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Youssef Sy : « Pogba a eu mes tee-shirts par son coiffeur… »

Installé au Japon depuis 5 ans, Youssef Sy est en train de se faire un petit nom au sein des sportifs français, grâce à des tee-shirts, dont un pour Paul Pogba.
La dernière fois que Paul Pogba s’est retrouvé en Allemagne, pour un match à élimination directe, c’était pour la dernière finale de C1 contre le Barça. Et tu es passé à deux doigts d’un très gros coup, grâce à un tee-shirt…Oui, peu de temps avant la finale contre le Barça, j’ai réussi à lui offrir, via son coiffeur, un tee-shirt que j’avais designé. En fait, son coiffeur, c’est un bon pote à un très bon pote à moi. Il va à Turin une fois par mois parce que Paul se fait en gros une nouvelle coupe de cheveux par mois. J’ai donc passé mes tee-shirts au coiffeur. Le jour d’après, Pogba dit à son coiffeur qu’il aimerait avoir 17 tee-shirts pour lui, sa famille et ses potes, pour la finale de C1. J’ai réussi à lui faire envoyer à Paris dans les temps. Et du coup, toute sa famille et ses amis se sont retrouvés en tribunes à Berlin, contre le Barça, avec mon tee-shirt « La Pioche » . Si la Juve avait gagné, ça aurait été un énorme coup, mais bon. Imagine-les tous avec ce tee-shirt, alors que Paul leur apporte la coupe aux grandes oreilles… Mais bon, c’est le jeu aussi, hein, faut avoir de la chance parfois.
C’est un regret ?Honnêtement, non, pas du tout. C’est comme ça. De toute façon, il y aurait eu un problème de droits et d’images parce que Pogba était en embrouille avec son ancien agent sur ces histoires-là justement. C’était un peu chaud parce que, finalement, c’était l’un des seuls top joueurs qui ne pouvaient pas être sponsorisés par Nike, Adidas, Puma, ce que tu veux. Donc Pogba n’a pas pu porter « publiquement » mon tee-shirt. En revanche, il a dit à mon pote que dès que c’était réglé, il le porterait.
Tes tee-shirts sont tous identifiables, avec un « personnage signature » , avec une forme particulière, qui se décline ensuite en avatars des sportifs que tu cibles. Comment est née cette idée dans ta tête ? En fait, je bossais pour Havas depuis 4 ans et j’en avais un peu marre. J’avais créé mon site internet en 2006, avec le petit perso signature. J’ai eu de bons feedbacks et on m’a parlé un jour de toy design. Je n’y connaissais pas grand-chose, alors je m’y suis intéressé. Par rapport au délire que j’avais créé sur le site internet, je me suis dit pourquoi pas aller plus loin, faire des maquettes, des figurines. Et à la suite de ça, je me suis dit pourquoi pas faire des tee-shirts. Et j’ai regardé ce qui se faisait un peu à l’étranger, surtout au Japon, un coin qui m’intéressait depuis longtemps déjà. Et j’y suis allé en 2008, pour un mois, avec un de mes meilleurs potes, un ancien stagiaire de chez Havas. Le Japon m’a hyper plu, et je suis revenu en tant que freelance, avec la contrainte suivante : si ça marchait pas mal au bout de deux ans, fallait que je tente ma chance à fond là-bas. Je m’y suis définitivement installé en 2011. Je m’en souviens très bien, c’était un 26 février, deux semaines avant le grand tremblement de terre de mars 2011. C’était le bordel, même à Tokyo, un peu moins de 7 sur l’échelle de Richter je crois – et pourtant l’épicentre était au nord-est, dans l’océan, face à Sendaï. Mais ici, à Tokyo, tout le monde s’attend au Big One, un jour ou l’autre, avec l’épicentre à Tokyo.
Pourquoi t’es parti sur ces idées d’avatars pour tes tee-shirts ?Je pars d’une base, mon personnage signature en gros, et je lui voulais un compagnon de route à l’époque, avec une tête très ronde, une grande bouche et pas d’yeux. Au début, je n’avais pas mis de bandeau. Après si. Et j’ai décliné ces avatars à partir des têtes de mes potes, en gardant le sourire et la coupe de cheveux comme signes distinctifs. Ça a attiré l’attention et je suis allé plus loin en essayant de pénétrer l’univers du manga, dont je suis un grand fan, et du sport, que j’adore aussi.
Et ton réseau dans le sport ne tient qu’au coiffeur de Pogba ou t’as pu t’immiscer par un autre biais ?J’avais une bonne connexion avec le projet N.O.L.A Circus, un film produit par Boris Diaw et pleins d’autres. En gros, je me suis occupé de la charte graphique de ce projet, de leur site internet, du logo. J’ai profité de ça pour tester des tee-shirts personnalisés pour les sportifs en fait. J’avais commencé avec Maxime Mermoz, ensuite Luc Abalo, Ian Mahinmi, Louis Saha, Mickael Ciani. Saha a apporté quelques tee-shirts lors d’une émission sur beIN Sports, et ils avaient plu à l’équipe de l’émission. Donc, quand je suis rentré en France et au printemps 2014, je suis allé à la rencontre de beIN pour leur proposer un partenariat pendant le Mondial 2014, en leur faisant un modèle pour la Coupe du monde, pour leurs chroniques. Ils étaient super enthousiastes de porter les tee-shirts à la télé. Et c’est parti de là.
