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Olivier Galle : « J’ai mis 8-0 à Dembélé, depuis il ne veut plus jouer avec moi »

Propos recueillis par Emile Gillet
6 minutes
Olivier Galle : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J’ai mis 8-0 à Dembélé, depuis il ne veut plus jouer avec moi<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Ambassadeur Football Manager en France, Olivier Galle est un véritable gourou de la tactique. Friand de casse-têtes et de (très) longues parties, il offre son expérience à sa communauté qui n’a plus qu’à télécharger les stratégies gagnantes. Un peu comme si Johan Cruyff avait fait des tutos YouTube. Pour vous faire briller sur FM 2022, il explique en profondeur ses méthodes.

Dans une précédente interview donnée à So Foot, tu disais que ton but dans Football Manager était de développer de nouvelles tactiques régulièrement. Mais comment tu t’y prends ? C’est souvent dans des parties très avancées que j’ai compris comment le moteur du jeu fonctionnait pour trouver le bon équilibre, mettre les bons rôles, les bonnes consignes. Ça peut venir de plusieurs raisons, comme plusieurs joueurs que je veux aligner à tout prix. Pendant longtemps, j’avais une attaque à un ou à deux et je m’étais retrouvé à cinq attaquants de classe mondiale qui pouvaient tous avoir le Ballon d’or. Il fallait que je me démerde pour tous les avoir sur le terrain. Finalement, j’avais deux buteurs dans l’axe, deux plus en retrait sur les ailes et un dix en pointe basse. Il faut réussir à trouver les profils pour compenser derrière pour ne pas prendre plus de buts derrière et fournir les ballons aux attaquants aussi. Je fonctionne beaucoup par essai-erreur pour trouver mes tactiques, par combinaison de rôles.

Quand on t’écoute parler, on dirait que tu as le boulot d’un entraîneur…(Rires.) Franchement, ce n’est pas loin. Enfin seulement sur le pur aspect tactique, parce que pour tout le reste, c’est incomparable. Mais sur FM22, il y a plus de données pour tout analyser. Comme un graphique de domination de la rencontre par section de cinq minutes. Avoir un œil facilement là-dessus pour comprendre le pourquoi du comment, c’est beaucoup plus simple et ça se rapproche de ce qu’un entraîneur peut avoir sous la main. Et ça vient du fait que pas mal d’éléments dans le jeu naissent à la suite des entretiens qu’on a régulièrement avec des entraîneurs, des membres du staff qui nous disent comment ils travaillent.

Régulièrement, j’essaie des tactiques marrantes comme le WM de Johan Cruyff, mais ça reste farfelu.

Est-ce que tu as des inspirations issues d’entraîneurs ?Jusqu’à récemment, je n’en avais pas. La seule idée, c’était faire la tactique qui marche pour enfin casser la gueule de mon frère. (Rires.) Je m’en fichais du beau jeu. Avec le temps, j’ai développé mes tactiques sur mes propres idées de jeu, à savoir les gros scores au tableau d’affichage. Régulièrement, j’essaie des tactiques marrantes comme le WM de Johan Cruyff, mais ça reste farfelu. Sinon je me rapproche du 4-3-3 de Pep Guardiola quand je veux faire du tiki-taka. Mais j’abuse du fait que ce ne soit qu’un jeu. Je suis bien conscient du fait que si je deviens entraîneur un jour, je ne pourrai pas faire ça.

C’est donc le 4-3-3 ton schéma tactique favori ?Ce que j’ai beaucoup fait, c’est un 4-3-3 à plat où je demandais à mes deux latéraux de monter très haut et à mes deux milieux centraux excentrés d’aller aux poteaux de corner. Mais j’aime aussi beaucoup le 3-5-2, avec un dix et deux ailiers plutôt offensifs. Ce qui fait que mes défenseurs ont envie de se tuer. Mais pour compenser, j’ai deux milieux à tâche défensive et j’ai remis au goût du jour le libéro !

Prenons un match typique. Comment le prépares-tu ?Je n’ai pas vraiment de brief tactique parce que j’ai confiance en ma tactique et mes joueurs. C’est l’adversaire qui va s’adapter et subir mon jeu. Je laisse toujours les quinze premières minutes pour voir et j’adapte si besoin est au fil de la rencontre.

