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Tebas : « La Superligue n’est pas le sommet d’une pyramide, c’est un balcon ! »

Propos recueillis par Antoine Donnarieix
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Après consultation, La Liga a organisé une conférence de presse en ligne pour évoquer l’organisation d’une Superligue à l’échelle européenne. Le président de la LFP espagnole, Javier Tebas, a ainsi tenté de remettre le Real, l’Atlético et le Barça dans le droit chemin.

Si la Superligue était aussi bonne pour le football comme l’explique le président du Real Madrid, ils ne l’auraient pas faite de façon clandestine.

Avant de commencer cette conférence, souhaitez-vous vous exprimer sur la Superligue ? Javier Tebas : Il est important de faire le point. Vingt ou vingt-cinq ans depuis les premières menaces de la création d’une Superligue où tout avait démarré avec l’émergence du G14 et la naissance de l’ECA au sein de l’UEFA, nous avons toujours craint la mise en place d’une compétition parallèle. Malheureusement, cela s’est produit il y a quelques jours à peine. En 48 heures, cela a disparu. Il y avait de réelles conséquences à cette création dissidente, mais il y a aussi eu des effets secondaires à ses conséquences. À l’heure actuelle, la dissolution est à un état très avancé. Et cela engendre un aspect positif : quand nous voyons ce qu’il arrive aux clubs les plus puissants pour sortir du système, nous constatons que cela entraîne un réel désaccord commun. En Angleterre par exemple, la réponse, à la fois politique et populaire, ne s’est pas fait attendre. Et cela peut aussi s’étendre à l’Italie ou la France, où le président Macron est intervenu pour condamner fermement ces agissements. En revanche, cela engendre aussi un aspect négatif : comment allons-nous devoir procéder devant ces clubs afin de les réintégrer dans une compétition qu’ils ont reniée ? S’ils prétendent vouloir sauver le monde du football de la ruine, ils se trompent. Les Ligues nationales se sentent également trompées, elles sont fondées sur le principe de la méritocratie. C’est une forme de trahison de la notion de football. Quand un club souhaite participer à une compétition européenne, il doit effectuer ses trente-huit rencontres pour avoir sa réponse à la fin de sa saison. Et si la Superligue était aussi bonne pour le football comme l’explique le président du Real Madrid, ils ne l’auraient pas faite de façon clandestine. À partir du moment où vous créez quelque chose dans l’ombre et que vous l’annoncez aussi radicalement, c’est que ceci n’est foncièrement pas bon pour votre sport. Ce n’est pas une bonne intention envers la Ligue des champions et la Liga.

Que peut faire le football européen pour répondre aux exigences des douze dissidents qui réclament une meilleure répartition des revenus ? JT : Il y a d’autres problèmes que l’UEFA qui engendrent ces soucis de revenus, notamment la gestion interne. Si vous donnez six à un joueur, la prochaine fois il va vous demander sept. Le football européen s’est constitué pour répartir les richesses de manière très équitable. Le problème selon moi, c’est qu’il faudrait avant tout effectuer un contrôle plus sérieux des clubs plutôt qu’envers les institutions. Quand vous voyez le prix de certains transferts, certains salaires… Très sincèrement, je ne pense pas qu’à la base, le problème se situe à l’échelle des revenus. Les clubs doivent apprendre à rationaliser leurs propres revenus.

Si dialoguer consiste à leur donner ce qu’ils veulent, c’est non. Dialoguer, ce serait déjà de les voir revenir dans les institutions et ensuite, nous pourrons commencer à parler. Mais je le répète : la réforme de la Ligue des champions a déjà été évoquée et votée. Certains n’étaient pas d’accord avec celle-ci et ils ont voulu perturber le système.

