Toutlemonde et les nobodys de la Coupe de France

« En 97-98, on a joué contre Lorient au 7e tour. J’étais dans les tribunes à l’époque, mais le souvenir, ce sont des commerces aux couleurs du club à Maulévrier, l’ambiance dans les tribunes en plus face à des Lorientais, des gens de notre région. » Chez Cyril, dirigeant de l’USTM, l’émotion est toujours vive. Cette émotion, ces couleurs sur les devantures, seule la Coupe de France les ont apportées à cette commune de 3000 habitants. Il faut dire qu’à l’époque, jouer le leader de Ligue 2 est un véritable événement pour le club de niveau Ligue. Et qu’importe le résultat, une belle claque affichée à 8-2 sur le tableau. Un parcours comme celui-ci, s’il n’apporte pas de titre, marque les esprits des joueurs et de leurs supporters. Presque vingt ans se sont écoulés sans que pareil exploit ne soit répété. Presque 20 ans se sont succédé, avec chaque année, l’espoir d’une épopée glorieuse, soit-elle limitée à quelques tours. Depuis, le club a changé de nom, fusionné, mis en commun ses moyens sans jamais parvenir à se refaire une place au sein de nombreuses équipes qui la précédent dans la hiérarchie nationale. Mais la Coupe restant la Coupe, l’US Toutlemonde Maulévrier ne désarme pas. Et espère une nouvelle fois décrocher ce Graal modeste mais tant convoité.

Fusion !

D’autant qu’à l’USTM, l’histoire est à construire. En manque d’effectif pour garnir leurs équipes, Maulévrier et Toutlemonde, petit village voisin d’environ 1500 habitants, ont décidé de fusionner en 2011 pour afficher complet : « Il y a eu un renouvellement de générations, explique Mathieu Bécot, l’entraîneur-joueur du club, du coup, on a plus que des jeunes joueurs ou presque dans l’équipe. » Cyril poursuit : « Maulévrier a un passé glorieux dans la Coupe d’Anjou et Atlantique, on jouait à un bon niveau jusque dans les années 90. Mais les gens partent rapidement faire leurs études ailleurs, et ceux qui restent prennent parfois plus ça comme un loisir. » Pourtant, s’il est une chose à ne pas galvauder aux yeux du coach, c’est bien cette Coupe de France qui s’avance. Premier match officiel de la saison, la rencontre face à Montournais-Ménomblet, situé deux divisions en dessous, sonne tout autant comme un départ que comme objectif sérieux : « Quand on reprend, je leur dis qu’on se prépare pour le championnat, mais je rappelle également que la première échéance, c’est la Coupe de France. En plus, on a trois week-ends de Coupe avant le championnat dans notre ligue, donc faut se préparer vraiment ! » détaille Bécot avant d’analyser : « Il y a une implication différente du championnat, il faut se dire que tout se joue le jour J. Faut que les joueurs en aient envie. Beaucoup d’entraîneurs de club de niveau supérieurs m’ont dit : « La coupe, c’est secondaire. » Alors que dans des clubs comme les nôtres, c’est une chance d’avoir cette compétition. » Et Bécot n’est pas là pour faire des bisous. Entre coups de fil aux clubs s’étant frottés à l’adversaire du week-end et mise en place en fonction des deux-trois individualités remarquées par les émissaires, le coach ne souhaite rien laisser au hasard pour sa répétition générale. Avec un seul objectif : atteindre le 4e tour.

À la conquête du maillot

Le 4e tour n’est pas qu’une ligne d’arrivée. Il est surtout le stade de la compétition où les joueurs se voient offrir les maillots officiels de la compétition. Un prix somme toute relatif en apparence, mais qui revêt une importance capitale pour les joueurs du dimanche : « Si on va au maillot, ça voudra dire qu’on a éliminé des équipes supérieures. Si on les a, on fait quelques matchs avec eux et on les redonne aux gars en fin d’année. Ils les mettent pour les entraînements, ils sont fiers. » Symbolique, la récompense échappe pourtant à l’USTM depuis trois ans et autant d’éliminations au 3e tour. Mais cette saison, Mathieu Bécot a décidé de mettre les chances de son côté. Un court stage aux Sables d’Olonne pour forger l’esprit d’équipe, et les joueurs s’avanceront peut-être vers leur déplacement de 50km avec plus d’ambition. Car, comme aime à le rappeler Cyril aux ouailles jeunes mais fragiles de l’USTM, « les mecs d’en face ont deux pieds, deux bras comme nous, faut juste qu’ils en veulent. Il faut qu’ils s’endurcissent, qu’ils prennent confiance en eux » . Mathieu Bécot sait également que le chemin sera long : « L’an passé, on a joué une DSR au 3e tour, tout le monde était content d’affronter un adversaire de ce niveau. Au final, on prend 6-0. On n’a pas touché le ballon du match. On en a rigolé après, mais c’était le 3e tour, on aurait eu les maillots après. L’espoir est retombé très très vite… » Alors, prudence est de mise avant cette première rencontre a priori abordable. Et si Bécot dispose de quelques clefs pour atteindre son objectif de victoire, notamment « un gardien qui joue l’intox en donnant l’impression d’être passif avant d’exploser » , la concentration reste de mise. Pour ne pas anéantir l’espoir d’une nouvelle conquête, et comme le fantasme Cyril dans un sourire, s’offrir une revanche face à Lorient : « Pour le clin d’œil, ce serait beau. Sans en prendre plus de 5 cette fois-ci (rires). » Toutlemonde le souhaite.