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Tactique : pourquoi Jude Bellingham va être la menace principale pour les Bleus

Par Maxime Brigand, à Doha
Tactique : pourquoi Jude Bellingham va être la menace principale pour les Bleus

Brillant depuis qu'il a posé le pied au Qatar, Jude Bellingham, 19 ans, va être, au-delà des coups de pied arrêtés anglais, la menace principale pour l'équipe de France samedi soir. Pourquoi ? Sans doute car, si le milieu de Dortmund est déjà menaçant balle au pied, il l'est peut-être encore plus sans.

Le 21 novembre, alors que les premières perles de sueur tombaient des crânes venus garnir en masse les travées du stade Khalifa de Doha et que les premières braises de cette Coupe du monde qatarie se mettaient à crépiter, Declan Rice s’est approché de l’oreille d’un gosse et lui a dit : « C’est ta scène, ton moment, éclate-toi. Je serai derrière toi pour faire le ménage et te donner des ballons, vas-y. » Puis un show de presque 120 minutes a démarré. Près de deux heures durant lesquelles on a vu Jude Bellingham, 19 ans et aucun match de Mondial dans les chaussettes, gratter des ballons, gagner des mètres, rentrer dans le lard de ses adversaires, sauter sur chaque centimètre carré de pelouse, anticiper et compenser le moindre mouvement, jouer avec les angles, chercher, créer et trouver des espaces, se projeter dans la surface, marquer un but et aider ses potes à en marquer d’autres. Libre dans sa tête et dans ses mouvements, le milieu anglais de Dortmund a volé au-dessus d’un Iran vite dépassé (6-2) par les mille idées du bonhomme et a vite dû se contenter d’applaudir l’insolence du prodige.

Rassurez-vous : Jude Bellingham ne s’est pas contenté de distribuer des promesses. Il s’amuse même, depuis son premier spectacle donné dans ce Mondial, à arroser le monde de confirmations en engendrant des supériorités numériques très difficiles à contrôler pour ses adversaires et en changeant de rôle comme de chemise. D’une hauteur à l’autre, il peut ainsi être tour à tour un milieu reculé chargé de briser des monolithes en sortant de sa boîte des passes verticales fissurantes, puis un pion missionné pour aimanter des proies afin d’ouvrir à l’aide d’incessantes courses généreuses – ou « désintéressées » comme les a récemment appelées Yaya Touré – des espaces de discussion à ses différents coéquipiers ou encore un relayeur qui plonge dans une zone vidée par le déplacement d’un partenaire pour finir ou faire finir. Contre l’Iran, les États-Unis, le pays de Galles ou le Sénégal, il y a l’idée que Bellingham a joué avec des pinceaux au bout des crampons et est venu peindre une définition : celle du vrai joueur box to box, qui équilibre l’ensemble, l’anime balle au pied, mais qui sait aussi – et c’est encore plus essentiel – l’agiter sans le ballon.

  Je lui ai dit un jour qu’il pouvait incarner un nouveau type de milieu de terrain : un numéro 22. Pourquoi ? Parce qu’il peut selon moi être un 4, un 8 et un 10, quelqu’un qui peut tout faire.  

4+8+10

Alors que toutes les discussions tournent depuis quelques jours autour du date prévu entre Kyle Walker et Kylian Mbappé, l’Angleterre-France de samedi soir est aussi une étape majeure pour un talent dont le numéro – le 22 – a, évidemment, tout sauf été choisi au hasard. « Je lui ai dit un jour qu’il pouvait incarner un nouveau type de milieu de terrain : un numéro 22, révélait ainsi l’un de ses anciens éducateurs à l’académie de Birmingham avant le Mondial. Pourquoi ? Parce qu’il peut selon moi être un 4, un 8 et un 10, quelqu’un qui peut tout faire. » Cette Coupe du monde, où Bellingham est à la fois le joueur anglais qui a réussi le plus de tacles – onze, seul Achraf Hakimi en a réussi plus depuis le début de la compétition -, celui qui a réussi le plus de dribbles, celui qui engendre le plus de pressions (il a notamment rendu fou Kalidou Koulibaly lors du huitième de finale face au Sénégal, ce qui n’augure rien de bon pour Raphaël Varane) et l’un de ceux qui a touché le plus de ballons dans la surface (quatre de plus que Harry Kane), ne fait jusqu’ici que le confirmer. Ce type, associé pour le meilleur à Henderson et Rice depuis deux matchs, est aujourd’hui une arme massive – et assez unique – pour Gareth Southgate qui, s’il ne manquait pas de poissons créatifs pour nager dans les couloirs, avait besoin d’un profil comme Bellingham, royal dans l’anticipation, à l’aise pour sortir d’une pression (sa protection de balle exceptionnelle lui permet quasiment toujours obtenir quelque chose) et capable de venir compenser les nombreux décrochages de Harry Kane ou de foncer tête levée dans les espaces créés par les ailiers des Three Lions (Foden, Sterling, Saka, Grealish). La richesse de son profil a même été visible sur la majorité des buts inscrits par l’Angleterre dans ce Mondial.

