TFC : fini de déconner !!!
Football toulousain, l'oxymore a la vie dure dans l'imagerie populaire. Pourtant, le TFC s'est acheté une méthode et une régularité depuis l'arrivée d'Alain Casanova à sa tête. Sans faire de bruit et sans passer sur Canal, les Toulousains pointent à la 5e place, à un point de la Ligue des Champions avant leur déplacement samedi à Rennes sur...Orange Foot. Olivier Sadran rêvait d'être à la tête d'un OL bis, il se retrouve président d'un Aston Villa ou Udinese français. En attendant mieux, c'est déjà ça.
Ce club est un mystère. Un coup en haut, plusieurs en bas, le TFC déroute observateurs et supporters. Ces derniers, pressentant que le pire peut toujours se pointer, se font toujours aussi rares et donnent au Stadium cette acoustique proche d’un congrès du PRG. « Au départ, on pouvait comprendre au vu des résultats de la saison dernière. Maintenant, on commence à se demander ce qu’il faut faire pour remplir le Stadium. On a un 10 à 12 000 fidèles, les autres viennent un peu selon l’affiche » , soupire l’intraitable Mauro Cetto, déjà bien rodé à la frivolité locale en matière de ballon rond.
Dommage pour les paresseux et les sceptiques qui ratent les progrès d’une équipe sur laquelle personne n’aurait misé le début d’un euro en début de saison ; surtout après le 3-0 ramassé d’entrée à Gerland. Dans un éclair prophétique, Christophe Dugarry fait alors du TFC un candidat à l’échafaud. Et il n’est pas le seul. Cinq mois plus tard, ses prévisions se sont pourtant avérées aussi pertinentes qu’un édito d’avant crise de Jean-Marc Sylvestre. A la décharge de Duga, personne n’avait vu venir le redressement d’une équipe au bord de la banqueroute morale et footballistique à la fin de la mandature Baup.
Récupération, récupération et récupération
Calé à la cinquième place du championnat, le Toulouse d’Alain Casanova nous ressert la partition déroulée par Nancy ou Lille en leur temps. Grosse assise défensive, impact physique à tous les étages et réduction maximale des espaces entre les lignes ; l’ex-éternel adjoint connaît les ficelles de sa Ligue 1. « C’est vrai qu’on travaille plus que d’autres à la récupération du ballon » , tacle Cetto. « Le coach a beaucoup insisté sur cet aspect. C’est peut-être ingrat et pas spectaculaire, mais essentiel dans le football moderne. Chez nous, tout le monde bosse pour récupérer le ballon » , plaide l’Argentin, qui espère que Maradona ne soit pas définitivement fâché avec Toulouse.
Pragmatique mais jamais cynique, Casanova n’est pas du genre à envoyer ses détracteurs au cirque pour se dérider. De franchement “boring” en début de saison, le TFC commence à prendre le jeu à son compte, la confiance et les résultats aidant. « Sachant d’où on vient, le coach a d’abord insisté sur la solidité et la défense dans un premier temps. Maintenant, on commence à se faire plaisir et à se lâcher un peu plus dans le jeu » , concède le capitaine Mauro Cetto, patron de la deuxième défense du championnat.
Un axe bretonnant
En dehors de la qualité de sa défense et d’un Cédric Carrasso pas loin de figurer parmi les trois meilleurs gardiens du championnat, la réussite toulousaine tient pour beaucoup dans la relation Didot-Gignac. Platonique mais primordiale. Les deux potes de la sélection de Bretagne ont même rangé le duo Emana-Elmander aux archives maison entre Gérald Passi et Victor Bonilla. Blessé, le président du fan club de Christophe Leroux ne retrouvera pas Rennes et Guy Lacombe, à qui le TFC n’en finit plus dire merci d’avoir placardisé le fils préféré de la maison Pinault. Cetto sait d’ailleurs ce que doit Toulouse à l’ancien Rennais : « Étienne ne perd pas le ballon et sait quand ralentir ou dynamiser le jeu. Dans le même rôle, Achille essayait d’abord de tenter des jolies choses. Étienne, c’est le joueur qui nous manquait » .
Reste le cas Gignac. D’ingérable, il est devenu incontournable avec ses 13 buts. Cette résurrection tient aussi du désaveu pour tous ces entraîneurs français qui se régalent à envoyer leurs jeunes pointes en pénitence sur un côté. Sans Casanova et sans le départ d’Elmander, APG aurait pu moisir sur cette aile droite où il étouffait et où sa puissance toute germanique se perdait. « C’est sûr qu’on peut compter sur un grand Dédé. Après, ce n’est pas normal qu’il n’y ait personne à plus de deux buts derrière lui » , regrette Mauro Cetto. C’est vrai ça. Mais qu’est-ce qu’il fout Bryan Bergougnoux? Eh bien, il fait son travail de replacement et file le ballon à Gignac. Un bon “Que sais-je ?” de la hype toulousaine en quelque sorte.
Par Alexandre Pedro
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