Tonnerre de Breizh
Les pires jeux de mots sur la Bretagne vont être faits à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 10 mai prochain, lendemain de la finale de Coupe de France qui opposera Rennes à Guingamp. N'empêche, ce matin, tout le monde aimerait bien avoir des origines bretonnes, bouffer des crêpes, jouer du biniou, ou s'enivrer tout connement au chouchen jusqu'à ce que coma éthylique s'en suive. Etre déjà sorti avec une fille un peu bretonne, voilà la solution pour se sentir légitimement imprégné de cette hype.
Comment ça « le soleil se lève à l’Est » ? Pendant toutes ces années, Galilée, Isaac Newton et les frères Bogdanov nous ont menti. Comme d’habitude, le Français est tombé dans le panneau. Comme d’habitude, le football est venu balayer ces vieux meubles pour y instaurer sa propre vérité.
Le soleil, c’est à l’Ouest qu’il se lève. Une preuve ? Les quatre clubs qui fouleront la pelouse du Stade France pour les finales de coupes nationales sont des clubs bretons. Au programme : Bordeaux-Vannes ce samedi 25 avril en Coupe de la Ligue, Rennes-Guingamp le 9 mai en Coupe de France. Quatre villes, et autant de raisons de se délecter de cette suprématie bretonne.
Bordeaux
Et depuis quand Bordeaux n’est pas en Bretagne ? Comme le Mont-Saint-Michel –patrimoine national un peu bâtard en raison des guéguerres entre Bretons et Normands- la ville de Bordeaux n’a ni père ni mère. Ouais. Si quelqu’un avait eu la bonne idée de rayer de la carte le Poitou-Charentes et les Pays de Loire, on utiliserait souvent la variante « Breton » pour désigner les joueurs au maillot marine et blanc. C’est difficile à accepter mais c’est comme ça. Et puis qui peut vraiment savoir avec qui la tectonique des plaques aura envie de danser demain ?
Enfin et surtout, Mélanie Coste, Sophie Davant et Pierre Palmade sont nés à Bordeaux. Et les imaginer fêter tous les trois la victoire bordelaise, ça fout la chair de poule.
Vannes
Le football est né en Angleterre, son avenir n’est sûrement pas à Vannes. En attendant, le chef-lieu du Morbihan, actuel 9e de Ligue 2, s’apprête à en découdre avec les Girondins sans aucun complexe, malgré le double fait que le club possède la plus mauvaise attaque de Ligue 2 (26 buts en 32 matches) et un meilleur buteur qui s’appelle Lebouc.
Malgré tout, le 5-6 est in da place, et côté sportif, son plus bel ambassadeur se trouve sur le banc, ne porte pas de lunettes, et n’enfile plus de short depuis belle lurette. Le type en question s’appelle Stéphane Le Mignan, a 34 ans, ce qui fait de lui le plus jeune entraîneur pro de l’hexagone. Il est né dans le Morbihan, y travaille, et le corbillard qui le conduira au paradis sera sûrement immatriculé 56. Son nom garantit qu’il est un autochtone, et son avenir prouvera qu’il est le digne successeur de Coco Suaudeau. En somme, Stéphane Le Mignan, c’est un mec qu’il sera bon de côtoyer quand il aura entre 45 et 65 ans.
Enfin et surtout, Hélène de Fougerolles, Louise Bourgoin et Patrice Loko sont nés à Vannes. Et les imaginer fêter ensemble (dans le même pieu) le sacre vannetais, ça fait quand même froid dans le dos.
Rennes
Rennes n’est pas une équipe de Coupe, tout le monde le dit ou le sait déjà. Le Stade Rennais, c’est simplement un club qu’on a envie d’aimer parce qu’il a un jour eu l’audace de miser sur Severino Lucas, puis avouer ses erreurs en concédant que Luis Fabiano était un imposteur…
Mais cette année, la préfecture d’Ille-et-Vilaine a rendu un sacré coup de main au football français, en éjectant ces branques de Grenoblois de la compétition. Un service suffisamment classe pour qu’on arrête de se moquer du club entraîné par un homme dont le mode de vie est dicté par le port de pull jacquard.
Guingamp
Hardcore comme les Côtes d’Armor. En étant un peu honnête, on peut quand même se dire que l’été dernier, l’En Avant Guingamp a frappé fort en rénovant son milieu de terrain, faisant signer trois joueurs qui, sur un malentendu, pourraient flamber en Ligue 1 : Wilson Oruma, Chrisitian Bassila, Lionel Mathis.
La réalité du rectangle vert a prouvé qu’avec ou sans ces mecs, Guingamp est devenu un club qui végète en Ligue 2 (11e), dans le ventre mou, coincé entre deux bourrelets. Et puis le troisième gardien de l’EAG s’appelle Mamadou Samassa, et ça aussi, personne ne le dit assez.
Seul Brest manque à l’appel pour réaliser le vrai grand chelem qui aurait propulsé quatre villes des quatre départements de Bretagne sur le toit du foot français. Mais le 29 n’est pas au rendez-vous, et c’est bien notre plus grande peine. Finistère amer.
Matthieu Pécot (qui en veut à sa mère de ne pas avoir accouché à Paimpol)
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