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Loris Arnaud : « J’aurais pu avoir une meilleure carrière »

Propos recueillis par Andrea Chazy
12 minutes
Loris Arnaud : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J’aurais pu avoir une meilleure carrière<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

De retour en France à Versailles (N2), Loris Arnaud (33 ans) vient s’offrir l’un des derniers challenges de sa carrière à la maison, dans les Yvelines, « dans un club sain avec un projet stable ». L’occasion pour le Titi parisien de revenir sur ses années PSG, les approches du Real Madrid ou encore la suite de sa carrière en Asie qui l’a emmené au Vietnam puis en Indonésie.

Tu as quitté le PSG en 2012, après treize ans passés au club. Quels souvenirs gardes-tu de ta période parisienne, aujourd’hui ?Je me rappelle encore quand, à douze ans, je suis parti de chez mes parents pour aller à Verneuil-sur-Seine au centre de formation. Les « années centre » , ce sont les meilleures. Lorsqu’on était puni, on allait courir à six heures du matin avant d’aller à l’école. Sur le coup, tu ne rigoles pas trop. Mais aujourd’hui, avec le recul, ce sont de beaux souvenirs.

C’était ma première année en pro, et j’ai gagné mon premier trophée avec la Coupe de la Ligue, j’ai aussi disputé une finale de Coupe de France… Sauf qu’en championnat, c’était la galère.

Tu signes professionnel au PSG à l’été 2007, à l’orée d’une saison difficile pour le club…(Il coupe.) C’est même la pire, ou l’une des pires ! (Rires.) Elle est paradoxale, car, à titre personnel, c’était ma première année en pro, et j’ai gagné mon premier trophée avec la Coupe de la Ligue. J’ai aussi disputé une finale de Coupe de France… Sauf qu’en championnat, c’était la galère. On a flirté avec la zone rouge une bonne partie de la saison, les supporters venaient à l’entraînement exprimer leur mécontentement. Mais quand tu es jeune, tu te concentres sur le sportif et tu fais un peu abstraction du reste. Car tu es un peu « moins concerné » , les supporters sont plus indulgents avec toi. Et la taupe, par exemple, ce n’était pas un jeune.

C’était qui ? Il y a eu des rumeurs, mais bon… Personne ne savait vraiment qui c’était.

Le 20 octobre 2007, il y a ce fameux match où les jeunes prennent le pouvoir à Valenciennes.Paul Le Guen n’en avait pas du tout parlé à l’avance. Ce n’est que le matin de la rencontre, lors de la séance vidéo, qu’il a donné l’équipe comme à son habitude. Le groupe n’était globalement pas surpris de voir plein de jeunes, car Le Guen faisait jouer beaucoup de jeunes. Mais c’était davantage le fait de voir Mamadou Sakho capitaine : il avait 17 ans, on sortait tout juste d’une défaite (3-1 face à Rennes au Parc des Princes, NDLR)… Après, Mamadou était le plus jeune de tous, mais c’était aussi déjà le plus mature. Il était déjà charismatique.

Cette année-là, des rumeurs faisaient état d’un intérêt du Real Madrid à ton égard. C’était vrai ?Oui, c’était vrai ! Les dirigeants madrilènes m’avaient proposé un projet sur le long terme : dans l’idée, je les rejoignais en janvier 2008 et j’aurais joué avec la Castilla jusqu’au mois de juin. Ensuite, si tout allait bien, j’aurais intégré le groupe pro et signé un contrat de cinq ans. Si ça n’avait pas marché, ils m’auraient prêté ou je serais retourné avec la Castilla. J’avais rencontré Miguel Ángel Portugal au restaurant de l’hôtel Le Vélodrome, juste à côté du Parc des Princes. On avait discuté avec mes agents, mais je n’étais pas dans une logique de partir parce que je savais que le PSG voulait me prolonger. Mon rêve, c’était de jouer au PSG. Je n’avais même pas pensé jouer autre part et à cette époque-là, j’avais envie de faire quelque chose à Paris.

Ton entourage t’a dit que tu étais fou de refuser ?Même pas. Certains comprenaient que je vivais mon rêve avec mon club de cœur, d’autres moins… Mais bon, ce n’était pas non plus comme si j’allais arriver au Real et jouer direct avec Cristiano Ronaldo. (Rires.) Il fallait que je prouve, tandis qu’au PSG, j’étais déjà avec les pros.

Tu as des regrets, à propos de ce choix ?Non, aucun. Si tu commences à imaginer ce qu’il se serait passé si tu avais dit oui et que tu t’inventes un scénario, tu fais ça toute ta carrière.

Tu te souviens où tu étais, au moment du but d’Amara Diané à Sochaux ?J’étais en tribunes au stade Bonal, c’était un soulagement ! On se dit « enfin » … Enfin, on reste en Ligue 1. Enfin, on ne va pas foutre la honte au club. Quand tu fais le bilan de cette saison-là, d’ailleurs, on n’est pas relégués et on gagne un titre en plus de faire une autre finale.

Quand tu es jeune dans un club comme Paris, si tu loupes quelques matchs, on te remplace. Donc après cette blessure, ça n’a plus jamais été comme avant.