Savez-vous où en est le dialogue avec les trois clubs espagnols dissidents ? JT: Nous verrons bien s’il arrive (Rires.) ! Avec le président Pérez, cela fait déjà plusieurs mois que je ne parle plus et je me rends compte qu’il organisait cela de façon clandestine… Avec le président Laporta, nous avons parlé la semaine dernière avant l’annonce de la Superligue. Je lui ai expliqué que les chiffres que la Superligue promettait étaient totalement irréels. Avec Miguel Angél (Gil Marín, président de l’Atlético de Madrid, N.D.L.R), nous avons parlé jeudi dernier et il m’expliquait qu’il avait intégré cette Superligue. Cela dit, je dois vous dire qu’il n’a jamais été partie prenante d’une organisation clandestine. Il a intégré le groupe en dernier recours, et j’ai de bonnes raisons de penser que son avis sur la Superligue a bien changé désormais. Aussi, je vous rappelle simplement que vendredi dernier, une réunion du conseil d’administration de l’ECA s’est déroulée, et les participants ont voté en faveur de la nouvelle réforme de la Ligue des champions. Après cela, un comité de l’UEFA est apparu pour confirmer cette mise en place, et une nouvelle fois, certains clubs présents dans cette Superligue ont approuvé cette nouvelle répartition. Agnelli et Pérez avaient voté cette réforme vendredi ! Et le dimanche dans la nuit, nous avons appris la création d’une Superligue. Si dialoguer consiste à leur donner ce qu’ils veulent, c’est non. Dialoguer, ce serait déjà de les voir revenir dans les institutions, et ensuite, nous pourrons commencer à parler. Mais je le répète : la réforme de la Ligue des champions a déjà été évoquée et votée. Certains n’étaient pas d’accord avec celle-ci, et ils ont voulu perturber le système. Hier, le président de l’UEFA Alexander Čeferin a déclaré que la demi-finale entre le Real Madrid et Chelsea pourrait être annulée. Avez-vous peur que le Real soit sanctionné ? JT : Bon, déjà, Čeferin a parlé d’une petite probabilité. Cela signifie que la compétition actuelle est déjà lancée et que les intérêts médiatiques sont avancés. En cela, je ne pense pas qu’il y aura une sanction disciplinaire aussi forte. En revanche, il y a une idée intéressante à aborder : la participation aux compétitions de l’UEFA doit être faite de façon volontaire. Il faut signer des documents officiels pour adhérer à cette compétition. Dès lors, nous allons bien voir si le Real Madrid ou le FC Barcelone signent les documents pour la saison prochaine. Et bien entendu, cette compétition sera organisée comme d’habitude selon les conditions imposées par l’UEFA, pas selon leurs critères. Il vaut mieux qu’ils réfléchissent à cela rapidement, parce que la réponse est à donner pour le mois prochain.
Quelles seront, selon vous, les sanctions à attribuer à ces douze clubs dissidents ? JT : Attendons un peu avant de parler de sanction, chaque chose en son temps. Ce qui évident, c’est que l’action mise en place par ces dirigeants est très dangereuse pour l’équilibre du football. Bien entendu, s’ils continuent de travailler sur ce projet et qu’ils agissent à l’encontre de l’UEFA ou de la Liga, les institutions vont devoir sévir. Mais je préfère attendre un peu concernant d’éventuelles sanctions, nous devons nous concentrer sur ce que nous avons vu jusqu’à présent. Ces clubs-là viennent de subir une sanction par le biais de leurs propres supporters. Quand vous agissez à l’encontre d’une politique européenne et que Boris Johnson, Draghi ou Macron condamnent ces agissements, cela engendre forcément du mécontentement. La sanction, c’est déjà au niveau de leur réputation qu’elle se ressent.

J’aurais aimé qu’Infantino démente tout ce qu’il se dit autour de son soutien à cette Superligue. Les clubs ont expliqué qu’ils avaient un soutien de la FIFA. Je sais que Čeferin croit beaucoup plus en Infantino que moi-même, mais j’émets quelques doutes vis-à-vis d’Infantino.

