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Chelsea, ce serait fou…
C'est quasiment une finale à Old Trafford. En cas de victoire rouge, Manchester United serait presque sacré champion. Mais en cas de succès bleu, Chelsea prendrait les commandes à la différence de buts. Une idée tout simplement dingue il y a seulement quelques semaines...
C’est un quart d’heure qui appartiendra peut-être à la légende. Ou qui restera peut-être anecdotique. Mais si jamais Chelsea venait à coiffer Manchester United sur le fil dans la conquête d’un second titre de champion d’Angleterre d’affilée, il faudra interroger les Blues sur ce qui s’est passé durant la mi-temps de Chelsea-Manchester le 1er mars dernier. Oui, quels mots Carlo Ancelotti a-t-il bien pu trouver pour relancer ses hommes qui, menés alors (0-1), se trouvaient à ce moment –là à dix-huit points des Mancuniens ? À cet instant précis, dans les vestiaires d’un Stamford Bridge abasourdi par la démonstration des Diables Rouges, la question n’était plus de savoir si Chelsea jouait encore le titre mais plus simplement si les Londoniens pouvaient seulement prétendre à une qualification pour la prochaine Ligue des champions. Et puis Didier Drogba entra en jeu. Et les Blues, comme par enchantement, renouèrent avec leurs basiques : muscles blindés, tacles de bouchers et défense de serruriers pour finalement renverser la vapeur (2-1) dans ce qui ressemblait juste à sursaut d’orgueil et qui, deux mois plus tard, se révèle être le déclic de la formidable remontée opérée par Chelsea. Car depuis, les champions en titre ont repris quinze points aux Red Devils en huit matches et demi.
Les forces obscures de la Premier League…
Fort de ce retour du Diable Vauvert, Chelsea a donc arraché le droit de disputer ce qui apparaît presque comme la finale du championnat, une sorte de scénario idéal. C’est même à se demander dans quelle mesure quelques influences obscures n’ont pas favorisé ce cliffhanger qui permet à la Premier League d’annoncer fièrement près de six cent millions de téléspectateurs devant leurs postes pour savourer le dénouement du thriller de la saison qui a longtemps ronronné. Oui franchement, il ne faut pas se mentir, les deux décisions arbitrales validant les deux pions non valables de Chelsea face à Tottenham la semaine dernière, alors que les Spurs menaient au score, avaient quelque chose de, disons, providentielles… Bon, ceci étant, il faut bien le reconnaître, Chelsea n’a pas non plus totalement volé ce retour dans la roue mancunienne en engrangeant vingt-six points sur trente possibles. Pour cela, il faut féliciter la sagesse dont Ancelotti n’a pas su faire preuve en Ligue des champions. En quart de finale face à MU, l’Italien s’est entêté avec Fernando Torres quand tout le monde savait que la solution s’appelait Drogba. Et seulement Drogba. Car outre le choix des hommes, il y a une manière d’évidence dans le seul schéma tactique qui permette à ces Blues d’être conquérant : le 4-3-3 home maid concocté il y a six ans par José Mourinho, et pas cet ersatz de 4-4-2 parfois imaginé par Ancelotti et qui tourne systématiquement au désastre.
Les Blues au Théâtre de leurs rêves ?
Alors dans son schéma traditionnel, avec ses hommes traditionnels, Chelsea peut-il espérer réussir le braquage de la saison d’Old Trafford ? Une affaire vraiment compliquée. La boutique est inviolée cette année, toutes compétitions confondues, avec vingt-sept matches sans défaite dont seulement trois tout petits nuls. Autant dire que les Fergie’s Boys font les poches de tous les visiteurs depuis le 3 avril 2010, date de la dernière incursion fatale signée… Chelsea ! C’est avec ce souvenir tenace doublé d’une réussite globale certaine au « Théâtre des rêves » depuis quelques années (3 défaites seulement sur les 10 dernières rencontres dont 3 succès) que les Blues se rendent chez le leader. En comptant jouer à fond la carte du scénario catastrophe pour leur hôte : et si Manchester perdait tout ? Eliminé de la Cup en demie par City, largement outsider de la finale de la Ligue des champions face à Barcelone le 28 mai prochain à Wembley, MU pourrait commencer à sérieusement paniquer avec ce retour inespéré de Chelsea à trois journées de la fin. Une sorte de finish catastrophe qui a déjà fait la légende de certaines grandes équipes anglaises comme le Leeds United de 1975. En faisant miroiter ce grand classique du football insulaire, les Blues espèrent coller les miquettes aux Red Devils. C’était peut-être ça l’astuce d’Ancelotti pour relancer ses troupes durant la pause ce fameux soir du 1er mars dernier. Et chez les vieux grognards de Chelsea peut-être un peu plus qu’ailleurs encore, c’est souvent avec les vieilles recettes que l’on s’invite aux plus grands festins.
Par Dave Appadoo
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