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Giroud, du plomb dans la tête
Il avait commencé sa saison en traînant son spleen comme une âme en peine sur le banc d’Arsenal. Il la termine dans la peau de l’avant-centre titulaire de Chelsea. Le tout en devenant le recordman du nombre de buts marqués de la tête depuis 2015-2016 dans les cinq grands championnats européens, devant Cristiano Ronaldo. Olivier Giroud n’est peut-être pas le meilleur attaquant du monde, mais continue de fermer des bouches, dans un registre qui n’appartient qu’à lui.
« Au niveau du temps de jeu c’est insuffisant, il faut qu’il arrive à trouver une solution. Un départ ? C’est à lui de voir. » Début décembre dernier, Guy Stephan, le fidèle adjoint de Didier Deschamps, fait le point sur le cas épineux d’Olivier Giroud. Le message est clair : si l’ex-Montpelliérain ne gagne pas en temps de jeu, son statut de titulaire en Bleu pourrait bien lui filer entre les doigts. La faute à Arsène Wenger, qui a décidé de placardiser son attaquant au profit d’Alexandre Lacazette, recruté 57 millions d’euros au mercato estival. Alors, Giroud s’est fait une raison et a pris ses cliques et ses claques cet hiver pour rejoindre Chelsea. Bien lui en a pris.
The man of the Hour
Vu de loin, les statistiques du géant français avec les Blues n’ont pourtant rien de mirifique : 17 matchs, six buts, trois passes décisives, toutes compétitions confondues. Son sens du timing, en revanche, n’est pas pour déplaire à Antonio Conte. Dans les moments qui comptent, le Français est celui qui fait la différence. Comme dimanche dernier face à Liverpool, où il s’envole pour claquer un coup de casque qui garantit le succès des siens. Ou encore face à Southampton le 14 avril où, entré en jeu à la 61e minute, Giroud plante deux buts, qui permettront aux siens d’arracher une victoire 3-2.
Surtout, au-delà de ses pions, le jeu du Français bonifie indéniablement celui de son équipe. L’équation est simple : lorsqu’il a débuté titulaire, les Blues ont enquillé sept victoires pour une seule défaite. Lorsqu’il a commencé sur le banc, le refrain n’est plus le même : quatre défaites, pour seulement deux succès. Mieux, depuis la mi-avril, Giroud a définitivement chipé à Álvaro Morata le rôle de titulaire à la pointe de l’attaque londonienne. Résultat ? Quatre succès de rang en championnat. Une série loin d’être anodine, puisque les Blues n’avaient jusqu’ici jamais réussi à enchaîner autant de victoires consécutives en Premier League cette saison.
Le « target man » de Conte
Un signe que le Français a géré son départ pour Chelsea avec intelligence et une vraie tranquillité d’esprit, qui mettent une fois de plus en valeur ses qualités mentales. Car Giroud n’a pas débarqué chez les Blues à l’aveugle. Mais en sachant que, face à un Álvaro Morata pas au mieux pour sa première saison en Angleterre, il aurait sa chance : « Ce qui a pesé dans ma décision, c’est l’échange téléphonique avec Antonio Conte. Il m’a fait savoir que mon profil l’intéressait, qu’il y aurait une vraie concurrence(avec Álvaro Morata, N.D.L.R.). C’est un coach qui aime les « target man », ceux qui servent à caler les ballons devant. Chelsea a souvent évolué avec ce genre d’attaquants imposants. »
Conte, effectivement, a toujours eu un faible pour les attaquants pivots, qu’il aime marier avec des feux follets à l’aise dans le dribble et la passe. Première illustration à la Juve, où il avait associé la tour de contrôle Llorente au taureau Carlos Tévez avec un succès certain, lors de l’exercice 2013-2014. Rebelote lors de l’Euro 2016, où le binôme formé par le colosse Graziano Pellè et Eder avait fait souffler un véritable vent de fraîcheur sur la compétition. À Chelsea, le Mister associe surtout Giroud à Eden Hazard, une recette qui s’avère pour l’instant fructueuse. De quoi permettre au Français de s’adjuger un record qui lui ressemble, en devenant le joueur qui a planté le plus de pions de la tête dans les cinq grands championnats européens lors des trois dernières saisons : 17. Soit un de plus que Cristiano Ronaldo. Costaud.
La tête au Mondial
Giroud, de son côté, en profite pour continuer de fermer la bouche de ses détracteurs en France comme outre-Manche. Mais se garde bien de placer un mot plus haut que l’autre. Ou d’en vouloir à ceux qui auraient pu donner un sérieux coup de frein à sa carrière, comme Arsène Wenger, qui avait décidé de mettre au second plan un joueur qui a pourtant toujours répondu présent quand il était titularisé en pointe de l’attaque des Gunners (253 matchs, 103 buts) : « Tout le monde sait combien je lui suis redevable de m’avoir donné l’opportunité de vivre mon rêve de gosse, jouer en Angleterre… » déclarait le joueur à la suite du succès des siens dimanche dernier, face à Liverpool. » « J’ai beaucoup de respect pour tout ce qu’il a apporté à Arsenal et il va laisser un grand vide derrière lui. C’est la fin d’un cycle. » Giroud, lui, a justement plutôt bien démarré sa nouvelle aventure du côté de Chelsea. Même si ses yeux vont bientôt se tourner vers l’équipe de France et la Russie. Où il débarquera la tête remplie de certitudes. Et prête à envoyer quelques coups de casque victorieux.
Par Adrien Candau
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