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Aston Villa : un mutisme (bientôt) record
71 buts inscrits sur l'ensemble de la saison 2007-2008, 39 lors de l'exercice 2013-2014, presque la moitié… Ce ne sont pas les statistiques de Lionel Messi, mais bien celles, faméliques, d'Aston Villa. Entre un jeu ennuyeux et une pléthore de 0-0, le club n°1 de Birmingham - actuellement 16e de Premier League, avec 11 buts inscrits en 23 matchs - semble très loin de son statut d'outsider, encore imaginable il y a cinq saisons de cela.
« There was a striker, a Belgian striker called Christian Ben-te-ke. Two, three, four… À Ben-teke, a Ben-te-ke, a Ben-teke, a Ben-te-ke’
Aaaaaaaaa-eeeeee-eeeeee-um-Ben-tek-e » Arrivé en 2012 en provenance de Genk, Christian Benteke est rapidement devenu une idole à Villa Park. 19 buts lors de sa première saison, 10 l’année passée – ce qui, avec les passes décisives, correspond à un pied sur un tiers des buts villans. Avec son abattage et son physique de déménageur, Benteke a toujours eu le don de dynamiter les défenses anglaises… jusqu’à sa blessure au tendon d’Achille en avril dernier. Après une Coupe du monde passée devant sa télé, le géant belge est revenu à Birmingham en revalidation, mais depuis son retour sur les pelouses, ce n’est pas folichon. Un but sublime contre Man U, un autre tout aussi beau et décisif à Crystal Palace, mais c’est tout. Ah, il y a aussi cette claque contre Tottenham qui l’a écarté des terrains trois matchs durant. Bref, après deux saisons à haut niveau, Benteke connaît un fameux contrecoup.
Agbonlahor 51e meilleur buteur
Mais il n’est certainement pas le seul à blâmer. Gabriel Agbonlahor ne semble plus vraiment capable de claquer 10 buts sur une saison. Et pourtant, avec Andreas Weimann, c’est lui l’actuel meilleur buteur d’Aston Villa avec trois réalisations (soit le 51e meilleur buteur de Premier League, juste devant Morgan Amalfitano). Si on combine en plus les deux assists de Weimann avec les chiffres de Benteke (deux buts, une passe décisive), les trois cocos arrivent à un total de 11 actions décisives cette saison. Aberrant. Où est Joe Cole ? Où est Tom Cleverley ? Le match contre Liverpool de la mi-janvier est un bon exemple pour exprimer le malaise des gars de Birmingham. Une entrée dans le match tout à fait correcte, un jeu direct, plutôt vers l’avant, de nombreuses occasions, de nombreux ratés, un but concédé, de nouvelles occasions, de nouveaux ratés, avant de plier une deuxième fois. Merci, au revoir. Dans ce contexte-ci, il ne faut pas chercher des milliers d’explications : la confiance n’est plus là depuis le 20 décembre et ce but de Benteke contre Manchester United.
Deux sales records en vue
Le problème, c’est qu’à force de rester muet, les hommes de Paul Lambert se rapprochent progressivement de deux records. Commençons par le plus proche, qui n’est cependant peut-être pas le plus abordable. Muets devant les buts adverses depuis leur match contre Man U, les joueurs d’Aston Villa cumulent actuellement 612 minutes sans marquer de but. C’est 224 minutes de moins que le record de Premier League, toujours détenu par Crystal Palace. Durant la saison 1994-1995, les Eagles avaient attendu 836 minutes et un but de Ricky Newman pour enfin lever les bras au ciel après une réalisation. Il reste donc deux matchs et 44 minutes à Aston Villa pour éviter d’entrer dans l’histoire de manière malheureuse. Le prochain match, c’est contre Chelsea… On va donc éviter de rêver du côté de Villa Park. La semaine d’après en revanche, Villa se déplace chez Hull City, 7e pire défense du championnat et qui vient de passer trois matchs sans marquer. Si Benteke et co se taisent encore pendant 90 minutes, il restera presque une mi-temps contre Stoke pour éviter d’être la risée de l’Angleterre.
Le deuxième record qui pend au nez des Lions reste celui du plus petit nombre de buts inscrits en 38 matchs de Premier League. Pour le moment, c’est toujours Derby County qui tient l’affaire, avec 20 pions lors de la saison 2007-2008 qu’ils ont terminée lanterne rouge avec 11 points. Ce qui étonne, c’est que de son côté, Aston Villa en a déjà le double à 15 journées de la fin. Quand on analyse les résultats, cinq victoires, six nuls, jamais plus de deux buts inscrits en un match, pas une seule victoire avec deux buts d’écart, quatre 0-0, et un petit but inscrit lors des 11 défaites des Clarets and Blues.
Des joueurs décevants
Les supporters s’emmerdent, c’est le moins que l’on puisse dire, et ils se retrouvent à devoir encourager des (ex) (futures) stars payées grassement pour finalement ne pas montrer grand-chose. Le cas Cleverley est désormais bien connu (voir So Foot n°120), Joe Cole n’a plus rien prouvé depuis son départ de Chelsea en 2010, Charles N’Zogbia joue moins de 20 matchs par saison, Fabian Delph va quitter le club en fin de saison, et à côté de ça, le très bon capitaine Ron Vlaar s’est blessé début janvier. Brad Guzan, rare éclaircie dans les perches, vient de prendre à Arsenal près de la moitié des buts que son équipe a inscrits en 23 matchs. À titre de comparaison : Hambourg, la seule équipe qui a moins marqué qu’Aston Villa dans les grands championnats d’Europe, avec 9 réalisations en 21 matchs. Moins rassurant en revanche : Parme et ses 9 malheureux points au fond de la Serie A a déjà inscrit 20 buts… en 21 matchs. Bonne chance, Villa !
Par Émilien Hofman