On a conté leurs nuits légendaires au coin du feu. Elles ont porté les espoirs et fait la fierté de leur peuple. Elles ont même stoppé des guerres quand elles ne les ont pas subies. Pas forcément sur les meilleures pelouses, mais toujours dans la plus grande ferveur. Elles, ce sont les générations dorées des sélections africaines, dont voici les 50 plus marquantes.
Février 1957. Dans les salons clinquants du Grand Hôtel de Khartoum, au Soudan, les quatre nations africaines affiliées à la FIFA viennent de créer la Confédération africaine du football (CAF). Par leur initiative conjointe, l’Égypte, le Soudan, l’Éthiopie et l’Afrique du Sud signent la toute première manifestation unitaire du continent, six ans avant la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Pour fêter ça, la toute première CAN de l’histoire est organisée quelques jours plus tard, sans l’Afrique du Sud toutefois, exclue au dernier moment pour cause d’apartheid. Alors que l’Égypte de Nasser se pose en porte-étendard de la lutte contre les puissances coloniales, celle du buteur Ad-Diba s’impose comme le visage de cette émancipation par le football : en finale de cette première cuvée de la CAN, l’attaquant égyptien plante un quadruplé et permet aux Pharaons de triompher face à l’Éthiopie. Ad-Diba est d’ailleurs particulièrement apprécié du président égyptien, qui le reçoit à plusieurs reprises. Deux ans plus tard, l’équipe change presque du tout au tout, mais cela ne fait rien : cette fois sous les couleurs de la République arabe unie (du nom de l’État unissant Égyptiens et Syriens de 1958 à 1961, reflet du panarabisme cher à Nasser) et emmenés par Mahmoud Al-Gohary, les Pharaons conservent leur titre, s’imposant comme le poste avancé du football continental. CMF
19/ Sénégal 2022
Les finales ne sont pas toujours les meilleurs matchs de foot. Mais certaines sont bien chargées en dramaturgie. Celle de la CAN 2021, reportée à 2022, n’en a pas manqué. Elle opposait deux coéquipiers de Liverpool, l’Égyptien Mohamed Salah et le Sénégalais Sadio Mané. Les deux meilleurs joueurs du continent assurément, et du monde potentiellement. Tous deux poursuivaient le même objectif : être sacré avec leur sélection nationale. Après 120 minutes de jeu, le score est toujours 0-0, obligeant les deux équipes à se départager lors de la séance de tirs au but. Côté sénégalais, Bouna Sarr manque le troisième penalty, tandis que pour l’Égypte, Mohamed Abdelmonem et Mohanad Lasheen échouent. Le titre est au bout du pied de Sadio. Avec sang-froid et précision, l’attaquant place le ballon à ras de terre dans le petit filet gauche et délivre son peuple. Après avoir perdu les finales de 2002 et 2019, les Gaïndés tiennent enfin leur toute première couronne continentale, au nez et à la barbe des recordmen de la compétition. Salah, quant à lui, attend toujours son premier succès à la CAN. Comme un symbole de la grandeur du duel, ce soir-là, c’est Sadio Mané qui est venu le relever et sécher ses larmes. Lui a trouvé la lumière et l’éternité. JE
18/ Guinée 1976
La Guinée 1976, c’est l’histoire d’une équipe qui passe à deux doigts de tout rafler… et qui finit avec rien dans les mains. Cruel, donc parfaitement africain. À l’époque, la CAN se joue dans un format étrange : une poule finale à quatre équipes, pas de finale, pas de penaltys pour se rattraper. Juste des matchs, et le meilleur gagne. Mauvaise nouvelle pour le Syli National. Cette génération-là est solide, dense, sûre d’elle. Le pays de Sékou Touré mise beaucoup sur le football comme vitrine politique, et la sélection est préparée sérieusement. Le patron, c’est Chérif Souleymane, Ballon d’or africain 1972, milieu élégant, cerveau de la bande, respecté sur tout le continent. Autour de lui, une bande disciplinée, habituée aux grands rendez-vous, qui ne débarque pas en Éthiopie pour faire du tourisme. Dans