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Mounié : « Huddersfield, c’est un pari personnel »

Propos recueillis par Maxime Brigand
8 minutes
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Arrivé en Premier League cet été, Steve Mounié a ouvert son compteur par un doublé samedi dernier lors de la victoire d'Huddersfield face à Crystal Palace (3-0). S'il avoue ne pas lire la presse, l'ancien buteur de Montpellier a bien compris que sa signature chez le promu avait suscité quelques interrogations. Entretien.

Pourquoi rêve-t-on de rejoindre la Premier League ?En fait, c’est un objectif que je m’étais fixé depuis le départ. Parfois, il y a des objectifs que l’on se fixe et qu’on ne pense pas pouvoir atteindre, mais au fil de ma carrière, j’ai vu que j’en étais capable. Finalement, ça s’est donc concrétisé cet été et me voilà en Premier League. J’en suis le plus heureux.

Qu’est-ce qui t’attirait particulièrement dans ce championnat ? À l’heure actuelle, c’est le meilleur championnat du monde : il est diffusé dans plus de cent pays, des milliards de personnes regardent la Premier League donc en matière de diffusion, c’est le top. Qualitativement, c’est pareil, il n’y a que des bons footballeurs et quand tu es compétiteur, tu as envie de te confronter aux meilleurs, c’est normal. Venir ici, pour moi, revenait à devenir un meilleur joueur.

Comment t’es tu retrouvé à Huddersfield ?J’ai appris l’intérêt d’Huddersfield quand j’étais en sélection nationale, avec le Bénin. Tout a ensuite été très vite, j’ai été touché par leur discours, le système de jeu que m’a présenté le coach, la philosophie de l’équipe et j’avais aussi envie de retrouver un club similaire, dans la mentalité, à ce que j’avais à Montpellier. Rapidement, je me suis dit que, pour faire ses débuts en Angleterre, il n’y avait pas mieux que ce club là. Je sais que je vais bosser, qu’on va me faire progresser, mais c’est aussi un pari personnel parce que je pense qu’à l’heure actuelle, tout le monde nous voit descendre en fin de saison. J’aime bien relever les challenges, comme j’ai pu le faire avec Nîmes (il a été prêté à Nîmes lors de la saison 2015-2016 alors que le club avait une pénalité de huit points en début de saison, ndlr). Changer de pays en était un aussi, pour découvrir de nouvelles choses.

Avant cet appel, qu’est-ce que tu connaissais d’Huddersfield ?Honnêtement, rien du tout. Je n’en avais jamais entendu parler. Après, j’ai commencé à m’intéresser à l’histoire du club et j’ai découvert qu’il avait remporté le championnat d’Angleterre trois fois de suite (en 1924, 1925, 1926, ndlr). Une fois sur place, j’ai rapidement compris qu’Huddersfield était un club historique, que tout le monde avait du respect pour son histoire. Si en France la majorité des gens n’arrive certainement pas à prononcer le nom, en Angleterre, c’est autre chose (rires).

Quand David Wagner m’a expliqué la façon de jouer de l’équipe, la façon dont il souhaitait m’intégrer dans son système, je me suis dit que ça allait marcher et que j’allais me battre pour ce coach. C’est quelqu’un qui donne envie qu’on s’arrache pour lui.

Quels souvenirs gardes-tu de tes premiers jours sur place ?Je ne vais pas te cacher qu’au début, je n’ai pas eu la chance d’avoir du beau temps. Mais là, on discute et il y a un grand ciel bleu, je suis en T-shirt, c’est magnifique. La température est raisonnable, ce n’est pas encore choquant, mais on verra en hiver. Sinon, mon adaptation a été assez rapide parce que j’avais déjà des petites bases en anglais, pas de souci pour rouler à gauche non plus…

Justement, David Wagner, ton entraîneur à Huddersfield, a souligné la qualité de ton anglais à ton arrivée et a même expliqué que ça avait été décisif pour te recruter. C’est un coach reconnu partout en Angleterre aujourd’hui pour ce qu’il a fait avec le club. Qu’est-ce que tu retiens de cette rencontre ?Son discours m’a tout de suite parlé, surtout que c’est quelqu’un qui accorde une grande confiance aux jeunes joueurs. Quand il m’a expliqué la façon de jouer de l’équipe, la façon dont il souhaitait m’intégrer dans son système, je me suis dit que ça allait marcher et que j’allais me battre pour ce coach. C’est quelqu’un qui donne envie qu’on s’arrache pour lui.

