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Pourquoi ils croient encore en Gourcuff…

Propos recueillis par Nicolas Jucha
6 minutes
Pourquoi ils croient encore en Gourcuff…

Présenté comme le futur joyau du foot français en 2009, Yoann Gourcuff ne s'est jamais vraiment remis du Mondial 2010. Pourtant, beaucoup de ceux qui l'ont côtoyé, que ce soit à Rennes, Lyon ou ailleurs, continuent de croire en lui. Plaidoyer.

« Lors d’un match en U16, son latéral dédouble dans son dos et l’appelle. Il sort une talonnade qui est interceptée par le défenseur. Je me lève pour le réprimander et lui demander de jouer plus simple, mais avant que je ne puisse parler, je l’entends dire à son coéquipier qui avait fait l’appel : « La prochaine fois ne m’appelle pas, je t’avais vu, si tu n’avais pas parlé, le défenseur n’aurait jamais anticipé ! » Un joueur de 16 ans qui a cette vision-là, vous pouvez lui dire quoi ?… » Aujourd’hui entraîneur adjoint au Havre, Philippe Bizeul fait partie des techniciens qui se sont occupés de Yoann Gourcuff au Stade rennais. Comme beaucoup sur place, il garde un souvenir particulier du joueur : « Sa philosophie de jeu, c’était la passe pour déséquilibrer le bloc adverse. Il lui arrivait de trouver des passes et faire des choses que la plupart des gens peinait à voir sur le bord du terrain, et là je parle d’experts, pas de simples spectateurs. En 20 ans d’entraînements que j’ai gérés, il fait partie des plus talentueux que j’ai eus. Gourcuff, personne ne peut se targuer de l’avoir formé, on l’a juste aidé à progresser… » Le propos est dithyrambique, mais pas isolé. Car avant de devenir une promesse non tenue à cause des blessures à répétition, le meneur de jeu lyonnais a souvent fait l’unanimité.

« Avec Gourcuff sur toute une saison, le club joue le titre » Aly Cissokho, ancien partenaire à Lyon

« Il y avait des joueurs plus forts que lui en un contre un, plus rapides à la course ou en exécution technique, mais aucun ne savait allier efficacité et beauté gestuelle comme lui » , se souvient Simon Pouplin. L’actuel gardien remplaçant de Nice a remporté la Gambardella 2003 avec Gourcuff, surclassé, mais leader technique de l’équipe rennaise. Un passé commun qui ne laisse pas insensible le portier plus de dix ans après : « Je ne me permettrai jamais de dire qu’il devait faire mieux dans sa carrière, je suis tout simplement fan de ce joueur. J’aimerais le voir titulaire dans l’un des plus gros clubs du monde. » Comme Pouplin, beaucoup d’anciens partenaires du Breton sont encore aujourd’hui émerveillés par le talent du joueur. Surclassé aussi en 2006, pour l’Euro espoirs, Gourcuff impressionnait déjà Julien Faubert : « Il savait voir avant de recevoir. Parfois, on le croyait en difficulté, et sur une prise de balle, il s’en sortait. Dès qu’il se retournait, on savait qu’on allait recevoir un ballon dans de bonnes conditions… » Quatre ans plus tard, à Lyon, Yoann Gourcuff a beau être dans le dur, avoir du mal à enchaîner les matchs et à être régulier, il n’en fait pas moins bonne impression auprès d’Aly Cissokho. « J’ai évolué avec pas mal de grands joueurs, je peux vous dire qu’il n’y en a pas beaucoup des comme lui. Sur le terrain, il fait des différences, il crée des espaces rien que par ses déplacements » , se souvient le latéral d’Aston Villa, pour qui le meneur de jeu aurait pu accomplir de grandes choses sans blessures, car « avec Gourcuff sur une saison complète, les autres joueurs prennent beaucoup de plaisir, et, surtout, le club joue le titre… »

« Tous les joueurs n’aiment pas autant le football que Yoann » Pierre Dréossi, ancien directeur sportif à Rennes

