France-Argentine : « Quelque chose de spécial »
Depuis plusieurs jours, la France du football est en émoi. La raison ? La venue de la sélection argentine sur le territoire, avec à sa tête un certain Diego Armando Maradona. A Marseille, au Vélodrome qui plus est. Tout un symbole. Ce soir, c’est donc le grand soir. Ils seront là pour en découdre au cours d’un match amical qui passe finalement au second plan. Car l’attraction, la vraie, c’est lui : El Pibe de Oro, himself.
Tout a déjà été dit ou écrit. Mais la présence du gros frisé devrait donc réjouir tous les amateurs de ballon rond. Et les pros, aussi, qui lutteront activement sur la pelouse, à quelques pas de l’idole, pour l’honneur, le prestige et pour laver le dernier affront subi face aux Ciel et Blanc, au Stade de France (0-1).
Mais ces gars-là, bien que super motivés, en pinceront quand même un peu pour “Dieguito”, le Dieu. Et quoi qu’on en dise, le verront avec des yeux de gamins.
« Comment ne pas se souvenir de la main de Dieu, bien sûr, s’exclame le Bordelais Alou Diarra, dans un sourire volontairement non retenu. C’est une image qui a marqué ma jeunesse, tout comme sa dernière Coupe du Monde. Et c’est à mon avis le plus grand joueur de l’histoire. Il a marqué les esprits à son époque et le rencontrer avec sa sélection sera quelque chose de spécial » .
Un rendez-vous marquant, historique, presque unique. Car, même s’il n’occupera que le banc de touche, le fait qu’El Diez soit tout proche suscite excitation et admiration.
« Il a fait rêver beaucoup de gens. C’est un joueur mythique qui restera dans l’histoire du football. Et ce sera particulier de pouvoir être près de lui » , indique aussi Yoann Gourcuff.
« Je pense que son vécu lui permettra de réussir à son nouveau poste, reprend Diarra. C’est du moins ce que je lui souhaite. Après avoir eu une grande carrière de joueur, il a les capacités pour être un grand entraîneur. Ceci étant, il vaut mieux qu’il ne la commence vraiment qu’après le match face à la France. Mais oui, voir Maradona à Marseille sera quelque chose de vraiment particulier » .
Et tous savent qu’au-delà des clichés, cette confrontation entre deux des plus prestigieuses formations du monde, sera un vrai putain de test, avant de nouvelles perspectives ô combien importantes. Ce qui interdit de fait, tout excès de fan attitude.
« Le voir en vrai sera impressionnant… Mais on n’est pas là pour le regarder, renchérit “Têtu” Gourcuff. Il nous faudra plutôt nous concentrer sur nous-mêmes et réaliser un beau match en faisant du mieux possible, tout simplement » .
« Je serai dans la bulle de mon match et il faudra que je garde mes distances afin de ne pas me comporter comme un enfant, lâche dans un sursaut d’orgueil Diarra, la sentinelle girondine. Pour moi, c’est un des plus grands, mais je n’irai pas jusqu’à lui demander une signature ou un maillot ! Je suis professionnel, je fais mon métier, je suis international français et notre objectif sera de faire un bon résultat face à l’Argentine au cours d’une très bonne opposition entre deux équipes qui se valent. En face, il y aura des joueurs de très haut niveau, qui jouent dans les plus grands clubs, ce qui nous permettra de nous jauger, dans un très bon test, et dans l’optique des échéances à venir » .
Diego, donc, l’homme fort de se match. Le décideur. Celui qui définit et qui adoube ses héritiers. Celui auquel on cherche aussi, depuis des lustres, un successeur. Le seul, le tout puissant. Mais quid des autres ? Car il en va là d’une suprématie absolue, pour un poste de meilleur parmi les meilleurs.
« Maradona et Zidane, ce ne sont pas les mêmes époques, donc pas non plus les mêmes façons de jouer, explique un Gourcuff gêné d’être parfois affilié aux maîtres. On ne peut pas comparer car, avant, il y avait beaucoup plus d’espaces, avec un jeu beaucoup plus lent. Au fil des années, ces espaces se sont réduits et il y a eu de plus en plus de duels. Il est donc difficile d’établir une comparaison entre les deux… Et ces deux joueurs sont tellement forts, que je ne peux pas dire que je suis plus proche de l’un ou de l’autre » , confie-t-l encore, avec sincère humilité.
Et justement, le Zizou national, croisé en fin de semaine passée à Bordeaux, y est à son tour allé d’un petit commentaire émerveillé au sujet de l’Argentin. « Pour moi, Maradona, c’est 1986… Voilà ! A mon avis, rien ne s’est fait de mieux dans le monde, depuis. Je pense qu’il est difficile de refaire ce qu’il a fait à cette époque-là… Et je ne retiendrai que ça ! Qu’il vienne à la tête de l’équipe d’Argentine, c’est bien pour l’Equipe de France et pour Marseille. C’est un extraordinaire joueur qui a fait rêver beaucoup de monde, et qui m’a fait rêver » .
Mais au fait, qu’en pense Pelé ?
Par Laurent Brun
