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Piatti, l’artiste d’Almeria
Il voulait devenir vétérinaire. Au lieu de ça, Pablo Piatti a choisi le football et Almeria pour devenir l'une des plus belles promesses argentines. Zoom sur le parcours sado-maso du plus petit grand talent de la Liga.
Pablo Piatti n’est pas charismatique. C’est en tout cas ce que tout le monde pense en Argentine. Dans un pays qui aime les histoires conte de fées comme celle de Maradona, celle du petit provincial de Cordoba ne fait pas vraiment rêver. Trop timide et pas assez grande gueule, le feu-follet d’Almeria a un déficit de popularité immense dans son pays. Absent des rubriques people et faits divers, Piatti n’y met pas vraiment non plus du sien pour que ses compatriotes s’intéressent à lui. Pire, il s’en contrefout royalement : « Je n’ai pas les cheveux longs et je ne bois pas. Et alors ? Est-ce qu’il faut être une rock-star pour jouer au foot ? Je ne pense pas » . Comme Lionel Messi avant lui, Piatti ne deviendra surement jamais prophète en son pays. Pas assez fou. Pas assez grande gueule. Pas assez argentin tout simplement. C’est aussi sans doute pour cela que “El Corto” est en train de se faire un nom en Europe.
Né dans un petit bled paumé du centre du pays, La Carlota, Piatti n’a jamais connu la misère contrairement à la majorité des stars argentines actuelles. « J’ai eu une enfance de rêve. Mes parents n’étaient pas riches, mais nous avions des jouets et à manger tous les soirs, même si les gens pensent que ce n’est pas le cas à cause de ma petite taille » . C’est à l’âge de 5 ans que le petit génie commence à taper dans un ballon sous les couleurs du club du village. Rapidement, les fermiers du coin lui donnent le même surnom que le double Ballon d’Or catalan : “la Pulga”… C’est lors d’un tournoi de jeunes organisé à Cordoba que Piatti va définitivement taper dans l’œil des recruteurs d’Estudiantes La Plata. Il a alors 14 ans et pas vraiment envie de découvrir les joies des centres de formation. « Je ne voulais pas quitter mes parents, ni ma maison pour rejoindre la grande ville. A l’époque, j’adorais pêcher et chasser. J’étais comme un enfant sauvage qui ne pensait qu’à s’amuser » sourit aujourd’hui l’intéressé. Les recruteurs pincharratas finissent néanmoins par convaincre l’adolescent et ses parents de tenter l’expérience.
Une insistance qui porte ses fruits le 18 novembre 2006 lorsque Piatti, alors âgé de 16 ans à peine, fait ses grands débuts en première division en entrant à la 55ème minute de jeu. Estudiantes, qui lutte pour le titre, est alors mené à la marque par le club formateur de Tevez, All Boys. Piatti s’offre ce jour-là son premier kiff pro en marquant le deuxième but des Pincharratas. Celui de la victoire. Diego Simeone, son mentor de l’époque, ne se passera plus de ses services jusqu’à l’obtention tant espérée du Torneo Apertura. Si Veron est sacré meilleur joueur de la saison, l’actuel entraineur de Catane préfère pourtant dresser l’éloge de sa plus jeune pépite : « Piatti a tout pour devenir l’un des meilleurs joueurs du monde. C’est encore un enfant, mais il deviendra grand. Très grand même » .
En 2007, Piatti ajoute une seconde ligne à son palmarès en devenant champion du monde des moins de 20 ans avec une Argentine au sein de laquelle on retrouve également Agüero, Di Maria, Banega ou encore Zarate. A l’instar de ses coéquipiers, “El Corto” séduit et reçoit même une proposition ferme de la Juve, qu’il refuse pour un contrat de sept ans avec… Almeria. Un choix surprenant ? Pas tant que ça selon le joueur le plus cher de l’histoire des Rojiblancos : « La Juve est l’un des plus grands clubs du monde mais là-bas je n’aurais pas joué régulièrement. Un jeune comme moi a besoin de minutes pour se former. Almeria m’assurait du temps de jeu et une première expérience européenne sans trop pression. J’ai donc décidé de dire oui » . A l’été 2007, Piatti devient alors la deuxième bonne raison de s’intéresser à Almeria, ville essentiellement connue jusque-là pour avoir abrité les décors des westerns spaghetti.
Piatti, que l’on présentait comme un soliste, se met intelligemment au service du collectif d’Almeria. Bien accompagné par Negredo, Crusat ou Ortiz, l’Argentin clôt même sa première saison de Liga en ayant mis sacrément l’eau à la bouche à ses nouveaux socios. Il entre même dans l’histoire du championnat espagnol en devenant le plus petit joueur (1m62 !) à avoir marqué un but de la tête. Sa deuxième saison sera en revanche plus laborieuse. L’entraineur mexicain Hugo Sanchez s’entête à le brider sur le flanc gauche de l’attaque pour profiter de ses 35km/h de pointe de vitesse. Piatti va alors faire profil bas jusqu’à l’arrivée de Juanma Lillo sur le banc de touche. Le meilleur pote de Guardiola décide dès son arrivée de faire jouer son gaucher comme Messi au Barça : côté opposé pour pouvoir repiquer dans l’axe. C’est une réussite : « Je me suis tout de suite entendu avec Lillo. Contrairement à Hugo Sanchez, c’est un formateur. C’est ce que je recherchais en venant ici. Il m’a fait progresser comme personne et grâce à lui je sais maintenant où je suis le meilleur : derrière les attaquants » .
Aujourd’hui Lillo n’est plus là et Almeria est relégable. Malgré cela, le Gaucho ne s’est jamais montré autant à son aise sur les prés de la péninsule. Là où d’autres joueurs de son âge luttent pour des titres et des Ballons d’Or, Piatti semble, lui, s’épanouir pleinement dans les limbes du classement de la Liga : « Lutter pour le maintien, c’est gagner trois ou quatre ans d’expérience. J’ai seulement 21 ans. J’ai encore beaucoup d’années de football devant moi. Avec Almeria, je ne perds pas mon temps, au contraire, j’en gagne » . Un raisonnement plein de maturité pour un joueur en constante progression.
Depuis le début de l’année 2011, Piatti a ainsi foutu en rogne Mourinho en se débarrassant de trois défenseurs merengues avant d’aller servir son attaquant. Résultat des courses : Almeria a peut-être fait basculer le duel des deux cadors du championnat en faveur du Barça. Mieux, l’Argentin s’est offert un petit doublé contre Majorque, synonyme de qualification historique pour les demi-finales de la Coupe du Roi. Problème, Almeria affronte ce soir à nouveau un Barça qui lui a récemment mis une valise à domicile (0-8 !). Piatti était alors titulaire et avait pris un cours accéléré de football comme le reste de ses coéquipiers. Un apprentissage douloureux qui devrait néanmoins s’achever cet été. La Roma, Chelsea, Arsenal, Valence ou encore la Juve seraient sur les rangs pour l’enrôler. Et pour le coup, cette fois, il lui sera presque impossible de faire le difficile. Quoique…
Petite pépite de Piatti contre le Fc Séville
Demi-finale Coupe Du Roi
FC Barcelone – UD Almeria – 22H
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