la poule finale, la Guinée fait le job. Victoire contre l’Égypte, nul contre le Nigeria, et ce fameux match contre le Maroc. Les Guinéens mènent, tiennent le titre dans leurs bras… avant de se faire égaliser en fin de match. Résultat : le Maroc est champion, la Guinée termine deuxième, et l’histoire retient surtout ceux qui soulèvent la coupe. Guinée 1976, c’est une génération sans trophée mais avec une vraie gueule. Une équipe qui a dominé son tournoi sans aller au bout. Pas de photo avec la coupe, mais un statut durable : celui d’un éternel presque champion. Et parfois, ça marque autant qu’un titre… Ou pas ? MH
17/ Afrique du Sud 1996-2000
72e et 74e minutes de la finale de CAN 1996 : à peine entré, Mark Williams achève la Tunisie d’un doublé express. Belle histoire pour le Graveleine sudaf’ (16 clubs en 15 ans de carrière, sur 4 continents). Comme celle de sa sélection, qui profite de sa première participation dans le tournoi (qu’elle organise) pour faire sauter la banque, quatre ans après la fin de l’apartheid et son retour aux compétitions, et quelques mois après l’exploit similaire de la bande de François Pienaar en rugby. Quelle génération dorée Bafana Bafana pour rendre fier Nelson Mandela ! Lucas Rabede, futur captain de Leeds et demi-finaliste de la C1 2001, est le meilleur défenseur de l’histoire du pays. Le milieu offensif Josh Moshoeu fera les belles heures de Fenerbahçe et de Bursaspor, tandis que Shaun Bartlett et Phil Masinga se classeront dans le top 5 des meilleurs buteurs de la sélection. Mieux : deux ans plus tard, le jeune Benni McCarthy, futur champion d’Europe avec Porto, plante 7 caramels dès sa première CAN et ramène les siens en finale, cette fois-ci perdue contre l’Égypte. Sans oublier une première participation à un Mondial en 1998 et le podium gratté à la CAN 2000. Non, l’Afrique du Sud de la deuxième moitié des nineties n’est pas que celle du pauvre Pierre Issa. VM
16/ Cameroun 2000
À cette époque, le Cameroun rafle tout, à commencer par sa toute première CAN en 2000, tout simplement « le plus beau souvenir »de Samuel Eto’o. Mais la plus belle histoire des Lions est sûrement celle des JO de Sidney, en septembre 2000. Le Cameroun joue sa survie olympique en quarts de finale contre le Brésil de Ronaldinho, Lúcio et compagnie. La veille, une proposition circule : 600 000 dollars par joueur pour perdre 2-1. C’est la mafia asiatique qui est à la manœuvre. « Regardez, on n’a rien pris et on a gagné », racontera plus tard le Camerounais Serge Branco. À neuf contre onze, après une égalisation brésilienne à la 92e minute, les Lions indomptables terrassent la Seleção sur un but en or de Modeste Mbami. Ce soir-là, quelque chose bascule. En demi-finales, portée par un Patrick Mboma étincelant, les Lions ne s’arrêtent plus, renversent le Chili de Zamorano et Salas en cinq minutes. En finale, menée 2-0 par une Espagne blindée de futurs cadres (Xavi, Puyol, Capdevila), elle revient, égalise sur un éclair de Samuel Eto’o, puis s’impose aux tirs au but. À 16 ans, Carlos Kameni devient le plus jeune champion olympique de l’histoire du football. C’est la naissance d’une étoile, Samuel Eto’o. Le Cameroun décroche à Sydney la première médaille d’or olympique de son histoire. Au retour, une foule inimaginable envahit l’aéroport. Vingt-cinq ans plus tard, cette épopée reste unique : un tournoi gagné à l’envie, contre l’argent sale, contre la logique. La sélection empochera une autre CAN en 2002, pour parfaire son âge d’or. Il s’agit de l’époque du mythique (et sulfureux) maillot sans manches. CM
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Elles étaient ensemble à La Belle Équipe, l'un des bars pris pour cible par les terroristes le 13 novembre 2015. Elles ont survécu. Sept ans plus tard, entre peur, culpabilité et solidarité, elles racontent comment elles se sont reconstruites.