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Barco, bientôt sur vos écrans

Par Thomas Broggini, à Buenos Aires
5 minutes

C'est l'histoire d’un génial milieu de 19 ans, Valentín Barco de son nom, au fort tempérament et aux cheveux roux, qui rêve d’offrir la Copa Libertadores à Boca Juniors, ce samedi, avant sans doute de rejoindre un grand club européen. Bande-annonce en avant-première.

Barco, bientôt sur vos écrans

Il y a mille façons de combattre l’angoisse. Pour Darío Chaile, la solution a surgi « au milieu de la nuit », dix jours avant la finale de la Copa Libertadores face aux Brésiliens de Fluminense, prévue samedi à 21 heures, l’événement qui obsède tous les supporters de Boca Juniors. « Plutôt que de tourner en rond chez moi, j’ai décidé de me rendre à Rio de Janeiro en roulant à vélo et en faisant du stop, s’esclaffe ce coiffeur argentin résidant à La Plata. J’ai préparé un sac à dos et je suis parti. » Sur le trajet de 2700 km entre la capitale de la province de Buenos Aires et la cidade maravilhosa, où environ 100 000 compatriotes ont déferlé ces derniers jours, cet hincha « un peu fêlé » n’a pas laissé son esprit s’égarer bien loin : il a « beaucoup pensé » à Valentín Barco, la révélation de la saison en Argentine. « Logique, car il n’a peut-être que 19 ans, mais c’est déjà un joueur majeur de cette équipe », admire l’aventurier, persuadé comme d’autres que « si Boca en est là, c’est en grande partie grâce à lui ».

Il aurait aussi pu mentionner le gardien Sergio Romero et l’attaquant Edinson Cavani« des raisons supplémentaires » de croire à un sacre qui fuit les Bosteros depuis 2007, mais c’est au nouveau chouchou de la Bombonera, pur produit du centre de formation, qu’il préfère accrocher ses rêves de Séptima. Un môme d’1,70 m aux cheveux roux, à la mine sérieuse et au pied gauche soyeux qui n’en finit plus de faire parler de lui. « C’est un sacré joueur », l’a récemment encensé Sergio Agüero, qui n’imagine pas une seconde que le talentueux milieu de terrain « reste longtemps ici ».

Audacieux, insolent et bankable

Une référence à l’intérêt de grands clubs comme Manchester City ou la Juventus, évoqués par plusieurs médias argentins ces derniers mois. Sous contrat jusqu’en décembre 2024, Barco aurait d’ailleurs pu rejoindre dès cet été les Citizens de Pep Guardiola, à en croire les informations de la presse locale, mais a préféré rester à la maison pour disputer la plus prestigieuse des compétitions en Amérique du Sud. Depuis, « Colo », comme il est surnommé ici, aligne les prestations de haut niveau et sa clause de départ (10 millions de dollars, soit environ 9,5 millions d’euros) ne paraît désormais plus si élevée pour un joueur ayant seulement marqué un but et délivré trois passes décisives en 30 matchs chez les professionnels. Des statistiques qui traduisent mal sa grande influence au sein d’une équipe pas toujours sexy à regarder. « Sa rencontre référence, considérant l’enjeu, le contexte et les attentes, c’est la demi-finale retour sur la pelouse de Palmeiras (1-1, 4-2 aux tirs au but ; 0-0 à l’aller), estime Katia González, journaliste qui suit le mythique club de Buenos Aires pour Radio Güemes. Il a été exceptionnel. »

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Déjà fantastique à l’aller, Barco a étalé au Brésil tout ce qui fait de lui « un joueur différent », pour reprendre les mots employés par la légende Jorge Valdano sur ESPN : une activité incessante dans son couloir gauche, une capacité à casser des lignes par la passe ou le dribble, des replis défensifs, une attitude de leader dans la tempête, beaucoup d’audace et même quelques dingueries, à l’image de cette tentative de corner direct frappé de l’extérieur du pied et terminant sur le poteau ou de cette pisada, geste consistant à se mettre debout les deux pieds sur le ballon, qui a fait jaser. « On ne peut pas lui couper les ailes, mais il ne faut pas non plus qu’il génère de la haine chez ses rivaux », l’a publiquement recadré Mauricio Serna, le directeur sportif des Xeneizes, au micro de D Sports Radio.

« Il n’a peur de rien »

« C’est le genre de truc qu’il fait depuis toujours, il n’a peur de rien », pardonne Edgardo Sánchez, l’éducateur ayant convaincu le célèbre dénicheur de cracks Ramón Maddoni de prendre Barco à l’essai à Boca lorsqu’il avait 9 ans. « Plus jeune, il avait un gros tempérament, était petit, excellent techniquement, détestait la défaite et ne souriait déjà pas beaucoup », raconte tendrement le quinquagénaire, formateur au sein du club amateur Norberto de la Riestra, basé à Veinticinco de Mayo. C’est dans cette localité située dans la province de Buenos Aires que mini-Colo a commencé à taper dans un ballon. « Pendant plusieurs années, ses parents, d’origines modestes, faisaient plus de 400 km aller-retour depuis ici pour l’emmener à l’entraînement avec Boca après l’école, poursuit Edgardo Sánchez. C’était un garçon normal. Il pensait football, football, football, rien d’autre. Un phénomène. »

Apparu pour la première fois en équipe première quelques jours avant de fêter ses 17 ans, l’international U20 a explosé cette saison sous la conduite de Jorge Almirón, qui l’a utilisé aux postes de latéral, piston et milieu gauche avec une réussite égale, lui confiant aussi la responsabilité de tirer les coups de pied arrêtés. « Il a été formé en défense, mais on l’a convaincu de jouer plus haut pour pouvoir profiter de sa lecture du jeu et de sa qualité de frappe et de centre exceptionnelle, car c’est un joueur vraiment complet », éclaire Oscar Regenhardt, ex-coordinateur des catégories de jeunes à Boca. S’il reconnaît que le numéro 19 « doit apprendre à respecter ses adversaires », le formateur est lui aussi certain que son poulain possède « toutes les qualités pour briller en Europe et rejoindre un jour la sélection ». La journaliste Katia González acquiesce : « Sa trajectoire est similaire à celle de Julián Álvarez (transféré de River Plate à Manchester City en janvier 2022). Je ne sais pas s’il sera convoqué pour la Copa América, mais il sera au prochain Mondial, sans doute. » Un peu de patience : Barco débarque.

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Par Thomas Broggini, à Buenos Aires

Propos recueillis par TB, sauf Agüero (interview Star Plus) et Valdano (ESPN). 

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