L’an passé, Wagner avait décidé d’emmener le groupe sur une île en Suède, pour muscler sa préparation. Tu n’as pas eu cette chance toi ?Je n’étais même pas au courant, mais cette année, c’est resté plus classique. Ce qui m’a changé surtout, c’est qu’on a énormément travaillé avec ballon, même en préparation, ce qui est rare. Bon, après, on n’a pas eu beaucoup de jours de repos, mais c’est normal, c’est la prépa donc on avait deux entraînements par jour, ça rigolait pas. On est footballeurs, on est payés pour ça.

Il y a des joueurs qui t’ont impressionné déjà ?Oui, bien sûr, surtout Philip Billing, un grand milieu danois qui est très impressionnant. Déjà, il fait deux têtes de plus que tout le monde donc il est balèze et techniquement, il est très fort. Pour être franc, je suis arrivé là et je n’ai vu que des bons joueurs. Tu en as quelques-uns qui sont un peu au-dessus, mais tu n’as surtout pas un gars à propos de qui tu vas te dire : « ah ouais, celui-là il est un peu en dessous » .

Tu te souviens de l’avant-match à Selhurst Park samedi dernier ?Déjà, il n’y avait pas besoin de nous motiver. C’est le premier match de la saison, le premier match de Premier League pour certains, on attendait ça depuis le début de la préparation. D’autres attendaient même ça depuis la fin de la saison dernière. Finalement, on est arrivés sur le terrain, on s’est battus comme des chiens et on a réussi à ramener la victoire (3-0). Moi, j’ai préparé ce match comme les autres, c’est un match de football, qu’on soit en Angleterre ou ailleurs : le terrain, c’est le même, le ballon aussi et les mecs en face ont deux bras, deux jambes… Je ne vais pas faire des choses différentes parce que je suis en Angleterre, en Chine ou je ne sais où.

Marquer un doublé dès son premier match, c’est déjà différent.Oui, surtout que c’est la première fois de ma carrière que je marque un doublé dès mon premier match. Forcément, j’étais plutôt content de ma performance, mais, au-delà de ça, la performance collective du groupe a été très belle, c’est le plus important. Les supporters attendaient ça depuis 45 ans donc gagner 3-0 d’entrée à Crystal Palace, c’est assez exceptionnel.

Après la rencontre, tu as parlé de ton idole Didier Drogba à la presse. Tu t’en inspires ?Pour moi, c’est un exemple à suivre, notamment sa carrière. Tous les Africains le prennent en référence. C’est important d’avoir des exemples comme ça, pour s’en inspirer ou pouvoir même faire mieux si possible. Je pense que tous les joueurs regardent des vidéos de Ronaldinho ou d’autres pour travailler. Moi, c’est Didier Drogba, comme je peux regarder des vidéos d’autres attaquants. Il faut toujours s’inspirer des meilleurs attaquants si on a la volonté d’en faire partie. Il n’y a pas de secret.

Plusieurs joueurs français se sont perdus en allant à Londres, c’est aussi pour ça que tu as choisi Huddersfield ?Tu sais, je suis quelqu’un d’assez discret et calme donc je ne suis pas le genre à sortir tout le temps. Je suis plutôt casanier, je vais à l’entraînement, je me repose… Pour se relâcher, il y a les vacances. Pendant la saison, que je sois à Paris ou à Londres, je ne vais pas faire de trucs bizarres. Mon choix n’a été que sportif.

Il faut toujours s’inspirer des meilleurs attaquants si on a envie d’en faire partie. Moi, c’est Didier Drogba.

Quitter Montpellier a été compliqué ?Au début, j’ai eu un peu de mal oui, surtout que ma copine est restée à Montpellier. Je ne peux pas cacher que ça a été difficile de laisser tout ça derrière moi surtout que j’ai grandi dans le sud. J’y ai passé dix-huit ans de ma vie donc décider de partir au fin fond de l’Angleterre alors que tu as toujours vécu dans le sud de la France, ça peut faire peur. J’ai eu cette crainte, mais aujourd’hui, même quand j’ai quelques jours de repos, je n’ai pas forcément envie de rentrer.

Petit, tu blaguais avec tes potes sur le fait de représenter un jour le Bénin. Aujourd’hui, tu comptes sept sélections, tu as même déjà marqué. Comment ça se passe ?Si tu veux, l’équipe nationale a commencé à m’appeler quand j’étais en 19 ans nationaux. Pour moi, c’était un peu tôt, mais quand je me suis senti prêt, j’y suis allé. Il n’y a rien de plus beau que jouer pour son pays, que rendre fière sa famille. Mes parents sont rentrés au pays aujourd’hui donc c’est encore plus fort. Tu vois, quand on dit qu’un joueur béninois a signé en Premier League pour tant d’argent, ça me rend fier parce qu’on parle aussi du Bénin grâce à moi. On reste un petit pays qui essaye de se développer donc chaque détail comme un transfert en Angleterre est positif.

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Propos recueillis par Maxime Brigand

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