- Equipe de France
SOS fantômes
Ils sont de retour ! En convoquant Evra et Ribéry, Blanc convoque aussi le souvenir douloureux de Knysna. Mais ces fantômes là ne sont pas les seuls qui posent question.
Bon ben, il fallait bien que cela arrive. Laurent Blanc a annoncé une liste de vingt-trois joueurs pour affronter le Luxembourg en éliminatoires de l’Euro 2012 puis la Croatie en amical, et dans ladite liste bien entendu, deux noms qui n’ont pas fini d’alimenter les débats. Oui, beaucoup redoutaient ce moment, Blanc aussi probablement, et nous y voilà : Patrice Evra et Franck Ribéry sont de retour en équipe de France et cela ne peut être anodin. Durant les neuf premiers mois de son mandat, Blanc a surfé sur la vague de l’oubli, bien aidé par les suspensions des uns et des autres, par les blessures de Ribéry et certains choix sportifs incontestables (Abidal plutôt qu’Evra). Mais voilà, les pénitences ont pris fin (sauf celle d’Anelka), Francky a enfin arrêté de se péter en voyant un terrain et Abidal a été frappé par une tumeur laissant la place à un Evra estampillé « numéro un bis » par le sélectionneur.
Oui, après des mois et des mois passés à tenter de solder les comptes sud-africains, les Bleus voient revenir parmi eux deux tenants principaux de la dette. Un choix aussi lourd de sens pour eux que pour certains autres, suivez notre regard. Car parmi les questions que posent ces deux come-back, on s’interroge sur les conséquences dans la vie du groupe tricolore que Blanc s’est attaché à apaiser et à assainir. Et forcément il faudra surveiller l’impact sur un Yoann Gourcuff quand il retrouvera son tourmenteur supposé, Franck Ribéry. Et, à un degré moindre, la cohabitation entre les Gunners et Evra qui ne les ménage guère. Les risques de tensions existent, il ne faut pas se voiler la face. Mais ce risque, s’il faut le courir, autant le tenter avant une confrontation au Luxembourg et une rencontre amicale contre la Croatie.
Gomis, le petit scandale
Les autres motifs de discussion nous renvoient du côté de Lyon. Blanc continue à maintenir sa confiance à Gourcuff mais sportivement, aucun argument n’est recevable. Le meneur des Gones n’est que l’ombre de l’ombre du jumeau paraplégique de l’ancien maître jouer de Bordeaux. A Madrid, son naufrage personnel a même pris des proportions angoissantes. Ce qui n’a évidemment pas échappé à Blanc qui, pour la première fois, a mis en route le compte à rebours, en invitant son protégé à vite retrouver son niveau avant que les limites de sa patience ne soient atteintes. « Je le connais mieux que personne. C’est en le maintenant en sélection qu’on peut l’aider à retrouver son niveau. Ce serait bien pour lui, pour Lyon et pour les Bleus. Si l’on regarde son match de mercredi soir à Madrid ou ses performances à Lyon depuis le début de saison, on peut douter de son niveau. Il vit un moment difficile depuis plusieurs mois. Je crois en lui mais ça ne sera pas éternel. Nous ferons les bilans à la fin de la saison internationale et là, il n’y aura pas de sentiment » . Tic-tac, tic-tac…
C’est sûr, la présence de Gourcuff cristallise l’attention mais à bien y regarder, l’absence de Gomis n’est pas loin d’être aussi scandaleuse. On peut se marrer mais on ne devrait pas. La Panthère est le meilleur joueur de l’OL de la saison, rien de moins. Et tant par son niveau, sa mentalité (jamais un mot plus haut que l’autre, malgré les choix discutables de Puel, malgré la sévérité injustifiée du public lyonnais à certains moments de la saison) et son profil, meilleur attaquant français de fixation, Gomis méritait de revenir en Bleu à la place d’un Hoarau qui n’en finit plus de faire passer Brandao pour un modèle de finisseur, Bruno le gardien de Benfica peut encore en témoigner. Mais voilà, Laurent Blanc conçoit sa sélection comme un club et fidélise au maximum ses joueurs, les installe pour parfois qu’il se relance en club et l’exemple de Benzema peut lui donner raison. Il n’empêche, alors que certains observateurs étaient sans doute partis pour zapper les deux prochaines sorties de l’équipe de France, cette liste des vingt-trois mérite finalement que l’on regarde très attentivement ces deux rendez-vous internationaux. Une partie de l’avenir immédiat des Bleus s’y jouera peut-être…
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