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Tine de Caigny, l’atout numéro un des Belges

Par Julien Duez, à Rotherham
6 minutes
Tine de Caigny, l’atout numéro un des Belges

Personne ou presque n’aurait parié sur elle et pourtant, la meilleure buteuse des qualifications à l’Euro 2022 est belge. Son nom : Tine De Caigny. Avec douze réalisations au compteur, l’attaquante polyvalente, qui a rejoint Hoffenheim la saison dernière, comptera parmi les Red Flames, adversaires dont les Françaises devront se méfier pour que le feu d’artifice prévu pour la fête nationale ne finisse pas en pétard mouillé.

14/07/2022 à 21h
Euro 2022
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« On ne peut plus se contenter d’être à l’Euro. On doit vraiment se concentrer et montrer qu’on est prêtes à prester(faire une performance, en VF), qu’on est meilleures qu’avant. Tout le monde bosse à fond et tend vers ça. Notre groupe est top et ne peut que grandir. Donnez du temps et vous allez voir une très bonne équipe. » Cette phrase, Tine De Caigny l’a prononcée il y a un an et demi, juste avant d’affronter la Suisse et d’inscrire un doublé qui a scellé la première place du groupe H pour les Red Flames et, à titre personnel, son statut de meilleure buteuse des qualifications pour le championnat d’Europe en Angleterre. À l’époque, elle avait 23 ans et disputait sa quatrième saison au Sporting d’Anderlecht. La dernière aussi, car lors du dernier mercato, la native de Beveren, en Flandre orientale, a choisi de s’exiler en Bundesliga, à Hoffenheim. Ce n’était pas une première, De Caigny ayant en effet déjà tenté l’expérience à l’étranger en 2016, avec une saison en demi-teinte passée du côté de Vålerenga en Norvège (seulement 518 minutes disputées en six apparitions et un seul petit but inscrit). « Je suis partie à dix-huit ans et c’était trop tôt pour moi, je n’étais pas prête, juge l’intéressée avec du recul. Il faut être sûre d’avoir assez d’expérience et peut-être en acquérir davantage en Super League belge avant d’envisager un changement de cap. »

À en croire son ancien entraîneur au Sporting Patrick Wachel, le retour au bercail lui a été bénéfique : « En arrivant de Norvège au mois de janvier 2017, elle n’a pas eu besoin de beaucoup de temps pour se reconstruire parce qu’elle connaissait déjà plusieurs joueuses de l’équipe nationale, son intégration dans le groupe a donc été très rapide, rejoue celui qui avait la jeune femme dans le viseur depuis quelque temps déjà, en 2015 plus exactement, quand il entraînait le Standard. À l’époque, elle jouait à Bruges et je la voulais vraiment dans mon équipe. Mais le sélectionneur national lui avait plutôt conseillé de partir à Lierse, dans un club qu’il connaissait bien, en lui faisant la promesse que si elle signait là-bas, il la convoquerait en équipe nationale. Bon, au moins il a tenu parole : je crois qu’elle est arrivée un mardi et la semaine suivante, elle était titulaire avec lesFlames. »

Il ne faut pas oublier sa taille, ce 1,80m qu’elle tient de ses parents. Elle est vraiment baraquée, c’est quand même un avantage dans le football moderne.

Polyvalence de combat

À Anderlecht, Patrick Wachel va pour sa part opérer une mue dans le jeu de Tine De Caigny qui va s’avérer décisive pour la suite : son repositionnement sur le terrain. « À ses débuts, à Bruges, elle jouait défenseuse centrale. Quand je l’ai récupérée, elle était au milieu de terrain en équipe nationale, en 6 d’abord, puis en 8, deux postes qui nécessitent le gros volume de course dont elle dispose. Puis, à la suite du départ d’Ella Van Kerkhoven pour l’Inter, il me fallait une attaquante, donc je l’ai replacée en numéro 9 et son rôle en équipe nationale a suivi derrière. » Aujourd’hui capable de jouer en pointe, derrière l’attaquante, voire en numéro 10, De Caigny se distingue par une polyvalence qui n’a rien d’une faiblesse, en témoignent ses trois titres consécutifs de championne de Belgique glanés avec Anderlecht entre 2018 et 2020 et, cerise sur le gâteau, le Soulier d’or féminin qu’elle a soulevé cette même année.