Qu’est-ce qui t’a manqué pour t’imposer dans la durée au PSG, avant l’arrivée des Qataris ?Le tournant, c’est quand je me fais les croisés la saison suivante à Schalke en Coupe de l’UEFA. Si je ne me blesse pas, je peux continuer d’accumuler de l’expérience et gagner du temps de jeu au fur et à mesure. Quand tu es jeune dans un club comme Paris, si tu loupes quelques matchs, on te remplace. Donc après cette blessure, ça n’a plus jamais été comme avant.

À quel niveau ?Lorsque je suis revenu de blessure, Paul Le Guen n’était plus là et c’était Antoine Kombouaré qui était à la tête de l’équipe première. Je le connaissais du centre de formation, mais c’était Le Guen qui m’avait fait signer pro, et Kombouaré m’a dit directement qu’il ne comptait pas sur moi. Sur le coup, surtout pour un jeune joueur, cela fait très mal. Les anciens te le disent en permanence, pourtant, avec des phrases comme : « Dans le foot, il n’y a pas de pote. Si tu n’es pas bon, on te remplace. » Mais ça fait mal. Amara Diané endossait ce rôle de grand frère, faisant le lien entre les jeunes et les anciens. On se voyait en dehors du terrain, il nous invitait chez lui. On faisait des barbecues, il donnait des conseils…

Quand je suis revenu, Kombouaré a fait son « loft » avec quelques joueurs… Bon, en fait, on n’était que deux dedans avec Peguy Luyindula

Après deux prêts successifs à Clermont puis à Angers, tu es ensuite revenu quelques mois au PSG.Quand je suis revenu, Kombouaré a fait son « loft » avec quelques joueurs… Bon, en fait, on n’était que deux dedans avec Peguy Luyindula. Peguy le vivait un peu mieux que moi, car il était plus expérimenté. C’était une période où j’avais besoin de jouer, et ça a duré quatre ou cinq mois, jusqu’à ce que Kombouaré soit remplacé par Carlo Ancelotti.

Comment ça s’est passé, avec Carlo ?Déjà, Leonardo m’a appelé et m’a dit : « Tu peux revenir dans le groupe, on est désolé, c’était le choix du coach… » Carlo m’a souhaité la bienvenue, le courant est très bien passé, et j’étais de nouveau un joueur à part entière dans le groupe. Il avait un gros staff et il ne prenait pas trop l’entraînement, hormis pour les mises en place tactiques. Mais j’ai le souvenir qu’on faisait à chaque fois, ou presque, quelque chose de différent. Il y avait quasiment en permanence des exercices avec ballon, même quand c’était du travail physique. C’était toujours très intense, il n’y avait pas beaucoup de temps de repos. On a commencé à côtoyer des mecs comme Momo Sissoko, Jérémy Ménez… De vrais bosseurs. Quand on ne les connaît pas, on se dit juste qu’ils sont forts, et ça s’arrête là. Mais la réalité est qu’ils arrivent les premiers à l’entraînement et qu’ils repartent les derniers, ils bossent comme des malades.

Paris n’était plus le même club que tu avais connu ?Cela n’avait plus rien à voir. Dès que les Qataris sont arrivés, on a senti dès le recrutement que le club passait un cap avec Matuidi, Ménez… Et puis, quand Carlo Ancelotti est arrivé, c’était encore une autre dimension. De mon côté, j’arrivais en fin de contrat. Forcément, c’est dommage de louper de si peu les plus belles années sportives du club.

Comment expliques-tu que Paris galère avec ses jeunes ? Je vois beaucoup de jeunes qui partent et qui cartonnent ailleurs comme Kingsley Coman, Tanguy Kouassi même s’il ne joue pas encore beaucoup ou Moussa Diaby à Leverkusen… Au PSG, on sait qu’il n’y en a pas beaucoup qui vont réussir et qui vont s’imposer dans le onze de départ. Aujourd’hui, il n’y a que Presnel Kimpembe. Pour les postes offensifs, c’est encore plus compliqué, car tu ne vas jamais démarrer titulaire. Aujourd’hui, en plus, les jeunes sont de plus en plus impatients. Donc ils ne se prennent pas la tête et partent directement, c’est dommage.

Après une tentative infructueuse en Bulgarie, deux saisons à Orléans et une année blanche, tu rebondis au Vietnam en janvier 2016 par le biais d’un agent égyptien. Comment ça se produit ?J’ai pris cette année pour réfléchir, même si c’était plutôt risqué. Deux choix s’offraient alors à moi : retourner en Ligue 2 pour essayer de me relancer, ou tenter l’aventure à l’étranger. Aujourd’hui, beaucoup d’agents réussissent à te contacter via WhatsApp et il y a donc eu cet agent égyptien qui m’a proposé d’aller au Vietnam. Au début, je n’étais pas trop chaud. Mais je l’ai écouté et j’étais un peu étonné de ce qu’il me proposait, car c’était notamment le meilleur club du championnat local qui me voulait. Il m’a pris un billet aller-retour, au cas où je voudrais rentrer chez moi. Mais quand je suis arrivé là-bas, tout ce qu’il m’avait dit d’un point de vue sportif et sur le fait que la vie était exceptionnelle était vrai. Donc, je suis resté.

