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«En Azerbaïdjan, je suis un pionnier»

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«En Azerbaïdjan, je suis un pionnier»

Coup de fil à Stéphane Borbiconi, 31 ans. «Je profite de ma dernière journée en France pour manger des cuisses de grenouilles. D'ailleurs je viens de dégueulasser mon portable. On se rappelle dans l'heure ?» Ok.

Tu as fini ton assiette d’amphibiens ?

Je repars à Bakou donc je n’aurai plus l’occasion d’en manger avant le mois de mai. Là-bas c’est la cuisine russe ou turque. Une des spécialités c’est le Strogonoff. En ville, il y a plein de restos italiens mais le plus souvent, je mange au stade. C’est plus simple et rapide.

La virée en Azerbaïdjan, c’est une punition ?

Au contraire. Je suis un pionnier ! Je resterai toujours le premier Français à avoir joué dans ce championnat. Le moins qu’on puisse dire, c’est que je suis dépaysé. Au départ, le changement était très difficile. Mais je n’ai pas eu peur car j’ai passé trois ans en Turquie entre 2006 et 2009. Sans cette expérience à Manisaspor je n’aurais peut-être pas sauté le pas. Mais bon, dès que tu as trouvé un appart et discuté avec les gens du coin, tu te rends compte que la vie est un peu partout la même. Au FK Bakou aussi.

T’es venu en famille ?

Je suis tout seul parce que le transfert s’est conclu le 27 août et mon fils de 6 ans était déjà scolarisé en France pour l’année.

Raconte-nous ta vie à Bakou.

Je ne m’attendais pas à une si grande ville. Il y a plus de cinq millions d’habitants. Elle est construite au bord de la mer. Le plus incroyable, c’est la construction permanente. Les autorités refont tout de A à Z. J’ai vu des hôtels en verre, des buildings pour les grandes entreprises. Au niveau architectural, le pays est en pointe. Il y a le vieux Bakou hyper charmant, entouré de remparts. Très propre. Partout, il y a des corniches en pierre, des balcons en fer forgé… Et puis l’autre partie est moderne. J’en discute avec les expatriés qui étaient là avant moi. Ils me racontent que les places poussent comme des champignons en six mois.

Ton appartement est dans quelle partie de la ville ?

Je vis dans l’hyper centre-ville, le quartier des ambassades. Ça se trouve à 100 mètres de la mer. Dans les rues, je croise beaucoup d’anglo-saxons qui travaillent dans le pétrole et le gaz, chez BP ou Total.

A Bakou, les femmes sont voilées ?

Le pays est musulman et orthodoxe. Peu de femmes sortent voilées. Il y en a mais ce n’est pas la majorité. Je me rappelle qu’en Turquie, la journée était rythmée par les appels à la prière du muezzin. Ce n’est pas le cas en Azerbaïdjan où la religion est très discrète. D’une certaine façon, le mode de vie est plutôt occidental : boîtes de nuit, bars…

Tu as le sentiment que les gens sont libres ?

Je ne peux pas juger du degré de liberté des Azéris en étant là depuis septembre mais c’est l’impression que j’ai. Bon, le président est en place depuis la mort de son père il y a quatorze ans…

C’est ton passage en Turquie qui t’a ouvert les portes de l’Azerbaïdjan ?

Exact. Notre directeur sportif est turc, il connaissait mon profil et m’avait vu jouer avec Manisaspor. En août, je voulais rester à Metz mais le club n’y tenait pas. Les négociations ont duré moins de trois jours en toute fin de mercato.

Vu d’ici, on ne sait absolument rien du championnat azéri. Ton analyse ?

Les effectifs sont gavés d’étrangers : Brésiliens, Africains, Slaves… Beaucoup sont bons. Mais ils restent parce que les conditions de vie sont enviables et les salaires plus intéressants qu’en France par exemple. Le centre d’entraînement du FK Bakou est flambant neuf. Il y a deux synthétiques dont un couvert, un bain à remous… Ça répond aux standards européens. Il faut progresser sur la qualité des pelouses et des stades mais les moyens financiers le permettront.

Je suppose que la cinquième place de ton club est indigne de son histoire ?

Winnie Schäfer a été viré et remplacé par le sélectionneur de la Lituanie qui fait des allers-retours. Le FK Bakou est l’un des trois grands clubs azéris. Il a remporté le championnat en 2006 et 2009 et disputé l’Uefa (sic) en début de saison. Il nous reste trois matches pour finir dans les six premiers de la phase retour. Ensuite ce sont les play-offs. Nous sommes aussi qualités pour les quarts de la Coupe.

Dans quelle atmosphère se jouent les matches ?

Il n’y a pas de ferveur autour de notre équipe. Le FK Bakou évolue dans un stade de 30.000 places où joue aussi l’équipe nationale. Forcément, quand le public plafonne à 4.000 spectateurs, on dirait qu’il n’y a personne ! Par contre, il nous arrive d’attirer quelques 15.000 personnes en déplacement. Il faut dire que ce sont les balbutiements du football azéri, ça va monter en puissance.

Le président de ton club : escroc ou passionné ?

C’est une grosse pointure du pétrole, l’une des plus grosses fortunes du pays. Il passe tout son temps à Dubaï. On le voit peu même s’il assiste régulièrement aux matches. En fait, c’est son jeune frère qui gère les affaires courantes. Les deux connaissent le foot. Et paient les salaires régulièrement. Je n’ai jamais eu de problème. Les pratiques sont ordinaires : versement direct sur mon compte en banque.

La suite ?

Je sais que les dirigeants sont contents de moi. J’ai marqué cinq buts, disputé tous les matches et mon expérience les intéresse. On m’interroge souvent sur l’organisation du football français, les déplacements… On verra en fin de saison si Metz veut me récupérer puisque je suis prêté. J’espère que le club va assurer son maintien en Ligue 2. Mon vœu le plus cher est que ça marche enfin avec Metz. Sinon, pourquoi ne pas rester en Azerbaïdjan ? Je vis une expérience enrichissante, tout sauf une galère comme en connaissent certains en partant à l’étranger.

Après la trêve internationale, place au festin !

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