétitions confondues. Ses statistiques sur cette période n’ont pas été à la hauteur des espérances – et surtout pas des siennes – (2 buts et 2 passes décisives), la faute à des blessures à répétition. Et si certains joueurs arrivent à être décisifs entre deux blessures, comme par exemple Arjen Robben ou Klaas-Jan Huntelaar, Julian Draxler ne fait pas partie de cette catégorie-là. Après chaque pépin physique, quelques matchs lui sont nécessaires pour retrouver son football.

Or, depuis sa très belle saison 2012/2013, il n’a quasiment pas pu enchaîner les matchs. De fait, sa progression n’a pas vraiment été celle que les observateurs et surtout lui-même attendaient. En signant à Wolfsburg, Draxler rejoint un effectif qui, même privé de Kevin De Bruyne, reste très compétitif. À l’ombre de certains, il pourra petit à petit retrouver son niveau et pourquoi pas franchir un palier. Avec l’Euro 2016 et surtout la Coupe du monde 2018 en ligne de mire, Draxler a besoin de retrouver du temps de jeu et d’être dans un environnement stable, lui qui ne supporte qu’à très petites doses l’attention médiatique. Pour ce faire, Wolfsburg semble un bon endroit. La pression y est inexistante, et Dieter Hecking est connu pour être très à l’écoute de ses joueurs. Hecking qui vient de Castrop-Rauxel, dans la Ruhr, et qui donc sait comment prendre un Draxler né à Gladbeck. Tout semble réuni pour que le milieu offensif devienne enfin le joueur que l’Allemagne attend.

La facilité plutôt que la prise de risque

Le choix de Julian Draxler est donc logique, mais dénote aussi une certaine frilosité. À 22 ans, Julian Draxler n’est plus un espoir, et Wolfsburg ne fait pas vraiment partie du gratin européen. On pourrait même avancer que Schalke est un club largement plus respecté que le VfL. En allant à la Juve, il aurait certes dû jouer des coudes pour s’imposer, mais il aurait aussi grandi plus vite. Comme beaucoup de joueurs allemands, il choisit la sécurité plutôt que l’ambition. Il n’y a rien de fondamentalement mal à ça. Encore faut-il que cela soit fait pour les bonnes raisons. Ces 3-4 dernières années, seul Toni Kroos a fait le choix de l’étranger. Son défi de s’imposer au Real Madrid n’était pas gagné, mais au final, il l’a relevé haut la main. Peu sont inspirés de faire la même chose. Marco Reus, Mats Hummels, et même Mario Götze, pourtant en difficulté au Bayern, ont choisi de rester en Allemagne. Par amour certes, mais aussi par confort. Une fois que Draxler aura fait le tour de Wolfsburg, c’est-à-dire dans deux saisons environ, où pourra-t-il aller s’il n’a pas envie de quitter l’Allemagne ? Seul le Bayern Munich présenterait pour lui une progression. Et s’il ne veut pas s’y rendre, il devra bien se faire violence. La patience est une vertu, mais à lui de ne pas trop prendre son temps. Sous peine de se perdre en chemin.

Par Sophie Serbini

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