Tu as signé au T&T Hanoi (aujourd’hui devenu le Hanoi FC), un club alors décrit comme étant le « Barça du Vietnam » .C’est un club qui essaye de jouer comme le Barça, qui cherche à faire les mêmes entraînements. Sur le terrain, quand j’y étais, ça marchait plutôt bien, puisque j’ai été champion la première année et vice-champion la deuxième. Comme tu n’avais le droit qu’à quelques joueurs étrangers par club, les autres équipes du championnat balançaient beaucoup de longs ballons vers l’attaquant, souvent étranger, et espérait qu’il se démène ensuite pour marquer. Il n’y avait que notre club qui partait de derrière et qui essayait d’attaquer en construisant.

Mais c’était vraiment le Barça du Vietnam ? C’était quoi, le niveau réel de cette équipe ?Je pense que c’était un club qui pouvait jouer en Ligue 2, facilement. Le coach ne voulait jamais que l’on joue long, il voulait que l’on reparte toujours du gardien. C’est quelqu’un qui n’avait jamais quitté le Vietnam, mais il était fan du Barça. Il regardait tous les entraînements sur Youtube, il s’était procuré le cahier pour faire les entraînements… Notre jeu était donc basé sur des passes courtes, des passes redoublées et des jeux en une ou deux touches. Dès qu’on arrivait proche de la surface de réparation, c’était beaucoup d’une-deux et de jeu dans les petits espaces. On ne faisait que cela à l’entraînement, et on arrivait à le reproduire en match. Bon, après, si on avait joué contre le Barça, je ne pense pas qu’on aurait pu tenir…

On aimait bien aller au marché de nuit, le week-end, autour du lac à Hanoï. Il faisait plus frais le soir, c’était plaisant, et ma famille aimait bien manger des banh-mi.

Comment était la vie, au Vietnam ?Je vivais à Hanoï, la capitale, et j’étais surpris parce qu’il y a beaucoup de buildings. On se croit un peu à New-York ! Cela fait partie des villes que tu ne connais pas, mais lorsque tu arrives là-bas, tu te rends compte qu’ils sont plus avancés que nous. Tout est facile, la vie n’est pas chère. J’allais à l’entraînement en moto par exemple, je n’ai jamais eu de problème lié à la circulation. La première année, j’étais tout seul. Ensuite, ma famille m’a rejoint. On aimait bien aller au marché de nuit, le week-end, autour du lac à Hanoï. Il faisait plus frais le soir, c’était plaisant, et ma famille aimait bien manger des banh-mi.

Tu as eu le temps de visiter le Vietnam ?J’ai pu visiter notamment avec l’équipe. À chaque trêve, ils font un tour en bus qui part d’Hanoï jusqu’à Ho-Chi-Minh et ils s’arrêtent dans chaque temple pour prier. C’est un moment de recueillement pour eux, pour honorer la mémoire de ceux qui sont morts pendant la guerre. Pendant ce temps-là, nous, les étrangers, on se baladait et on faisait des photos souvenirs. On était un peu en retrait, mais c’était quelque chose d’impressionnant. On mettait trois jours, au total, pour arriver jusqu’au sud du pays.

Après le Vietnam, tu es parti en Indonésie au Persela Lamongan en 2018.C’était encore mieux que le Vietnam. Les gens sont d’une gentillesse incroyable, là-bas. Ce que j’ai vécu en Indonésie, je ne sais pas si je le revivrai un jour. Quand tu arrives, tout le monde veut te mettre à l’aise. Qu’ils soient riches, pauvres, heureux ou tristes, ils ont toujours le sourire et veulent t’aider en permanence. Le premier jour où je suis arrivé, personne ne me connaissait. Mais il y avait du monde à l’entraînement, à l’hôtel où j’étais, et toujours dans un cadre très respectueux. Ils étaient curieux, mais ils ne voulaient absolument pas me déranger. La première année, j’étais à 45 minutes environ de Surabaya, puis j’ai rejoint mon second club Persikabo en 2019. Là, j’étais installé à Jakarta. Tous les matchs, c’était la folie. Le dernier match que j’ai joué là-bas, à Bandung qui est l’un des plus gros clubs d’Indonésie, toutes les rues étaient noires de monde. On a mis une heure et demie avant d’arriver au stade.

Qu’est-ce que tu penses, aujourd’hui, de ton parcours ?J’ai un sentiment mitigé. Je suis content, car j’ai réussi à durer. Et ce n’est pas encore fini, avec ce nouveau challenge à Versailles. Mais j’aurais pu avoir une meilleure carrière, c’est clair.

Mardi, il y a Barça-PSG. À quoi faut-il s’attendre ?Ce ne sera pas pareil qu’en 2017, c’est sûr ! Que ce soit le Barça ou Paris, aucune des deux équipes n’arrive dans une forme optimale. Dur à pronostiquer…

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Propos recueillis par Andrea Chazy

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