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Pourquoi la Lazio est-elle moins performante en C3 qu’en Serie A ?

Par Éric Maggiori
5 minutes
Pourquoi la Lazio est-elle moins performante en C3 qu’en Serie A ?

Adversaire de l'OM ce jeudi soir au Vélodrome, la Lazio semble en difficulté dans cette campagne de Ligue Europa. Mais ce n'est pas une nouveauté : depuis des années et des années, le manque de profondeur du banc oblige les entraîneurs se succédant sur le banc à « sacrifier » les joutes européennes du jeudi soir.

À Rome, c’est l’un des sujets de raillerie préférés des supporters. Pendant que les tifosi de la Roma se moquent de la Lazio pour ses onze années passées en Serie B (la majeure partie lors des années 1980), ceux de la Lazio se vantent d’être le seul club de Rome à avoir remporté une Coupe d’Europe. La Lazio a en effet soulevé la dernière Coupe des coupes (C2), en 1999, enchaînant quelques mois plus tard sur une Supercoupe d’Europe remportée avec brio face à Manchester United*. Pourtant, depuis ce double succès, les Biancocelesti sont loin de briller en Coupe d’Europe. S’ils sont devenus des habitués des joutes européennes, avec 14 participations sur les 20 dernières saisons, ils n’y brillent que rarement. Les statistiques sont implacables. Sur ces 14 participations, les Laziali ont atteint une fois le dernier carré de la Coupe UEFA (en 2003), deux fois les quarts de finale de la Ligue Europa (2013, 2018) et c’est à peu près tout. L’an dernier, avec Simone Inzaghi, la Lazio a atteint les huitièmes de finale de la Ligue des champions (défaite face au Bayern, 2-6 sur l’ensemble des deux matchs), une première depuis… 2001. C’est dire.

Jouer tous les trois jours et performer, l’équation impossible

Le problème s’est installé au fur et à mesure des années. Mais il est surtout devenu flagrant lors de la dernière décennie : pour le dire grossièrement, la Lazio semble ne rien en avoir à carrer de la Ligue Europa. Qu’il s’agisse d’Edy Reja, de Vladimir Petković, de Stefano Pioli ou de Simone Inzaghi, tous ceux qui se sont assis sur le banc laziale lors des dix dernières années ont dû faire le même constat : cette équipe n’arrive pas à jouer sur trois tableaux. En effet, la Lazio brille régulièrement en Coupe d’Italie (deux trophées gagnés en 2013 et 2019, deux finales perdues en 2015 et 2017), se place toujours bien en championnat, mais n’a pas les cannes pour assurer également en Coupe d’Europe, et plus particulièrement en Ligue Europa. Le souci principal, et ce, depuis l’arrivée du président Lotito en 2004, c’est le manque de profondeur de banc. Si l’équipe type de la Lazio est capable de « battre n’importe qui », selon les dires même de son patron, son banc, lui, est à l’inverse capable de perdre contre n’importe qui.

Lors des campagnes européennes récentes, la Lazio du jeudi soir semble être une cousine éloignée de celle admirée et parfois admirable en championnat. À son palmarès, des défaites contre le Levski Sofia, Ludogorets, le Sparta Prague, Zulte Waregem, le Steaua Bucarest, Francfort, l’Apollon Limassol, Cluj, le Stade rennais ou encore le Celtic… Bref, on est loin de l’équipe qui, le week-end, est régulièrement capable de s’offrir les scalps de la Juve, de l’Inter ou de la Roma. Et pour cause, les entraîneurs successifs ont tous tenté les mêmes méthodes : soit aligner les meilleurs, tout le temps, soit pratiquer un turnover permettant aux titulaires de se reposer la semaine. Dans les deux cas, ça n’a pas fonctionné. Si les meilleurs jouent tous les trois jours, ils sont cramés au bout d’un mois. Et si les remplaçants jouent en Ligue Europa, ils ne permettent pas d’assurer un rendement nécessaire pour aller loin dans cette compétition. Du coup, même résignation pour tous : finir par sacrifier la Ligue Europa.

De Salzbourg à Sarri

Le problème, c’est qu’au bout d’un moment, les supporters n’adhèrent plus. Si l’équipe elle-même ne semble pas motivée par un objectif, alors comment des supporters pourraient-ils y croire ? La moyenne de spectateurs en C3 est à l’image des ambitions romaines dans cette compétition… 8400 en 2013-2014, 11 000 en 2015-2016, 16 100 en 2018-2019, 15 600 en 2019-2020… Dans un stade de 80 000 places, ça sonne creux. Seule l’édition 2017-2018 avait réussi à rameuter du monde : une moyenne de 24 600 tifosi, et un parcours interrompu en quarts de finale face à Salzbourg. Cette saison-là, les Romains avaient probablement les cartes en main pour aller au bout. Après avoir battu Salzbourg 4-2 en quarts de finale aller, ils avaient ouvert le score en début de seconde période au retour en Autriche. Et puis, le black-out. Les hommes d’Inzaghi ont éteint la lumière, de manière incompréhensible, ont encaissé 4 buts et sont rentrés à la maison avec un sacré mal de crâne.

Cette saison, la Lazio compte pourtant sur son banc un récent vainqueur de la Ligue Europa. Maurizio Sarri l’a en effet gagnée avec Chelsea en 2019, en torpillant en finale l’Arsenal d’Unai Emery, le recordman de victoires en C3 (4 breloques). À son arrivée, Sarri a assuré qu’il jouerait la Ligue Europa à fond. Sauf qu’il s’est vite rendu compte des problèmes d’effectif, et a compris qu’il serait difficile de sortir de la poule en alignant les seconds couteaux. Il a donc aligné pratiquement tous ses titulaires le jeudi, à l’exception de quelques changements, et en a payé le prix en championnat. C’est simple, à chaque fois qu’elle a joué le jeudi soir, la Lazio a été incapable de s’imposer le dimanche qui suit : un nul 2-2 à domicile contre Cagliari (actuelle lanterne rouge de Serie A), puis deux raclées encaissées à Bologne (3-0) et à Vérone (4-1). Preuves, s’il en fallait encore, que l’effectif est trop court pour être performant tous les trois jours. Face à Marseille, ce jeudi soir, Sarri s’est donc fait une raison : Ciro Immobile, Sergej Milinković-Savić et Lucas Leiva, les tauliers de l’équipe, devraient débuter sur le banc. À l’OM de saisir sa chance.

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Par Éric Maggiori

* En 1961, la Roma a remporté la Coupe des villes de foires, compétition disputée entre 1955 et 1971, mais celle-ci n’a jamais été reconnue par l’UEFA.

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