Qu’attendez-vous de la suite de cette Superligue ? JT: Faisons les comptes : Pérez et Laporta se sont tous les deux déjà exprimés en faveur de cette Superligue, cela fait deux présidents favorables. Mais regardons le reste : les six clubs anglais ne veulent plus faire partie du projet, les clubs allemands ne feront jamais partie de ce projet. Ce n’est pas le chemin conseillé par l’UEFA, et en cela, il me semble nécessaire de retrouver la raison. Ils ont fait cela de manière totalement irrespectueuse vis-à-vis de l’UEFA et maintenant, ils cherchent à exercer une pression ? En l’état actuel, la Superligue est morte. Une Superligue sans clubs anglais, allemands ou français, cela devient un tournoi binational. Mais les Italiens sont déjà en train de rétropédaler. Elle est morte, cette Superligue. Comment jugez-vous la prise de position de Gianni Infantino par rapport à cette Superligue ? JT : Son rôle ne m’inquiète pas. Son dernier discours était très clair, mais dans les faits, il y a aussi des interrogations. J’aurais aimé qu’il démente tout ce qu’il se dit autour de son soutien à cette Superligue. Les clubs ont expliqué qu’ils avaient un soutien de la FIFA. Je sais que Čeferin croit beaucoup plus en Infantino que moi-même, mais j’émets quelques doutes vis-à-vis d’Infantino.
Vous évoquez le fait que la situation économique difficile soit liée avant tout à une augmentation des coûts et à la baisse des revenus. Comment expliquez-vous alors que Nasser al-Khelaïfi, président du Paris Saint-Germain et acteur important dans l’inflation du prix des transferts, soit devenu aujourd’hui président de l’ECA et ardent défenseur des directives de l’UEFA ? JT : Si je devais arrêter d’être contre la Superligue parce que le PSG est également contre et que je ne peux pas critiquer leur politique au préalable, ce n’est pas possible. Je continue de penser la même chose des clubs comme le PSG ou Manchester City et je continue de le dire : ces clubs-là doivent subir un contrôle financier important en matière de dépenses. D’ailleurs, je constate qu’ils sont restés plutôt sobres sur les dernières années, même si on parle toujours de nouvelles recrues. Comme Nasser al-Khelaïfi, j’ai aussi le droit d’être contre dans cette guerre face à la Superligue. C’est un homme garant des principes de l’ECA et du nouveau format de la Ligue des champions.
Quand Florentino Pérez affirme qu’en Espagne, les trois clubs qui engendrent le plus d’argent sont ceux qui affichent les plus grandes dettes, alors que les autres clubs de Liga réalisent un bénéfice, qu’est-ce que cela vous inspire ? JT: Ce qui m’interpelle par-dessus tout, c’est que Pérez profite de la pandémie pour annoncer que les grands clubs de Liga sont constamment en perte d’argent chaque saison. En Liga, nous sommes conscients que les clubs avec les plus gros revenus sont aussi ceux avec les plus grosses dépenses, mais si nous allons dans l’historique du Real, du Barça ou de l’Atlético, ils font des bénéfices ! Le Real Madrid s’est-il plaint de pertes durant toute la présidence de Florentino ? Jamais. Le FC Barcelone s’est-il plaint de pertes durant la présidence de Bartomeu ? Jamais. Et l’Atlético de Madrid ne connaissait pas de pertes depuis cinq ou six saisons consécutives. Dès lors, cette affirmation est totalement fausse ! Je demande donc au président Pérez de faire une analyse globale, pas seulement l’année de la Covid. La Superligue, ce n’est pas prévu que pour l’année Covid, c’est pour toujours.

Pérez n’a pas réfléchi au contexte économique actuel et il n’y a pas autant d’argent dans le football mondial pour payer ce qu’il demande. Son idée, c’est de nous assécher et de récupérer toute l’eau pour pouvoir nous en donner une goutte de temps en temps. Cette histoire de la pyramide est un mensonge.

Sur les ondes de la Cadena COPE hier soir, Florentino Pérez a expliqué que la crise traversée par le football pouvait trouver une solution à travers un système pyramidal où la Superligue se trouverait au sommet. Qu’en pensez-vous ? JT: Je ne sais pas si Florentino Pérez était doué en géométrie, mais ce n’est pas d’une pyramide dont il parle. Comme je l’ai dit, il invente des chiffres depuis son Powerpoint qui ne sont pas réels. Pérez n’a pas réfléchi au contexte économique actuel et il n’y a pas autant d’argent dans le football mondial pour payer ce qu’il demande. Son idée, c’est de nous assécher et de récupérer toute l’eau pour pouvoir nous en donner une goutte de temps en temps. Cette histoire de la pyramide est un mensonge. La logique de la méritocratie, c’est une vérité claire et une notion clé dans le bon fonctionnement du football. Pour intégrer une compétition européenne, vous devez disputer trente-huit rencontres et pas zéro. Je le rappelle ici : Villarreal a atteint grâce à son travail les demi-finales de la Ligue des champions (en 2006, N.D.L.R). La Superligue n’est pas le sommet d’une pyramide, c’est un balcon ! Un balcon où l’on arrive et on annonce ses décisions devant la foule. Si une Superligue de ce type devait voir le jour et s’implanter comme telle, cela impliquerait la fin de la Liga espagnole ? JT: Oui. Au-delà que les clubs ne puissent plus accéder au rêve d’affronter les plus grandes équipes européennes, le championnat souffrirait d’une perte économique d’un milliard d’euros en revenus à chaque saison. Là, ce serait la fin.

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Propos recueillis par Antoine Donnarieix

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