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Kristie et Sam Mewis : Sister Act

Par Analie Simon
7 minutes
Kristie et Sam Mewis : Sister Act

Première fratrie à évoluer dans un tournoi olympique de football, Kristie et Sam Mewis baignent dans l’univers du ballon rond depuis l’enfance. Alors que Sam, la benjamine, est championne du monde avec les États-Unis, Kristie, l’aînée, veut aller chercher son premier titre majeur avec les Stars and Stripes, après avoir connu de nombreuses blessures. Et bien sûr, avec sa sœur.

En tant que parents, avoir deux enfants voulant devenir footballeur professionnel peut parfois être source de conflits et de prises de tête. Pourtant, chez Bob et Mélissa Mewis, les parents de Kristie et Sam, cette concurrence a souvent été abordée avec le sourire. « Dès leur plus jeune âge, on organisait une compétition pour la chasse aux œufs de Pâques », se souvient le papa, qui a pris quelques boulots complémentaires pour payer les frais de scolarité de ses deux filles. Alors que Kristie (30 ans) a commencé le foot plus tôt que Sam (28 ans), les frangines ont souvent évolué côte à côte sur le terrain à leurs débuts, mais ne sont jamais avares de compétition. « Je suis sûre que c’était assez ennuyeux pour Kristie de m’avoir toujours à ses côtés et d’essayer de la battre tout le temps, explique Sam. Mais c’était le meilleur défi que j’aurais pu demander. Cela a vraiment fait de nous les psychopathes de la compétition que nous sommes maintenant. »

Scolarisées à la Whitman-Hanson Regional High School dans le Massachussetts, les sœurs Mewis ne tardent pas à faire leurs preuves balle au pied, collectionnant les distinctions personnelles. Kristie (74 pions, 34 passes décisives au lycée) est notamment élue meilleure jeune athlète féminine de l’année en 2008, alors que Sam (77 buts, 34 offrandes) a été nommée joueuse nationale de l’année par la National Soccer Coaches Association of America en 2010. Après toute leur enfance collées l’une à l’autre, les sœurs Mewis se séparent finalement en 2009, lorsque Kristie part à la fac de Boston. Positionnée milieu de terrain, l’aînée de la fratrie continue d’impressionner les recruteurs de la National Women’s Soccer League (NWSL). Demi-finaliste du trophée Hermann (récompense individuelle décernée à la meilleure joueuse universitaire, NDLR), Kristie est draftée en 3e position par Kansas City en 2013. Le début d’une belle et longue carrière aux USA, le rêve de millions de jeunes footballeuses à travers le monde.

Kristie : de grand espoir à poissarde

Pourtant, la carrière de Kristie ne va pas se passer comme prévu. En 2014, elle se blesse une première fois, ce qui l’éloigne de la sélection alors qu’elle commençait à faire son trou. Le début des galères pour l’aînée Mewis, qui est prêtée successivement à l’Iga FC Kunoichi (Japon) puis au Bayern lors de la saison 2014-2015 pour retrouver le rythme de la compétition. Alors qu’elle pousse pour revenir avec l’équipe nationale, une déchirure du ligament croisé antérieur du genou gauche la pousse hors des terrains pendant un an en 2018. Une nouvelle désillusion personnelle, d’autant plus que Sam s’installe peu à peu au sein du collectif des championnes du monde. « Lorsque vous êtes exclue de l’équipe nationale, vous perdez beaucoup de votre identité et de votre confiance en vous. J’ai eu du mal à me convaincre que ce n’était pas fini. Je devais décider ce que j’allais faire de ma carrière. Est-ce que je vais continuer à être moyenne ou vais-je essayer de pousser pour réaliser mes rêves ? », confiait la joueuse de 30 ans à Goal.

Loin des déboires de sa sœur, Sam poursuit son ascension fulgurante au même poste que sa frangine et est épargnée par les blessures. Après ses études à UCLA, elle est draftée en 4e position par les Western NY Flash pour la saison 2015 et est nommée pour le titre de Rookie de l’année. Une suite logique pour la benjamine de la fratrie, quelques mois après sa première sélection avec les A contre la Suède, à l’occasion de l’Algarve Cup 2014. Surnommée « Tower of Power » par ses coéquipières, Sam n’est pas retenue pour le Mondial 2015, remporté par les USA, et est seulement réserviste pour les JO de Rio. Vainqueur du championnat féminin de la CONCACAF en 2018 avec la sélection, pendant que sa sœur rongeait son frein en salle de rééducation, elle est l’une des principales armes des États-Unis lors du Mondial en France, en jouant six des sept matchs (deux pions contre la Thaïlande).

