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L’AJA enfile son Gillot
Nouveau projet, nouvelles directives, nouveaux dirigeants et donc nouvel entraîneur : après cinq saisons moroses en Ligue 2, Auxerre s’offre un nouveau départ. Avec Francis Gillot en capitaine de navire.
Quoi qu’il arrive, la fin de saison 2016/2017 restera comme un tournant pour l’AJ Auxerre. Non pas pour ses résultats sportifs décevants en Ligue 2 (premier non-relégable à cinq points de la zone rouge) et son maintien obtenu sans brio, mais pour son renouveau en dehors des pelouses. Six mois après son rachat par le groupe chinois ORG Packaging, le champion de France 1996 vient de procéder à de nombreux changements en interne. ExitGuy Cotret à la présidence, bonjour Francis Graille. L’entraîneur Cédric Daury, lui, récupère le poste de directeur sportif. Dans tout ce bazar, un habitué des bancs de Ligue 1 se pointe à la tête de l’équipe première : Francis Gillot. Au chômage depuis la fin de sa courte expérience chinoise au Shanghai Shenhua en 2015, revoilà donc celui qui a refusé Valenciennes il y a deux ans sur le bord d’un terrain. Un coach qu’on n’attendait pas forcément voir rebondir en Bourgogne.
Des jeunes pour Francis
Sauf que le projet porté par la direction de sa nouvelle équipe pourrait lui convenir. Dans les colonnes de L’Yonne Républicaine, Daury a ainsi présenté les choses : « On va mettre en place un groupe élite de post-formation, avec nos meilleurs éléments qu’on va continuer à faire grandir et à construire pour alimenter l’équipe première. Ce groupe va créer notre ambition. Ça représente l’avenir. Nos meilleurs jeunes intégreront ce sas de performance et cela va créer une nouvelle dynamique. » En d’autres termes, l’AJA veut revenir aux fondamentaux de la formation, qui ont construit ses succès dans les années 1990. Totalement cohérent, selon Ronan le Crom, qui connaît bien le club pour y avoir passé presque dix ans entre 1993 et 2002 : « Historiquement, Auxerre a toujours été porté sur la formation. C’est dans sa culture. Quand j’y étais, c’était même un club précurseur à ce niveau-là, avec Sochaux et Nantes. Il avait déjà sorti Cantona, Boli… Et après, ça a continué. C’est sans doute pour ça qu’aujourd’hui, ils ont fait revenir Bernard David (ancien entraîneur de la réserve entre 2000 et 2011 qui fait son retour en tant que directeur du centre de formation, ndlr). Il fait partie de ceux qui ont sorti pas mal de joueurs à l’époque, qui connaissent bien leur métier et qui ont de l’expérience. » Gillot tombe donc plutôt bien, lui qui a souvent dû se débrouiller avec des clubs qui privilégiaient les jeunes plutôt que les dépenses (Lens, Sochaux, Bordeaux) et dont la mentalité paraît adaptée à la mission. « L’idée, pour la majorité des clubs, c’est de prendre un entraîneur qui sait gérer la formation. Mais c’est sans doute encore plus vrai à Auxerre, reprend Le Crom. Financièrement, c’est un peu compliqué. Donc s’appuyer sur le centre de formation, c’est essentiel. Primordial, même. Il est donc important de prendre un coach avec un profil idoine, qui soit à la fois capable de tenir l’équipe première, et à la fois capable de travailler en bonne entente avec le centre de formation. »
Un projet de jeu à porter
L’autre idée prioritaire pour Auxerre réside dans l’installation d’ « une vraie philosophie, une vraie identité, d’après Daury. Pour mettre en place des principes de jeu communs, plus qu’un schéma commun, on va sortir quatre ou cinq points précis afin d’être identifié dans le jeu. On veut un projet global AJA. » S’il a plutôt échoué à Bordeaux, Gillot avait en revanche franchement réussi à imposer un certain style de jeu à Sochaux. Chose qu’il va devoir rééditer chez les Bourguignons. « Je sais que c’est quelqu’un de rigoureux, quelqu’un qui sait comment faire jouer ses équipes et qui se donne les moyens de ses objectifs » , positive Le Crom. Pour le mettre en confiance, le président a promis un travail sur du « moyen et long terme » . Peut-on y croire, à l’heure où le football jette ses entraîneurs sans ménagement chaque saison et où une hégémonie Guy Roux semble sortir d’un autre temps ? « C’est vrai, les résultats dictent parfois les choix de manière un peu prématurée, reconnaît Le Crom, qui avait vu Gillot démissionner lors de son arrivée à Lens. Mais dire publiquement qu’on souhaite s’inscrire sur la durée, c’est déjà assez louable. Et c’est plutôt bon signe. Ça reste un club qui est propriétaire de son stade, qui a de bonnes installations au niveau du centre de formation, donc il y a tout pour bien faire. » Reste que Gillot, à qui on a promis une dizaine de recrues et qui planche actuellement sur le mercato avec Daury, va devoir s’appliquer niveau relations sociales s’il espère que l’aventure ne tourne pas au fiasco. Plusieurs joueurs auparavant drivés par Francis, à Lens ou ailleurs, refusent en effet d’évoquer leur ex-coach avec qui l’histoire s’est personnellement mal passée. Mais ça, c’était avant ?
Par Florian Cadu
Propos de RLC recueillis par FC