Mauvaise nouvelle, tu perds 0-2 à la mi-temps. Comment réagis-tu ?C’est la sauce. (Rires.) Ça dépend pourquoi on perd ! Si je domine outrageusement, mais que je n’ai pas de réussite, je ne change pas grand-chose parce que la situation peut se débloquer d’elle-même. À l’inverse, il faut arriver à identifier d’où vient le problème : l’entrejeu, le bloc trop étiré ou pas assez, le jeu trop court ou trop long… Dans d’autres cas de figure, je suis dominé sans comprendre pourquoi. Là, il faut faire des changements à tâtons, et ce n’est jamais bon.

Justement, est-ce que tu as en tête un coup tactique où tu as bien merdé ?J’avais un huitième de finale retour de Ligue des champions contre Liverpool où je ne vois pas le jour. Mais j’avais gagné l’aller 2-0. On tenait bon défensivement, et peu après la mi-temps, quand il y avait 0-1, je décide de mettre le bus, baisser d’un cran les latéraux, et là c’est le drame. Ils pouvaient poser leur jeu comme ils voulaient, ça a fini à 42 tirs à 5, 5-0.

À l’inverse, quel est le coup tactique qui t’a rendu le plus fier ?En 2017, je joue ma qualif’ pour les demi-finales de Ligue des champions contre le Real. À la 75e minute au retour, je dois marquer trois buts pour remonter. Je passe cinq ou dix minutes à faire mes modifications : un dernier remplacement, changement de dispositif et de consignes à l’instinct sur ce que j’avais vu. On égalise in extremis, et en prolongation, je leur en mets trois ou quatre de plus pour gagner 7-1 ! Quand on arrive à retourner le match sur le coup, c’est le plus plaisant.

Tu as joué des parties contre Antoine Griezmann et Ousmane Dembélé. Est-ce que tu les conseilles tactiquement ?Parfois, ils me parlent pour développer leur tactique dans le jeu parce qu’ils n’ont pas trop le temps, et je leur dis comment je m’y prendrais. Mais la dernière fois qu’on a joué, j’ai mis 8-0 à Dembélé, et depuis, il ne veut plus jouer avec moi. (Rires.) Il n’arrivait pas à trouver son équilibre tactique, alors il a mis tout le monde derrière. Son joueur le plus haut était son milieu central, c’était imbuvable. Mais moi, j’avais une tactique très forte pour créer des espaces, donc c’était du pain béni !

Les bons joueurs de Football Manager se rapprochent vraiment de ce qu’on peut demander aux analystes dans un staff moderne.

Tu disais avoir trouvé la solution pour faire jouer cinq attaquants de classe mondiale. Est-ce que tu as un conseil pour Mauricio Pochettino, qui galère au PSG ?J’avais la chance d’avoir des joueurs avec de fortes notes en jeu collectif, en travail et en activité. Donc même si j’avais cinq attaquants, ils revenaient défendre, ce qui n’est pas dans l’habitude de Mbappé, Neymar et Messi. Ce n’est pas naturel pour eux, donc le peu de fois où ils le font, ce n’est pas très efficace. Plutôt qu’un conseil, c’est un constat : Paris doit créer avec deux ou trois joueurs en moins depuis la défense. Tous les entraîneurs aimeraient avoir ce choix, mais c’est difficile de tirer le meilleur de trois joueurs comme ça. Encore plus avec des latéraux comme Mendes et Hakimi qui se projettent, ça demande des efforts colossaux aux défenseurs.

On voit de plus en plus de joueurs de Football Manager devenir analyste. Penses-tu qu’à terme, ils pourraient occuper un rôle dans la tactique d’un club professionnel ? Les bons joueurs de Football Manager se rapprochent vraiment de ce qu’on peut demander aux analystes dans un staff moderne. Et même si certains directeurs sportifs ou entraîneurs jouaient à FM, à côté, ils ont tous leurs diplômes. L’anecdote est marrante, mais ce n’est pas grâce à FM qu’ils en sont là. Même si avec tout ce qu’on a dans le jeu, ça devient de plus en plus réel.

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