- Politique
Le ministère des Sports premier sur l’austérité !
Il ne suffit pas d’avoir de l’ambition et d’attribuer un titre ronflant (Ministère des Sports, de la Jeunesse, de l’Éducation populaire et de la Vie associative ), encore faut-il que l’intendance suive. Et une rumeur inquiétante enflait parmi les fédérations qui défilent en ce moment auprès de Valérie Fourneyron pour essayer d’obtenir une hausse de leur subvention et de l’enveloppe de leur convention d’objectifs (avec le secret espoir qu’une politique de gauche serait forcément plus généreuse que les baisses drastiques et systématiques des derniers exercices). Le message qui commençait à tourner était simple : on a des doutes sur la réalité du budget laissé en héritage. Il semblerait que la Cour des comptes valide cette inquiétude. Il manquerait pas moins de 50 millions sur un total de 247,9 millions (pour l’année 2012). Le principal fautif serait à chercher auprès de certaines libertés prises par les anciennes équipes (pas moins de 5 ministres sous le quinquennat Sarkozy) qui auraient beaucoup promis ou engagé la parole de l’État sans trop s’occuper d’approvisionner les caisses en retour. Ainsi, la fameuse loi sur les retraites des sportifs amateurs de haut niveau (un des rares acquis législatifs de la droite en matière de sport), adoptée à l’Assemblée nationale en octobre 2011, et dont les 8 millions ne sont toujours pas approvisionnés pour 2012-2013. Autre gouffre, les chantiers du Musée du sport à Nice (on se demande pourquoi là-bas, il faudrait poser la question à M. Estrosi) pour 7,5 millions d’euros et la rénovation des CREPS à hauteur de 6 millions. Dernier pot au rose, mais ce n’est pas ou plus une surprise pour le coup, le recours au CNDS pour des pratiques de « débudgétisation », en gros transférer le financement de l’action du ministère vers un organisme censé normalement exclusivement soutenir le sport pour tous (cela dit, il a déjà été pillé pour aider à la construction des stades de l’euro 2016).Premier problème immédiat : où trouver les 5 millions d’euros de primes promises aux futurs médaillés olympiques et paralympiques des Jeux de Londres, ce qui, pour l’instant, signifierait sacrifier d’autres projets. À la FFF, on rappelle que les primes accordées aux joueurs de l’EDF à l’Euro proviennent exclusivement des sponsors. Mais on sent bien du côté de la rue de Grenelle qu’il faudra trouver de quoi combler ce trou laissé béant (la grande surprise, par exemple, de Chantal Jouanno, qui n’y concéda certes qu’un bref passage) et que le plus riche des sports ne pourra pas passer entre les gouttes.
Nicolas Kssis-Martov