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Rivaldo, clap de fin pour un génie ignoré

Par Javier Prieto-Santos
Rivaldo, clap de fin pour un génie ignoré

Il est sans doute le grand joueur le plus sous-coté de l'histoire. Toujours à l'ombre de Ronaldo, Romário, Ronaldinho ou Kaká, Rivaldo a été pendant longtemps le vilain petit canard du football brésilien. Portrait d'un talent incompris.

Voilà, c’est fini. Rivaldo a annoncé sur son compte Instagram la fin d’une carrière où il aura bourlingué en Espagne, en Grèce, en Ouzbékistan, mais aussi en Angola. Actuellement président du club de Mogi-mirim, le Brésilien a profité de ses derniers moments de footballeur professionnel pour partager le même vestiaire que son fils Rivaldinho. À 41 ans et malgré un genou en bouillie, Rivaldo se retire avec le sourire et la satisfaction du mec qui sait qu’il revient de loin. De très, très loin. « J’ai construit ma carrière sur un miracle, en sortant (du club)Paulista, sans aucun recours financier, sans agent, et avec les seuls encouragements de ma famille, désabusé par les médecins et les entraîneurs… J’ai vu un rêve devenir réalité. » Le rêve de Rivaldo à pris forme dans l’adversité.

Élevé à l’ombre d’une favela de Paulista « où il est difficile de rêver » , le jeune Rivaldo a longtemps dû lutter pour sa propre survie. Issu d’une famille pauvre, le jeune Brésilien souffre de malnutrition et perd même quelques chicots à cause de cela. Pour subvenir aux besoins de sa famille, Rivaldo sèche même les cours. Une nécessité plus qu’un choix qui le conduit à laver des voitures dans des parkings ou vendre des babioles dans les plages du coin. Quand il ne passe pas son temps à essayer de se faire quelques reals, Rivaldo tente de séduire les clubs du coin. Problème : les clubs n’ont pas assez d’argent pour miser sur un ado avec des jambes arquées qui ne mange pas à sa faim. Au final, Rivaldo arrive pourtant à convaincre le club de Santa Cruz FC de lui donner une chance. Le rêve est en marche. Pas bien longtemps : son père meurt écrasé sous les roues d’un camion avant même qu’il ait eu le temps de lui annoncer la nouvelle. Rivaldo encaisse, mais ne s’effondre pas. Pour s’économiser le trajet en bus, il parcoure à pied les 15 kilomètres qui séparent sa favela du terrain d’entraînement. Ça ne fait pas de lui un crack pour autant. Malgré cela, Mogi-Mirim, le club dont il est aujourd’hui président, lui offre un contrat et un salaire qui lui permet de nourrir les siens et de se consacrer pleinement au football. Rivaldo commence à se faire remarquer, notamment par les Corinthians. L’expérience au Timão sera brève. Son coach de l’époque, un maître tacticien du nom de Mario Sergio, veut l’obliger à défendre plutôt qu’à attaquer.

Pas prophète en son pays

Pas en droit d’espérer s’envoler pour les États-Unis et la World Cup 94, Rivaldo signe au Palmeiras, alors détenu par la Parmalat. Aux cotés de Roberto Carlos, Cesar Sampaio, Mazinho, Zinho, Edmundo et Flávio Conceição, il s’éclate. Palmeiras, alors entraîné par Vanderlei Luxemburgo, défonce tous les records historiques du football brésilien. Au contraire de Romário, Ronaldo et Bebeto, Rivaldo ne fait pas l’unanimité. Zagallo décide pourtant de le convoquer pour disputer les JO d’Atlanta, malgré une opinion publique qui réclame la reconstitution du duo Bebeto-Romário. « O Baixinho » reste au pays et le Brésil s’écroule en demi-finale de la compétition contre le Nigeria. Les Africains l’emportent avec le but en or suite à une perte de balle de… Rivaldo. Pointé du doigt pour son erreur tel un David Ginola version novembre 93, il décide de rebondir à La Corogne pour oublier le traitement injuste de ses compatriotes. Comme tant d’autres avant lui, Rivaldo n’est pas prophète en son pays. Et ne le sera jamais.

En Galice, le Brésilien ambiance « la Liga de las Estrellas » à coups de feintes et de missiles du gauche. Soucieux de remplacer Ronaldo parti à l’Inter, le Barça rachète Rivaldo au Depor une heure avant la fin du mercato. Le Brésilien ne tarde pas à s’imposer avec les Blaugrana. Après le départ de Ronaldo et de Figo, Rivaldo devient le crack officiel du club et l’idole du Camp Nou. Pour la première fois de sa vie, il est populaire. Malgré ses engueulades avec Van Gaal et le faible niveau de l’équipe d’alors, Rivaldo décide de repousser toutes les offres mirobolantes qui lui parviennent. Sur le terrain, le garçon oublie souvent de faire des passes, mais efface tout avec des coups de génie. Son talent est tel qu’il n’a pas besoin de remporter de Coupe d’Europe pour obtenir le Ballon d’or en 99.

Une fin de carrière de routard

L’homme a beau être élu meilleur joueur du monde et champion du monde en 2002, tout le monde s’en fiche ou presque. Le public et les marques lui préfèrent des types comme Ronaldo, Denilson ou Roberto Carlos. Plus marrants, plus vendeurs. L’influence du crack Rivaldo ne dépassera jamais le terrain de jeu. C’est là le grand malheur de sa carrière. Absent des pubs qui louent le joga bonito et peu ami de la presse, Rivaldo ne comprend pas l’importance du marketing. Il n’est pas du genre à sourire sur ordonnance pour les besoins d’une pub et n’a aucune envie de jouer l’homme sandwich. Pendant longtemps, il effacera d’ailleurs à coups de feutre noir les marques de ses crampons. Rivaldo ne tire pas profit de son incroyable talent sur le terrain. Le Barça, qu’il sauve à plusieurs reprises, finit par le céder pour une bouchée de pain au Milan AC. Un départ qu’une partie des socios ne regrettera même pas. À 31 ans, le Ballon d’or 99 était déjà fini en arrivant au Milan AC. Lui qui avait l’habitude de résoudre les matchs à lui tout seul n’a plus les jambes nécessaires pour s’extirper des défenseurs italiens. Pire, il s’embourbe dans le sudoku tactique de son coach Ancelotti, qui lui préfère un Kaká tout beau, tout jeune, tout souriant et tout parfumé.

C’est dans les enfers grecs, ouzbeks et angolais que Rivaldo se sera vraiment senti adulé voire même respecté. Le soliste magnifique qui n’avait rien compris au foot-business a cachetonné son talent jusqu’à bout de souffle. Sans s’en rendre compte, le Brésil vient encore de perdre un de ses cracks. Un type qui n’hésite pas à cracher sur la prochaine Coupe du monde et à critiquer la FIFA et les priorités du gouvernement brésilien. Un type qui, au contraire de Pelé ou Ronaldo, ne défend pas l’indéfendable. Un type qui n’oublie pas d’où il vient, ni ses principes… Bref. Un type qui va vraiment nous manquer.

Par Javier Prieto-Santos

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