Robbie Keane rentre au bercail
Transféré l'été dernier de Tottenham à Liverpool pour 24 millions d'euros, Robbie Keane est retourné chez les Spurs pour moitié prix à la toute fin du mercato, six mois à peine après son arrivée sur les bords de la Mersey. Une excellente affaire pour Tottenham, une un peu moins bonne pour le joueur, et, disons-le franchement, une carrément mauvaise pour les Reds.
Rafa Benitez connaît-il le foot ? On est en droit de se poser la question. Après quatre saisons et demie, le manager espagnol de Liverpool n’a pas encore compris l’essentiel : on ne gagne pas un titre de champion d’Angleterre avec Albert Riera ou Benayoun dans son effectif. Et voilà que six mois après avoir recruté Robbie Keane, qu’il imaginait comme la pièce manquante pour faire de son Liverpool une machine de guerre, il a renvoyé l’Irlandais d’où il venait, réalisant au passage une jolie moins value qui doit faire plaisir aux deux proprios Yankees du quintuple champion d’Europe.
L’attaquant qui tacle
Robbie Keane rentre donc en terrain conquis après six mois infructueux, il est vrai, chez les Reds. De moins en moins utilisé au fil de la saison, l’Irlandais n’a jamais convaincu et n’a inscrit que cinq buts sous son maillot floqué Carlsberg, pour finalement être élu flop de la saison par les tabloïds. Néanmoins, est-ce une raison suffisante pour se séparer d’un des meilleurs attaquants de la Premier League depuis bientôt une décennie et du meilleur buteur de l’histoire de la sélection Irlandaise ? Pas sûr.
Car les faits sont là : Robbie Keane est le prototype parfait de “l’attaquant qui tacle”. Sur un terrain, Keane court partout, harcèle les défenses, marque des pions et met des boîtes. Incapable de rester planté dans les six mètres pour attendre un ballon qui ne viendra jamais, Robbie Keane est en quelque sorte l’anti Inzaghi. Pas étonnant, et quelque part rassurant, qu’il n’ait pas réussi dans le Calcio – il a quitté l’Inter Milan pour Leeds à l’hiver 2001, après seulement treize apparitions sous le maillot Nerazzurri.
Keane n’est pas un attaquant de 4-5-1, plutôt ce qu’on appelle une deuxième pointe. Le joueur à qui on associe la star de l’équipe, dans un 4-4-2 classique. Jamais aussi fort que lorsqu’il tournait autour de Berbatov chez les Spurs, Robbie n’a jamais pu faire ses preuves à Liverpool, car il n’a quasiment jamais pu être aligné en même temps que Fernando Torres, la faute à la longue indisponibilité de ce dernier. Et c’est au moment où il aurait pu enfin apporter, à savoir devenir le complément idéal du Nino à la pointe de l’attaque des Reds, que les dirigeants ont choisi de s’en séparer. Tant pis pour eux.
A peine arrivé, déjà capitaine
S’il est un grand vainqueur dans l’affaire, il s’agit bel et bien de Tottenham. Car à 28 ans, Keane a peut-être laissé passer sa dernière chance de briller dans un grand club européen. Après son échec à l’Inter, Keane est arrivé à Leeds United pile au moment où le club s’est mis à sombrer financièrement, avant d’atterrir à White Hart Lane et d’y populariser pendant six saisons ses célébrations de buts à la Guillaume Tell.
Dans l’histoire, Harry Redknapp n’est pas loin d’avoir réalisé LE bon coup du mercato avec ce transfert. Outre le fait que Keane soit un excellent joueur, l’ancien manager de Portsmouth a renforcé un peu plus sa crédibilité en rapatriant celui que les supporters considèrent ni plus ni moins comme un véritable mythe – 107 buts pour 254 matches, tout de même. Deuxio, il s’évite l’embarras d’une longue période d’adaptation. Keane connaît la maison, il sera opérationnel tout de suite. Pas un hasard si Redknapp a déclaré que l’Irlandais portera le brassard dès le derby face à Arsenal ce week-end. Keane est un meneur d’homme. Le genre de joueurs qu’il vaut mieux avoir dans son camp lors d’un Tottenham-Arsenal.
Marc Hervez
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