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Strasbourg pédale dans la choucroute
22 v'là Fournier ! Julien Fournier, 35 ans, est devenu début décembre le 22ème président du Racing Club de Strasbourg. Et l'ancien secrétaire général de l'OM a vécu une triste première aux Costières avec une défaite 2-1 contre Nîmes. Ce soir, la nouvelle direction attend une réaction d'orgueil face à Guingamp, de la part d'une équipe alsacienne avant-dernière du championnat.
« Il n’a pas peur de dire à un mec « T’es une cacahuète, tu me casses les c… » » . Visiblement, Pascal Camadini n’a pas été assez explicite avec ses troupes, n’en déplaise à Habib Bellaïd qui l’encensait le 28 septembre dernier. Camadini était l’une des nombreuses tentatives de feu le président Ginestet pour éviter au navire strasbourgeois de sombrer définitivement. Comme bien souvent quand un club coule doucement mais sûrement, on rappelle à son bord les anciens matelots, ceux qui « posent leurs couilles sur le terrain » comme dirait le poète Jérôme Rothen. Ginestet décide donc de nommer Pascal Camadini, huit saisons en Alsace, au poste de coordinateur sportif en septembre. Sa mission est de rebooster des joueurs détruits moralement, eux qui jouaient la montée et qui se retrouvaient en queue de peloton de la L2. Une arrivée qui semblait donc ravir Bellaïd, lui-même de retour dans son club formateur après une année compliquée à Francfort.
Mais l’effet kiss cool n’a pas fonctionné. A deux journées de la trêve hivernale, le RC Strasbourg est 19e avec seulement trois maigres victoires dans le bide et avec déjà deux points de retard sur Ajaccio, premier non-relégable. Le jeu alsacien est indigeste, certains joueurs ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes (l’attaquant Dos Santos Marcos, le défenseur Jean-Alain Fanchone, etc.). Le meilleur élément de l’effectif –pléthorique d’ailleurs avec au moins une trentaine de contrats pros– n’est autre que l’ancien Lillois Nicolas Fauvergue, auteur de huit buts en quatre mois. C’est dire…
La bande à Bader
En fait, il semblerait que les dirigeants n’aient pas assez mesuré le traumatisme lié au dénouement de la saison passée. Le RCS joue l’accession en L1 lors de son ultime match à Montpellier et s’incline 2-1 alors qu’un nul leur ouvrait les portes du paradis. S’en suit alors une gestion pagnolesque : Gilbert Gress prend les commandes de l’équipe et Léonard Specht la tête du club, après le départ de Ginestet. Mais les héros du titre de champion de France 1979 échouent en un mois à peine. Gress est accusé d’employer des méthodes dignes d’un maton de Guantanamo et se coupe très rapidement de son vestiaire. Au bout de deux rencontres, le technicien est débarqué, après avoir eu le temps d’encaisser un 6-1 contre Istres en Coupe de la Ligue, remplacé par son adjoint Pascal Janin. Specht jette l’éponge et Ginestet décide de reprendre du service. Des bouleversements qui ne cassent pas la spirale négative, avec Strasbourg définitivement englué dans la zone de relégation. Les claques et les désillusions se succèdent : 3-0 contre Clermont (7e), 0-1 à la Meinau face à Tours (12e), 1-0 à Metz (13e)…
Mis au banc des accusés, Philippe Ginestet craque définitivement et abandonne la semaine dernière ses fonctions de président et d’actionnaire majoritaire. Avec un bilan flatteur depuis son arrivée en décembre 2005 : quatre entraîneurs usés (Duguépéroux, Papin, Furlan, Gress), une montée ratée et l’échec d’un projet de nouveau stade. Mais le casting de la nouvelle équipe dirigeante donne mal à la tête. Après quatre cachets d’aspirine, on essaye encore de comprendre qui est qui. Pour faire simple, il y a désormais deux nouveaux actionnaires principaux : un Français, Alain Fontenla, dont les intérêts sont gérés par la société Carousel Finance et un avocat suisse représenté par Roman Loban. Cet Estonien de 27 ans est le directeur de FC Football Capital Ltd, une société créée il y a deux mois dans l’unique but de racheter le RCS. Enfin, le nouveau président est donc l’ancien collaborateur de Pape Diouf à l’OM, Julien Fournier. Bref, un bien beau bordel ! Avec ce changement de direction, l’avenir de Pascal Janin s’assombrit. Le nom de Jean-Pierre Papin, déjà coach strasbourgeois en 2006-2007, revient avec insistance du côté de l’Est. L’hiver s’annonce encore un peu plus rude qu’à l’accoutumée cette saison en Alsace…
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