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Rétro Danemark 92 : Entretien Kim Vilfort

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Rétro Danemark 92 : Entretien Kim Vilfort

Rappelez-vous. Kim Vilfort. C'était le moustachu qui a crucifié l'Allemagne en inscrivant le deuxième but danois en finale (78ème). A 2-0, il donnait le titre de champion d'Europe au danemark. En 92, le milieu offensif avait 29 ans, il jouait à Brondby (1986-98), après une saison à Lille (1985-86). Plus très au fait de la langue française, on s'est entretenu avec lui en anglais. Kim Vilfort avait laissé un souvenir émouvant durant l'Euro : il avait dû retourner à Copenhague pendant la compétition pour assister sa petite fille à l'hôpital, atteinte d'une grave leucémie. Kim s'est fait pudique : « C'est quelque chose que tu ne peux pas décrire. J'ai essayé de vivre normalement...Les coéquipiers m'ont bien soutenu. » Kim travaille aujourd'hui au FC Brondby, comme recruteur en chef. Un type bien.

Comment avez-vous appris que vous alliez disputer l’Euro ?

J’étais au Danemark parce que la moitié de l’équipe nationale jouait le championnat danois. On avait encore quelques matches à jouer. Une bonne semaine avant l’Euro, on avait joué un match contre la CEI, on a fait 1-1. Nous avons appris là qu’il était possible que le Danemark puisse participer à l’Euro. Les internationaux qui jouaient à l’étranger sont alors partis en vacances. Avertis de la possibilité de jouer l’Euro, ils s’étaient arrangés avec le staff avant de partir. C’était un peu bizarre comme situation, mais je me rappelle que la mentalité de notre groupe, c’était que si on nous appelait, on allait y aller pour gagner ! Et puis le Danemark a remplacé la Yougoslavie…

Beaucoup de joueurs de la sélection venaient du club de Brondby. C’est un facteur qui a joué pour vos futures performances ?

Oui, Brondby, c’était la moitié de l’effectif présent à l’Euro en Suède. Un autre facteur de notre réussite était que la plupart d’entre nous avaient aussi joué ensemble en Espoirs. On était allé en quart de finale du championnat d’Europe Espoirs 1986. Ensuite, nous avons eu pas mal de joueurs qui avaient aussi joué ensemble dans la très bonne sélection olympique. Donc, beaucoup de joueurs de 1992 avaient déjà joué ensemble à Brondby, en Espoirs et en sélection olympique. Richard Moller-Nielsen, le coach de 92 avait entraîné les Espoirs et les Olympiques ! Donc, beaucoup de matchs ensemble, et en plus avec pas mal de victoires !

Et les matchs ?

Le premier contre l’Angleterre. Pas terrible. Un point contre l’Angleterre, on était plutôt satisfait. Ensuite, on perd contre la Suède 1-0, un mauvais match… Ils étaient meilleurs que nous. Et puis, on bat la France 2-1. On avait 3 points et on devait attendre le résultat de Suède-Angleterre. On était content d’avoir battu la France mais on l’a été encore plus quand la Suède avait battu les Anglais. Là, on s’est dit « Yeees ! On n’a plus rien à perdre ! » .

Et la demi-finale contre les Hollandais ? Vous les avez surclassés, non ? (NDLR : 2-2 à la fin des prolongations, le Danemark bat les Pays-Bas 5 tab à 4. C’est Van Basten qui rate le sien)

Je pense que pendant 90 minutes, on a été meilleurs qu’eux. En prolongations, ce fut plus dur, on commençait à être fatigués.

D’après vous, est-ce que les Hollandais vous avaient pris de haut ?

Oui, un peu. J’en suis sûr. Certains joueurs…

Brian Laudrup a été énorme contre les Pays-Bas ! Il était partout…

Oui, Brian avait un rôle très libre : il pouvait faire ce qu’il voulait. Pour nous autres, on devait s’accrocher et courir un peu plus que d’habitude. En prolongations, contre les Pays-Bas, c’était évident qu’on accusait le coup. Tout simplement parce que notre préparation d’avant tournoi avait été plus courte que les autres équipes.

