Le foot va bien, merci pour lui
Loin des paillettes de la Ligue des champions, dont il avait l'habitude d'animer les cérémonies des tirages au sort à une époque pas si lointaine, Gianni Infantino, président la FIFA, était à Guingamp le week-end dernier pour assister à la victoire de Toulouse et éteindre une nouvelle polémique provoquée par une énième idée farfelue. « Il n'y aura pas de changement de règlement » , assurait-il au micro de beIN Sports au bord de la pelouse de Roudourou pour clore le débat sur une possible extension de la durée des matchs à 100 minutes d'ici la Coupe du monde 2022. Le dirigeant italo-suisse n'était pas dans les tribunes à Madrid ce mardi soir, où la deuxième période de la prolongation entre le Real et Chelsea a donné du crédit à son envie de lancer « une vraie réflexion sur le temps effectif » .

Infantino n'a pas toujours tout faux, mais il est rarement dans le vrai, lui comme ses copains de la FIFA, de l'UEFA et de toutes les organisations et instances où des bureaucrates aiment réfléchir au foot d'aujourd'hui et surtout à celui de demain. Les propositions lunaires imaginées par ces têtes « pensantes » ne peuvent même plus être listées tant elles sont nombreuses (des mi-temps de 30 minutes, des buts à l'extérieur de la surface qui comptent double, les nouvelles compétitions, le Mondial tous les deux ans, des changements illimités, etc.). Depuis la création du jeu, celui-ci a connu de nombreuses évolutions, et toutes ne sont pas bonnes à jeter - la suppression de la règle du but à l'extérieur pourrait par exemple trouver son public -, mais les grandes réformes imaginées à la FIFA & Cie risquent, à terme, de dénaturer un sport qui n'a pas perdu ses lettres de noblesse.
Le printemps qui chante
Le foot n'a pas non plus besoin d'une Superligue européenne, où les meilleurs, donc les plus riches, s'affronteraient chaque semaine ni d'un nouveau format de C1 incompréhensible avec un calendrier surchargé. La routine parfois ennuyeuse de la phase de poules est une mise en bouche nécessaire avant les grandes soirées du printemps. Ce qui est rare est précieux, personne n'a envie d'assister à un cinquième ou sixième Chelsea-Real Madrid en moins d'un an au mois d'avril. Ce mardi soir a également rappelé que les plus forts avaient le droit de perdre contre les plus petits, ce qui reste l'essence même de ce sport. Dans le monde rêvé de Florentino Pérez et Andrea Agnelli, Villarreal n'aurait jamais eu la possibilité de renvoyer le Bayern Munich à ses chères études. Cette Ligue des champions a des défauts, mais elle n'est pas encore tout à fait fermée aux invités surprises. L'Ajax, l'Atalanta, le RB Leipzig et Villarreal ont joué pour gagner leur place et pour faire la nique aux cadors. Ces dernières années, la compétition semble même plus ouverte et débarrassée de la domination outrageuse du Barça et du Real. Depuis 2019, le tenant du titre est à chaque fois tombé avant le dernier carré, comme Chelsea ce soir. Demain est un autre jour, une autre occasion de rêver et de rappeler que le football n'appartient pas à Gianni Infantino et ses copains.
Par Clément Gavard
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ? Proposez une correction à nos secrétaires de rédaction.