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Rafael, artiste contrarié

Par Mathieu Faure
4 minutes
Rafael, artiste contrarié

Le latéral droit brésilien de Manchester United est une énigme. À 24 ans, le numéro 2 des Red Devils entame sa septième saison dans le Nord de l'Angleterre, mais personne n'est capable de mettre le curseur sur son réel niveau. Embêtant.

« Tout prend du temps. C’est une philosophie différente. Si l’on comprend la façon dont on joue tel que nous le faisons actuellement, alors les résultats viennent et tout commence à aller parfaitement, nous avons certainement une chance de gagner le titre. » Avant le début de la saison, Rafael Da Silva était très confiant dans les colonnes du Manchester Evening News. Avant de se lancer à l’assaut de City dans le derby de Manchester, les Red Devils affichent treize points de retard sur le leader Chelsea. Couvé par Sir Alex Ferguson pendant un quinquennat, le Brésilien avait emprunté le chemin collectif déficient tracé par David Moyes. Une saison blanche et sèche, quoi. L’arrivée du Batave Louis van Gaal – tacticien réputé – devait permettre au Brésilien de reprendre sa carrière en main et de démontrer aux sceptiques que sa saison 2012/2013 n’était pas une anomalie, mais plutôt une norme. Car, et il faut l’avouer, depuis sa superbe saison ponctuée par un titre de champion d’Angleterre, le petit latéral droit est à la peine. En souffrance. En souffrance avec son corps – son talon d’Achille – mais aussi avec son jeu. Quand on aime Rafael, il faut apprécier les montagnes russes. Cette saison, le garçon a alterné entre les matchs de qualité (West Ham) et les trous noirs (Leicester, Chelsea). Et puis il y a eu cette folie contre West Brom. Alors qu’il est pris dans son dos par Saido Berahino qui part seul au but, le Brésilien tente un geste défensif unique en son genre : le cri. Sur un malentendu, ça peut déconcentrer le jeune attaquant anglais. Bon, cette fois, ça n’a pas marché. Dire qu’il était présenté comme le digne successeur de Gary Neville lors de son arrivée en 2008…

Le style brésilien, l’esprit anglais

Pourtant, son CV était très prometteur. Repéré dans un tournoi de jeunes à Hongkong par Les Kershaw, ancien directeur de l’Academy, alors qu’il jouait à Fluminense, il impressionne les recruteurs sur place. On y entraperçoit un subtil mix entre Daniel Alves et Maicon. Un jeune joueur qui va à 10 000 et qui adore le duel avec une maturité impressionnante pour son âge. Au vrai, le latéral droit possède la technique brésilienne et le fighting spirit anglais. Parfait pour MUFC. Et histoire de ne pas déraciner trop tôt le garçon, United décide également d’embaucher son frère jumeau Fábio, lui aussi latéral (l’histoire veut que MU ait pris le couple alors que seul Fábio intéressait les Red Devils). Les deux garçons ont donc 18 ans quand ils découvrent MUFC. Très vite titulaire sur la droite de la défense suite au déclin physique de Gary Neville, Rafael est censé prendre la relève de l’ancien capitaine. Il est beau, jeune, dynamique et capable de folies incroyables balle au pied. Son inconstance s’explique d’abord par son jeune âge, avant de devenir chronique et inexcusable. Et son retard tactique reste toujours rédhibitoire au plus haut niveau. Comme lors de ce quart de finale retour de la Ligue des champions 2010 face au Bayern Munich, où son carton rouge va plomber le match de ses potes. Avec Van Gaal – qui souhaitait s’en débarrasser lors de son arrivée cet été – Rafael doit cravacher. Sa chance ? L’absence de concurrence à son poste cette saison (Smalling peut dépanner, Valencia aussi, mais aucun des deux n’est latéral de formation). Surtout que le coach à la dégaine de pélican est intransigeant avec ses joueurs, idéal pour franchir un palier. Ou s’écraser. « Louis van Gaal est un entraîneur au fort caractère, a poursuivi le joueur dans les médias anglais. Il admire tout ce qui est bien exécuté. Il demande à tout le monde d’être à l’heure pour les séances, nous n’avons pas le droit de nous présenter en retard aux entraînements. Il aime nous voir nous entraîner durement. Avec lui, il y a quelques différences, particulièrement en terme de philosophie donc nous devons être capables de nous y adapter. Néanmoins, tout ceci doit être la bonne méthode vu tous les titres qu’il a remportés. » Si le coach s’aventure visiblement sur une saison sans titre pour les Red Devils, nul doute que rater une nouvelle fois le wagon de la C1 ne serait pas une bonne nouvelle pour le numéro 2 mancunien. C’est plus qu’un derby qu’il va jouer, cet après-midi, finalement. C’est une partie de son avenir.

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