Premier exemple sur le premier but inscrit face à l’Iran où, positionné dans un rôle de relayeur en phase de possession, Bellingham va d’abord engendrer du stress dans les têtes iraniennes…

… puis se replacer et voir Maguire trouver Mount dans le demi-espace gauche entre les mailles du 5-4-1 iranien…

… Mount va alors pouvoir décaler Shaw, alors que Cheshmi suit son déplacement et qu’Hosseini tente de contrôler Kane : Bellingham l’a détecté et est venu plonger…

… sa tête – oui, il est aussi très à l’aise dans les airs -, va ensuite être imparable pour le gardien iranien.

Sur le troisième but, on retrouve Bellingham dans un autre registre : après un duel gagné par Saka, il vient aider son jeune coéquipier…

… percuter balle au pied et lancer Kane qui claquera ensuite un centre parfait pour Sterling.

Sur le sixième but, il va être un relais précieux après une belle de relance de Stones vers Rashford…

… qui fait une remise parfaite…

… et voilà l’ouverture millimétrée de Bellingham pour Wilson.

Face au Sénégal, on a retrouvé un Bellingham vorace qui, alors que Kane a décroché et a attiré Koulibaly, plonge dans l’espace ouvert…

… est lancé…

… et va pouvoir trouver Henderson en retrait.

Il a ensuite été au départ du deuxième but en gagnant un duel devant Saliou Ciss…

… puis en utilisant son corps pour déchirer les rideaux sénégalais…

… avant de lancer Foden sur son pied gauche, dans un timing assez exceptionnel. Au bout, Kane inscrira le 2-0.

Enfin, on l’a retrouvé sur le troisième but, toujours après un décrochage de Kane, pour faire cette fois reculer Koulibaly…

… qui va ensuite être en retard pour sortir sur Foden, alors que Bellingham a mis du doute dans la tête de Diallo : Saka peut être touché au point de penalty. 3-0.

Les assists zones et la vulnérabilité bleue

S’il brille par son activité et sa personnalité, Jude Bellingham est d’autant plus un sujet d’inquiétude pour le staff tricolore qu’il adore secouer les zones vulnérables de l’animation défensive française : celles où l’Australie avait su démarrer quelques mouvements, dont celui qui avait conduit au poteau de Jackson Irvine, celles où le Danemark avait ensuite fait plonger Damsgaard avant que Lindstrøm ne force Lloris à un bel arrêt, celles où la Pologne a aussi appuyé à plusieurs reprises lors d’un huitième de finale qui a vu les Bleus flotter en fin de première période avant de se régler et de s’imposer avec autorité. Bellingham, également très précieux pour démarrer les phases de construction d’une Angleterre qui aime défendre avec le ballon (troisième taux de possession moyen de cette Coupe du monde pour seulement quatre tirs cadrés concédés depuis le début de la compétition), vise en effet essentiellement ce que l’on appelle les assists zones pour attaquer l’espace ou trouver un partenaire lancé. Ces zones, souvent évoquées par Bruno Genesio, Julien Stéphan ou Pep Guardiola, sont celles situées sur les côtés intérieurs de la surface de réparation adverse (dans les demi-espaces) et sont celles d’où proviennent statistiquement les centres les plus dangereux avec généralement une golden zone dans le viseur. La passe décisive de Bellingham pour Henderson face au Sénégal vient de l’une de ces assists zones, et le milieu de Liverpool finit exactement dans ce qu’on appelle la golden zone. Rien n’est bien sûr laissé au hasard, encore moins avec le staff de chirurgiens de Southgate.

Contre l’Iran, on l’a aussi vu attaquer cette zone à plusieurs reprises comme sur cette séquence…

Ou celle-ci…

… qui a débouché sur un centre dangereux.

Ainsi, si l’Angleterre se méfie de Kylian Mbappé à raison (au point de potentiellement envisager d’installer un duo Trippier-Walker côté droit et même de changer de système, ce qui permettrait aussi d’avoir la qualité de Kieran Trippier sur coup de pied arrêté) et si l’on sait qu’une rencontre, d’autant plus à ce niveau, bascule souvent grâce à une ou des individualités qui sortent du cadre pour le magnifier, l’équipe de France sait très bien qui elle doit avant tout contrôler. Mais arrivera-t-elle à museler l’entière activité de l’un des milieux les plus complets de la nouvelle génération (avec Pedri, Gavi et Musiala), qui est presque aussi dangereux quand il n’a pas le ballon dans les pieds que lorsqu’il s’amuse avec ? Belle intrigue.

Dans cet article :
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