Vous vous qualifiez contre les Pays-Bas. Vous allez faire la fête en boîte, après ?

Non, on n’est pas allés en boîte. On a passé un bon moment à l’hôtel, en buvant juste quelques bières. On a fait ça à la Danoise : on se dit que le foot n’est pas la chose la plus importante dans la vie. Bien sûr que ça l’est… mais uniquement en match ! Là, on s’est posé, en buvant un coup et en discutant. On a pris le temps de décompresser. Et puis ces moments-là sont tellement fantastiques que tu n’as pas envie d’aller te coucher à 23 heures, parce que c’est impossible de dormir…

Et la finale contre l’Allemagne ? C’était quand même la grosse équipe d’Allemagne, comment as-tu appréhendé ce match ?

Là encore, nous étions plusieurs joueurs à avoir déjà battu l’Allemagne aux Jeux Olympiques. On a bien sûr pensé qu’on n’avait rien à perdre. On n’avait qu’à y aller, s’éclater et gagner. Contre l’Allemagne, si tu joues 5 matchs contre eux, tu vas en perdre trois, tu vas faire un nul et tu vas en gagner un. On s’est dit : « C’est celui là qu’on va gagner » . Nous avions marqué au bout de 18 minutes et c’est plus facile de jouer quand tu disposes de cet avantage au score. Et nous avions eu de la chance, aussi….

Est-ce que les Allemands vous auraient eux aussi pris de haut ?

Oui, peut-être. Mais alors juste un peu. Les Allemands étaient différents des Hollandais, parce qu’ils ne possédaient pas autant de très bons joueurs méga célèbres. Ce n’était pas une équipe à trop la ramener…

Avant la finale, les Danois étaient-ils fatigués ?

Avec une finale pareille, tu ne peux pas trouver mieux pour encore donner le maximum ! Tu as la possibilité d’être champion d’Europe ! On était très forts mentalement ! On ne s’était pas qualifié normalement au terme des éliminatoires. On n’a pas eu à se prendre la tête six mois avant l’Euro en se disant « Mince ! On est qualifiés mais est-ce que je serais sélectionné ou non pour cet Euro ? » . Ca a été un avantage. Notre physique n’était pas au top, mais le moral était extra !

Kim, as-tu touché le ballon de la main sur le contrôle qui précède ton but contre l’Allemagne, celui du 2-0 ?

Non. Je ne m’en souviens plus trop mais je sais que dans ce genre d’action, si j’avais douté j’aurais tiré au-dessus. La première chose que n’importe quel footballeur fait quand il reçoit le ballon dans ce genre d’action, c’est de regarder l’arbitre ou le juge de touche. Pour voir si tu es hors-jeu. Pour moi : aucun doute ! Si j’avais fait main, je m’en souviendrais sans hésitation. Regarde bien sur l’action : j’ai deux Allemands qui sont sur moi et ils n’ont rien dit, ils n’ont pas protesté. C’est sûr, à l’image, on peut avoir l’impression que j’avais fait main. Mais, non !

Et votre coach, Richard Moller-Nielsen : qu’a-t-il dit ou fait qui vous ait motivés pour cet Euro ?

Il nous a simplement dit : « On n’est pas les meilleurs, mais on est des vrais footballeurs, contents de jouer au foot, alors profitons de ce moment. » Il n’a pas arrêté de nous dire : « Allez-y ! Eclatez-vous : vous n’avez rien à perdre ! » . Ca nous a rendus meilleurs.

Vous vous rassemblez tous les ans, les Anciens de 92 ?

Oui. Pendant longtemps, on se retrouvait pour jouer un match ensemble contre une petite équipe de D2 danoise et fêter encore cette victoire entre nous, avec nos familles. Depuis trois ans, on n’a pas joué ce match, mais on s’est tous retrouvé pour passer une soirée ensemble. A la fin de juin. C’est super, tout le monde vient.

Et Michael Laudrup ?

Il est parti pendant les qualifications quand il a vu qu’on ne se qualifierait pas pour cet Euro. Il voulait avoir la même importance en sélection qu’en club.

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