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Le Special One est mort

Par Thibaud Leplat, à Madrid
Le Special One est mort

José Mourinho quitte Madrid un peu plus bas qu’il n’y est arrivé. En trois ans, l’homme qui gagnait à tous les coups est redevenu normal. Le Special One est mort. Bienvenue au Normal One.

Hier soir, on n’a pas découvert le vaccin contre la Rage, l’Homme n’a pas marché sur la Lune, le Mur de Berlin n’est pas tombé, le World Trade Center ne s’est pas effondré, DSK n’a pas démissionné. Non, hier soir il ne s’est pas passé grand-chose à l’échelle de l’Humanité. La Terre a continué à tourner autour du soleil à la vitesse de 365 jours, 6 heures, 9 minutes et 4 secondes. Pour dramatiser, on peut toujours dire que le Real Madrid est le plus grand club du monde, que Florentino Perez est une espèce de Donald Trump entiché de ballon rond et de chorizo, qu’en 111 ans, personne n’a jamais amassé autant de trophées dans ses vitrines, qu’à Madrid le football n’a rien à voir avec le sport, qu’il faut bien penser à autre chose, que l’opium du peuple coûte de plus en plus cher. Pourtant hier on a vu passer la comète de Halley. Ce n’est jamais un événement – elle visite notre atmosphère tous les 76 ans – mais c’est toujours historique. Chaque génération a droit à son passage. Chaque génération a droit à une explosion en plein vol. Hier la comète Mourinho s’est consumée sous nos yeux. Fini le Special One. Fini les illusions.

À Madrid on aime un peu trop les tours de Magie. Lorsque que tonton Florentino nous avait sorti de sa hotte le vainqueur de Munich, celui qui avait fait plier le Barça de Guardiola en 2010 en demi-finales de Champions, celui qui avait fait de l’Inter un club Champion d’Europe, de Chelsea un club de foot, de Porto une bande de révolutionnaires au couteau entre les dents, qui nous avait vendu la Lune sous garantie ; on y avait cru, au moins un peu, au moins une heure. Il faut reconnaître que l’aura mystique de l’alchimiste, celui qui gagne à tous les coups, n’a pas de rivale. L’homme qui avait trouvé la recette du bonheur et qui la vendait au plus offrant, cet homme-là, vient de disparaître. À Madrid Mourinho est redevenu humain en goûtant à l’irréversibilité de son destin : « Pour la majorité des autres entraineurs ce serait une excellente saison. Pour moi c’est la pire (…). Cette saison je me suis planté » . Pour la première fois le Special One a raté un tour et part plus bas qu’il n’est arrivé. Houdini vient de tomber sous les coups de Whitehead. Le plus grand magicien de tous les temps a disparu victime de ses propres mensonges.

Qui a tué le Special One ?

Le Special One est mort il y a un an. C’est le 26 mai 2012 qu’il a perdu sa raison de vivre. « Je m’en vais parce que je suis vide » , disait Pep Guardiola ce jour-là. La guerre dialectique l’avait usé, lui le plus grand entraineur de l’histoire de Barcelone. La seule raison d’être de Mourinho au Real c’était l’omniprésence de Guardiola en face. Il fallait mettre un terme au potentat, à l’omniprésence symbolique du club catalan, à l’admiration sans borne que le monde portait à un club de Province. En Espagne, il ne peut pas y avoir deux rois. Dans le monde, il ne peut pas y avoir deux maîtres. Dans le football il ne peut y avoir deux plus grands clubs du monde. Mourinho devait démasquer l’imposteur et faire la guerre totale au Barça sur le terrain et dans les têtes. Il n’y avait qu’un Special One pour écorner l’aura mystique du Pape catalan et faire revenir le Barça à sa juste place, la deuxième. Alors quand Guardiola n’a plus de cheveux et se retire de son Eglise, José Mourinho a perdu sa licence pour flinguer à vue. Le Special One est mort. C’est Pep qui l’a tué. L’imposteur n’était pas celui qu’on croyait.

José Mourinho a eu 50 ans en janvier. Il peut maintenant entamer la deuxième partie de son existence et redevenir normal. La première mi-temps de sa vie était faite de tours toujours plus impossibles à réaliser. Il y a eu Porto, puis Chelsea, puis l’Inter. Madrid était le plus court chemin avant l’éternité. On allait voir ce qu’on allait voir. Mais le Real n’a jamais été un club d’entraineur et Mourinho n’est peut-être pas fait pour les grands clubs. Son passé est bien trop lourd pour des épaules humaines. Mourinho roule pour sa propre légende, pas pour celle des autres. Aujourd’hui Madrid dit adieu à un onzième entraineur en dix ans et Mourinho à sa réputation d’homme providentiel. Il ne reste que deux matchs sans importance pour dire adieu au mage portugais. Il entame aujourd’hui la deuxième mi-temps de sa vie, celle où il faut apprendre à gérer, à ne plus s’émouvoir autant, à conserver le score le plus longtemps possible, à revenir aux classiques, à être réaliste. Bref, à vivre.

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Par Thibaud Leplat, à Madrid

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