Joueur de talent parfois décrit comme en marge du groupe à Lyon, Yoann Gourcuff n’a pas forcément laissé le souvenir d’un solitaire à tous ses anciens coéquipiers. Cissokho : « Il est timide, ce n’est pas un leader de vestiaire, mais quand il avait un truc à dire, quand quelque chose ne lui plaisait pas, il savait prendre la parole. » Pour son ancien formateur Philippe Bizeul, le milieu offensif est surtout un homme qui pense collectif et « n’aime pas se mettre en avant, mais à une bonne relation aux autres en comité restreint » . Pas le genre à ambiancer une soirée donc, mais sans forcément refuser d’y prendre part. Pour ceux qui l’ont connu, Gourcuff reste avant tout un énorme travailleur, « le genre à arriver à l’entraînement avant tout le monde et à repartir en dernier » dixit Julien Faubert, et un pur passionné. Pierre Dréossi, ancien directeur sportif à Rennes, se rappelle : « Il aime vraiment le foot. Cela peut paraître anodin de dire cela, mais tous les footballeurs pro n’aiment pas le foot, en tout cas pas autant que Yoann peut l’aimer. »

D’où une certaine incompréhension de ses anciens partenaires face aux critiques sur son hygiène de vie, notamment celle de Paolo Maldini à propos de son passage à Milan. Pour Dréossi, « Yoann est parti trop jeune à Milan, avec un statut encore à faire, et sans expérience. Dans un vestiaire très stable et expérimenté, il n’avait pas le sens politique, la capacité d’adaptation qui aurait pu lui permettre de s’intégrer. » Sa renaissance à Bordeaux, sous les ordres de Laurent Blanc, reste la question que beaucoup d’observateurs aimeraient résoudre, afin pourquoi pas de voir le joueur revenir enfin à son meilleur niveau sur la durée. Pour Aly Cissokho, la réponse tient à de la gestion humaine : « À Lyon par exemple, Claude Puel avait toujours un discours porté sur le collectif, quand Laurent Blanc est beaucoup plus communicatif et sait mettre les joueurs mentalement dans les meilleurs conditions. Et avec Jean-Louis Gasset, qui le complète à merveille, il a un bras droit qui parle individuellement à chaque joueur pour les mobiliser. Pour Yoann, c’est le fonctionnement de Laurent Blanc qui correspond le plus à ses besoins… »

Yoann Gourcuff, futur grand entraîneur ?

Aujourd’hui, Gourcuff n’a pas encore retrouvé sa superbe de l’époque bordelaise, la faute à un physique trop fragile. Mais pour Philippe Bizeul, il n’est pas trop tard, dans un contexte lui convenant, le meneur de jeu pourrait revenir : « L’idéal pour lui, c’est soit d’arriver dans une grosse équipe avec un projet de jeu élaboré et des joueurs aussi intelligents, un club comme le Barça, où en plus il ne serait pas au centre des attentions, soit d’être comme à Bordeaux, en totale confiance avec son coach et dépositaire du jeu. Dans la plénitude de ses moyens et avec les clés du jeu, lui fait tout le reste. » Pour Guillaume Borne, ancien pensionnaire du centre de formation à Rennes et qui se souvient de Gourcuff comme de l’exemple à suivre, les éclats du joueur lors de ses rares apparitions parlent d’elles-mêmes : « On dit qu’il est tout le temps blessé ? Ok, mais à chaque fois qu’il a joué, il a marqué ou fait marquer. Le gars joue seulement 7 matchs, mais en profite pour mettre 3 buts et 3 passes décisives. C’est un joueur exceptionnel. »

Un joueur exceptionnel que ses partisans estiment injustement et excessivement critiqué depuis 2010. « C’est un incompris, son tort a été de ne jamais répondre » , estime Faubert. Pour Pierre Dréossi, Yoann Gourcuff va devoir se sortir seul de la spirale des blessures pour redevenir le joueur qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être, mais aussi apprendre à rester à sa place, celle de joueur : « Il analyse beaucoup, même s’il n’est pas encore aussi pointu que son père. À mon avis, il analyse même trop, il devrait rester dans son rôle premier, celui de joueur, avec insouciance et plaisir. Quand il est bien, c’est un joueur magnifique. À l’entendre parler, parfois, on se dit qu’il se met presque dans la peau de l’entraîneur, mais il est encore trop tôt pour dire s’il pourra un jour entraîner. Par contre, c’est certain qu’il pourra amener des choses, car il réfléchit en permanence sur le jeu. Aujourd’hui, ce n’est pas un meneur d’hommes, mais il n’a pas encore fini d’évoluer. Et avec un adjoint complémentaire, cela pourrait peut-être donner un très bon coach. » À l’abri des blessures. Normalement.

Retrouvez un dossier complet sur Yo Gourcuff dans le SO FOOT # 123, actuellement en kiosque.

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Propos recueillis par Nicolas Jucha

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