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- 16e journée
- PSG/Évian Thonon Gaillard
Thiago Silva, vis et deviens
Arrivé dans la capitale cet été contre un gros chèque, le défenseur central et capitaine du Brésil a souvent été présenté comme le meilleur défenseur du monde. Trois mois après ses débuts contre le Dynamo Kiev au Parc des Princes, l'apport du défenseur central est-il flagrant ?
« Je crois que toutes ces qualités, dans le football moderne, sont aujourd’hui incarnées par Thiago Silva. Il est… incroyable. Il n’y a personne à ce niveau. Il y a des défenseurs un peu moins forts, mais de ce niveau-là, il n’y en a pas d’autres. Ça n’existe plus. » Les mots doux sont signés d’Alessandro Nesta dans le numéro 101 de So Foot. Un mec qui connaît au moins deux choses dans la vie : le poste de défenseur central et les clubs de standing. Alors que les médias se sont focalisés sur Zlatan Ibrahimović, le vrai gros coup sportif de l’été reste le Brésilien. Mine de rien, on parle du capitaine du Brésil. Un mec dans la fleur de l’âge (28 ans) et déjà rompu aux joutes européennes avec l’AC Milan. En cette période de moins bien sportif pour le club de la capitale, que retenir des trois premiers mois sous la liquette francilienne de celui qu’on appelle O Monstro ? Depuis la réception du Dynamo Kiev (4-1) le 18 septembre, Thiago Silva a disputé l’intégralité des rencontres du PSG. Une habitude pour celui qui a joué 252 de ses 258 matchs en tant que titulaire depuis ses débuts professionnels.
Mieux, depuis peu, le Brésilien a également braqué le brassard de capitaine. Le patron est dans la place après seulement trois mois au club. On appelle ça faire l’unanimité. Que ce soit avec Alex ou Sakho, le numéro 2 délivre la même partie : attention, vitesse, anticipation, relance et sérénité. Même si son apport n’est pas aussi visible qu’un Ibrahimović dont la fonction première consiste à enfiler les caramels, Silva apporte une certaine assise défensive au PSG. Dans l’axe, c’est verrouillé. Merci d’aller dire bonjour aux latéraux (contre Nice, les deux buts viennent des côtés). Le Brésilien incarne cette force tranquille qui sied à merveille aux plus grands stoppeurs actuels (Piqué, Vidić, Kompany). Dans un club qui a vu défiler Ricardo, Yepès, Roche ou Pochettino, le PSG tient sans doute son plus grand bijou défensif. S’en rend-il vraiment compte ? Pas vraiment. D’autant que la situation actuelle ne l’aide pas à ouvrir les yeux. Un manque de personnalité
Quand on se penche sur le jeu du Brésilien, on a des superlatifs plein la bouche. Même ses coéquipiers n’hésitent plus à encenser le bonhomme en conférence de presse comme c’était le cas avec Mamadou Sakho avant la réception de Marseille en Coupe de la Ligue : « Il nous apporte beaucoup de sérénité, il est très calme avec le ballon et a un sens de l’anticipation exceptionnel. » Pourtant, il manque quelque chose à Thiago Silva pour vraiment en faire un mec impressionnant. Physiquement, il est quelconque, déjà. On est loin de l’armoire que représente un Alex par exemple. Et puis il y a cette discrétion quasi permanente sur le terrain. Il lui manque un peu de personnalité, voilà. Il fait l’unanimité par son jeu et non par son charisme. Pas de folie, pas de coups de gueule, pas de casseroles au cul ni d’anecdotes dégueulasses. C’est un détail, mais la folie transforme parfois un très bon joueur en icône pop. Thiago Silva est aussi fort que lisse. On aimerait voir son côté obscur de la force de temps en temps.
Sans parler de cette désagréable sensation de savoir que le mec est venu au PSG à contre-cœur. On ne va pas le plaindre, compte tenu de ses émoluments, mais c’est un peu délicat. Quoi qu’il en soit, le mec semble s’investir dans le projet, puisque c’est lui qui a conseillé à Lucas Moura de signer à Paris durant les Jeux Olympiques de Londres. Une manière de montrer que le mec y croit quand même. Et puis si on se met à douter, il suffit de relire les déclarations du Carioca dans le magazine Champions Matchday diffusé par l’UEFA avant les rencontres de Ligue des champions, où le Brésilien s’était amusé à comparer la formation rossonera à celle du PSG. « Le nom de Milan est plus craint actuellement que celui du PSG parce qu’ils ont remporté la Ligue des champions à 7 reprises, a-t-il confié. Nous sommes de retour (le PSG, ndlr) dans cette compétition après je ne sais combien d’années, les gens ne nous respectent pas encore, cela viendra avec des victoires, du beau jeu et du travail, ce que nous essayons de faire. Nous continuons à grandir. Ce n’est pas idéal de changer beaucoup de joueurs en même temps et cela prend un peu de temps pour que chacun se comprenne. » Nul doute que le match de ce soir doit contribuer à cette renommée. D’autant que pour Thiago Silva, le FC Porto ne rappelle pas forcément de bons souvenirs.
Par Mathieu Faure