Pas de jalousie entre frangines

Si Sam a touché le graal en soulevant la quatrième Coupe du monde américaine, Kristie a vécu ce moment depuis les USA, sans jalousie envers sa sœur. « C’est l’une des meilleures choses qui me soient arrivées parce que ça m’a vraiment réveillée. En voyant Sam gagner la Coupe du monde, je me suis dit qu’il n’y avait aucune chance que je ne revienne pas dans cette équipe. » La ténacité de Kristie finit finalement par payer, et l’aînée des sœurs Mewis est rappelée par Vlatko Andonovski en décembre 2019 en compagnie de plusieurs espoirs américaines, six mois après son retour sur les terrains avec les Dash de Houston. Le vrai comebackintervient un an plus tard, lorsque Kristie revêt le maillot des Stars and Stripes pour la première fois depuis 2014, lors d’un match amical face aux Pays-Bas, le 27 novembre 2020. Entrée en jeu en seconde période, elle inscrit son deuxième pion en sélection… 2722 jours après le premier. La plus longue période entre deux buts dans l’histoire des Stars and Stripes. À côté de ça, même Benzema et ses 2085 jours sans marquer en Bleu passent pour un petit joueur.

Après des années de galère, Kristie revit et ne boude pas son plaisir. « Me déchirer le ligament a été une sorte de bénédiction déguisée parce que j’ai l’impression que cela m’a un peu réveillée, explique la principale intéressée à Goal. Cela m’a fait réfléchir, je me disais : « Kristie, qu’est-ce que tu fais ? Tu dois te remettre de ça. Tu rates tes rêves. » » Une force de caractère qui impressionne aussi son sélectionneur, convaincu par les performances de sa joueuse. « À chaque fois qu’une opportunité lui a été donnée, elle en a pleinement profité. Chaque match auquel elle a participé, que ce soit cinq, dix ou quinze minutes, elle a maximisé cette opportunité et a continué à grandir. Nous sommes ravis de l’avoir dans l’équipe », relativisait Vlatko Andonovski à l’automne dernier.

Les JO de Tokyo, troisième compétition familiale

Auteure d’une bonne saison avec les Dash de Houston, vainqueurs de la Challenge Cup en 2020 (tournoi de reprise après l’interruption du championnat américain pendant la crise sanitaire, NDLR), Kristie a appris sa convocation pour les JO grâce à un SMS de son sélectionneur, qui lui avait fixé un entretien téléphonique pour le lendemain, 45 minutes après sa sœur. Les deux frangines ont d’ailleurs fêté leur convocation commune « en étant mortes de rire pendant de longues minutes en FaceTime », avant d’annoncer la double bonne nouvelle aux parents, « abasourdis et tellement heureux à la fois. »

Les JO de Tokyo sont la troisième compétition disputée ensemble par les sœurs Mewis, la première chez les A. Alignées côte à côte lors de la Coupe du monde U17 en 2008 (défaite en finale contre la Corée du Nord où Kristie remporte le Ballon de bronze) et lors du Mondial U20 en 2010 (éliminées en quarts de finale par le Nigeria), elles ont été les premières sœurs à représenter les États-Unis lors d’une Coupe du monde féminine. Cet été, elles deviennent la première fratrie à évoluer ensemble dans le tournoi de football, où l’objectif numéro un est de ramener l’or, cinq ans après la désillusion à Rio (les Américaines ont perdu en quarts contre les Suédoises, NDLR). Si chacune a son palmarès avec l’USWNT (Kristie a gagné la SheBelieves Cup cette année, Sam le Mondial U20 en 2012 en plus de la Coupe du monde 2019), les frangines Mewis n’ont qu’une chose en tête : enfin remporter un titre ensemble, le maillot américain sur le dos, pour faire honneur à papa et maman Mewis, qui ont tant sacrifié pour le bonheur de leurs filles.

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Par Analie Simon

Propos de BM, SM et KM recueillis dans l'émission CBS The Morning sauf mentions, ceux de Vlatko Andonovski issus de conférences de presse.

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