Paraît que t’as été bien accepté par le milieu du hand français aussi…Oui. Au départ, pour le jour de la Coupe du monde de handball, j’avais fait l’avatar de Nikola Karabatic, que j’avais réussi à contacter sur les réseaux sociaux. Il a bien aimé et le reste de l’équipe aussi. Si bien que les autres joueurs m’ont ajouté sur Twitter, Instagram etc. Du coup, j’ai fait des « créa » pendant toute la compétition. Eux, ils suivaient ça pendant toute la compétition et quand ils ont gagné le titre, je les ai contactés directement pour leur envoyer le tee-shirt. Ils m’ont tous filé leur adresse pour que je leur envoie. Ça a créé un petit engouement, et les gens se demandaient où ils pouvaient se procurer le tee-shirt. Donc j’ai mis en vente pendant deux semaines. J’en ai vendu une centaine. Au début, quand la fédé a vu ça, ça s’est passé moyen, mais comme les joueurs me soutenaient, qu’ils étaient dans mon délire, l’attaché de presse de l’équipe m’a mis en relation avec la personne qui gère la boutique. On s’est mis en d’accord et on s’est lancé en montant une campagne en novembre-décembre, avec une photo officielle et tout. La fédé m’a acheté plus de 500 tee-shirts et apparemment, ça a bien marché. C’est cool.
T’arrives à en vivre, de ces tee-shirts ou pas ?Non, pas encore. Mais j’espère qu’en 2016, je vais faire décoller la chose. Là, j’ai une bonne base pour pouvoir bien avancer cette année. J’ai eu de la chance au Japon parce que j’ai collaboré avec Canterbury et l’équipe de rugby de Yamaha en 2015… et ils ont terminé champions, avec la nouvelle star du rugby japonais, du sport japonais même, Ayumu Goromaru. Mon travail a été introduit à la fédé de rugby, le sport qui a super la cote en ce moment au Japon. Bon, comme ils étaient déjà en collaboration avec les studios qui ont créé Astroboy, on a remis ça à plus tard, mais je pense que ça va se faire un jour. Sinon, j’ai des touches avec l’équipe de foot de Yamaha, les Jubilo d’Iwata et les Yokohama Marinos aussi, entraînés par Erik Mombaerts. Je vais lancer ça, on va voir ce que ça va donner.
Et l’équipe de France pour l’Euro, t’as réussi à mettre le pied dans la porte ou pas ?Je n’ai pas de contact direct avec la Fédé et on m’a dit qu’ils étaient un peu plus compliqués. Pour le hand, les joueurs ont poussé, parce que, dans le hand français en tout cas, j’ai l’impression que les joueurs ont plus de pouvoir que les personnes de la fédé. Dès qu’ils font un truc, on les écoute, alors qu’à la FFF, c’est un peu différent quand même. Les joueurs ont certes un pouvoir, mais pas celui d’influer sur une marque ou une autre à promouvoir dans le cadre de l’équipe de France.
Un des Français les plus connus au Japon, mis à part Ducasse et Jacques Chirac, c’est Teddy Riner. Est-ce que t’as tenté de lui mettre un tee-shirt sur le dos ?Oui, et il est costaud hein. Mais bon, disons qu’il n’était pas très réceptif, open (rires). En fait, je suis allé lui parler au Kodokan, le temple du judo à Tokyo. Je connaissais bien Lucie Décosse, à qui j’ai fait un tee-shirt. J’essaie de lui expliquer ce que je fais et lui, direct, il me fait « Ouais, bonjour. » Bon, ok. Je commence à lui parler et je vois qu’il lève le sourcil droit et qu’il baisse le gauche. « Franchement, je suis sponsorisé déjà, j’ai plein de contrats, c’est chaud quoi. Même une photo, je peux pas le faire. » Moi, à vrai dire, je m’en fous, je suis pas une groupie hein, donc je m’en vais sans avoir pu lui montrer quoi que ce soit. Sauf que Teddy connaît bien Boris Diaw. Et il a kiffé son tee-shirt. « Où est-ce que je peux l’avoir ? » qu’il lui dit. Du coup, Boris lui a donné le sien. Ironie du sort, Teddy Riner s’est retrouvé avec mon tee-shirt finalement. Il devait être mal luné quand je l’ai rencontré, ça peut arriver, hein…
Le Facebook de Youssef, si vous voulez suivre ses avancées japonaises
La gardienne du Bayern de retour à l’entraînement après avoir vaincu le cancerPropos recueillis par Ronan Boscher, à Tokyo