« Parmi ses autres qualités, elle a une très bonne vision du jeu et une technique au-dessus de la moyenne, en tout cas pour le niveau belge. Pour un coach, c’est très agréable de travailler avec elle, c’est la première à donner l’exemple à l’entraînement. Elle est très travailleuse et comprend vite ce qu’on attend d’elle. Et puis il ne faut pas oublier sa taille, ce 1,80m qu’elle tient de ses parents. Elle est vraiment baraquée, c’est quand même un avantage dans le football moderne, énumère Wachel qui tient cependant à souligner la seule faiblesse de son ex-protégée. Je trouve qu’elle n’utilise pas encore assez son physique sur le terrain justement, elle ne met pas encore assez d’impact sur l’adversaire. Si elle utilisait sonbody, elle pourrait jouer à un niveau encore supérieur. »

Le bonheur en Allemagne

À 24 ans et après un cycle de quatre saisons à Bruxelles, Tine De Caigny est donc fin prête à refranchir une frontière et à couper le cordon avec le cocon familial et amical qui lui est si cher. « Je pense que signer en Allemagne était une bonne décision pour qu’elle s’aguerrisse encore davantage », juge Patrick Wachel, qui se souvient d’adieux émouvants, mais nécessaires. À Hoffenheim, bien installé à la troisième place de Buli, derrière la paire Wolfsburg-Bayern, l’attaquante débarque dans un autre monde. « J’ai directement vu qu’il y a plus de tempo et de puissance, car j’évolue entre autres avec des internationales allemandes. Au niveau de l’engouement aussi, ça change. Quand on a joué au Bayern, le stade était plein, et beaucoup de gens ont regardé le match, car il était diffusé à la télé. Maintenant, je dispute la Coupe d’Europe et c’est satisfaisant d’enfin y arriver. Car soyons honnêtes, en trois participations avec Anderlecht, on n’a pas vraiment atteint les objectifs qu’on s’était fixés au niveau européen. »

Surtout, De Caigny découvre qu’il est possible de vivre du football à plein temps. Exit donc le double projet, terminé le mi-temps dans ce magasin de sport où elle travaillait trois fois par semaine avant d’aller s’entraîner le soir. Un exemple loin d’être unique, mais symptomatique de l’état du football belge selon Patrick Wachel : « Quand on regarde les quatre dernières années, on remarque que les pays qui ont le plus progressé sont le Portugal, l’Espagne, l’Italie et l’Angleterre, qui ont presque tous professionnalisé leur championnat. Ce n’est pas le cas en Belgique, donc on ne progresse pas. Et donc, on régresse. » Et celui qui est actuellement en congé d’illustrer son propos en rappelant qu’« à Anderlecht, et alors que nous étions censés être l’un des clubs les plus hauts en Belgique, on ne pouvait pas commencer les entraînements avant 20 heures après la journée de travail. On changeait aussi de terrain chaque semaine, et les filles devaient parfois se changer dans leur voiture parce que nous n’avions pas de vestiaire attitré jusqu’à la dernière saison où j’étais en poste. Et il a fallu faire le forcing pour l’avoir ! » Tout ceci fait dire au formateur que le chemin pris par De Caigny pourrait bien devenir la norme pour les futurs espoirs belges à l’avenir. En attendant, seules 10 des 23 Flames sélectionnées par Ives Serneels ont franchi le pas. Et les Bleues restent favorites de ce Quiévrainico du 14 juillet. À moins que Tine De Caigny, restée muette face à l’Islande, ne fasse parler la poudre ? « Je crois que la France doit avant tout se méfier d’elle-même. Il ne faudrait pas qu’elle prenne la Belgique de haut », pronostique malicieusement Patrick Wachel. Dont acte.

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Par Julien Duez, à Rotherham

Propos de PW recueillis par JD, ceux de TDC par Sport/Foot Magazine et la fédération belge.

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