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Un groupe de supporters en MLS, ça ressemble à quoi ?

Par Théo Juvenet, au stade Saputo de Montréal
5 minutes

Comme observé lors de la Coupe du monde des clubs, supporter son équipe favorite en Amérique du Nord n’a pas la même définition qu’en Europe, où les clubs ont presque tous leurs ultras. C’est à Montréal, au Canada, que l’on peut trouver l’un des seuls collectifs d’ultras de MLS, et deux groupes de supporters de chaque côté des tribunes. Alors on est allés les rencontrer dans leur quotidien un jour de match.

Un groupe de supporters en MLS, ça ressemble à quoi ?

C’est sous la grisaille canadienne, un après-midi d’avril, qu’un groupe d’une cinquantaine de personnes se rassemble près de l’imposant mur qui soutient le parvis du stade Saputo, domicile du CF Montréal. Leur club n’a alors toujours pas gagné un match de la saison, et squatte la dernière place de la Conférence Est avant de recevoir les Floridiens d’Orlando City. Mais le Collectif Impact Montréal a une autre priorité : chanter et exister dans une MLS plus habituée aux animations publicitaires qu’à celles en tribunes.

« La répression, ici c’est un autre niveau, on peut rien faire quoi. Tu craques un fumi, t’es un monstre, ta tribune ferme pour toute la saison. On est très loin des craquages de 40 torches comme à Toulouse, où tu peux t’en sortir avec une amende », explique William, membre du collectif qui partage sa vie entre Montréal et la Ville rose, où il habite à la demi-année pour ses études. Pas de pyrotechnie en tribunes certes, mais un esprit ultra « à l’européenne » omniprésent, à l’encontre d’une culture nord-américaine axée sur le divertissement et le show-business. « On est un peu des Ovnis ici ! »

La répression, ici c’est un autre niveau, on peut rien faire quoi. Tu craques un fumi, t’es un monstre, ta tribune ferme pour toute la saison.

William, membre du Collectif Impact Montréal

Le CIM, autoproclamé seul collectif ultra d’Amérique du Nord avec leur groupe ami de San José (Californie), s’est formé en 2023 et résulte de la fusion des quatre ex-associations de supporters de la tribune Ouest, majoritairement politisés à gauche. Toujours postés devant le stade à boire quelques bières avant le coup d’envoi, nos irréductibles se font un malin plaisir à chambrer le car des supporters d’Orlando, garé à quelques encablures de leur point de rendez-vous. « Orlando is full of shit », « You voted for Trump », « Build the wall », lancent successivement les ultras montréalais à la sortie de la centaine de supporters adverses marchant en direction de leur emplacement. Derrière l’humour et cette bonne humeur contagieuse se cache une réalité plus amère. Il y a quelques années, ces “partisans” n’ont pas digéré que la direction du club touche à leur histoire. « On est accepté au stade parce qu’ils sont conscients qu’on met l’ambiance, mais on les fait toujours aussi chier avec la question de l’identité du club », poursuit William.

Le rebrand de la discorde

Cette question d’identité remonte à 2021 et le rebrand du club, orchestré par la direction de l’époque et le propriétaire Joey Saputo, homme d’affaires le plus riche du Québec, magnat local du fromage et également propriétaire de Bologne. Exit l’Impact de Montréal, bonjour le Club de Foot Montréal et son logo flocon. « Au moment du rebrand, ils ont tout rasé : le nom, les couleurs, l’histoire du club… tout cela n’existait plus. Sur les anciennes photos de joueurs qu’ils réutilisaient, ils floutaient l’ancien blason ! Ça a énervé tout le monde », peste un membre du CIM, sur un épisode que personne n’a oublié dans la ville aux Cent Clochers. « ’Club de foot de Montréal’ c’est hyper aseptisé, ça veut pas dire grand chose. » Une tension qui atteint son paroxysme en septembre 2021, et une décision de la direction de fermer la section 132 après une bagarre contre leurs rivaux de Toronto et l’usage de fumigènes en tribunes.

Quand on nous bannissait de notre tribune, le club mettait une géante toile dessus… avec le nouveau logo que l’on haïssait. On a perdu une partie de notre mémoire collective.

Costa, abonné de longue date

« Quand on nous bannissait de notre tribune, le club mettait une géante toile dessus… avec le nouveau logo que l’on haïssait… Avec ça, le club a perdu des supporters qui étaient là depuis plus de 20 ans, qui faisaient les déplacements… On a perdu une partie de notre mémoire collective », regrette Costa, abonné de longue date. Quatre ans plus tard, si les relations entre le CIM et le club qu’il supporte restent quasi-inexistantes, la nouvelle direction incarnée par le président Gabriel Gervais est revenue sur une refonte qui a dépassé le simple cadre visuel. Depuis, le logo et le maillot du club ont retrouvé leurs bandes noire et bleue et un nom plus lisse (CF Montréal) sans pour autant que la dénomination « Impact », si chère au CIM, ne soit ré-intronisée. Contactée quant à ses relations avec les résidents du bloc 132, la direction du CF Montréal n’a pas donné suite à nos sollicitations.

Deux salles, deux ambiances 

Dans la tribune d’en face réside un autre groupe de supporters, les 1642 Montréal, à la philosophie très différente du CIM. « Depuis leur retour en 2023, on tente de tisser des liens, on essaie de mettre en place des chants communs… mais on a quand même deux visions différentes de ce qu’est un supporter. On chante aussi hein, mais on a moins cette essence d’ultra. Eux vont chanter 90 minutes, craquer des fumis… Chez nous c’est quand même plus familial », lance Justine Longpré, capo du groupe, que l’on retrouve au traditionnel tailgate d’avant-match. Un événement coutume au Canada et aux États-Unis, qui consiste à se retrouver sur les parkings des stades où sont organisés apéros et barbecues. « Ici les stades sont dans des zones industrielles ou des terrains vagues, sans bars ni restos autour, contrairement à l’Angleterre où le stade est souvent en plein milieu de la ville », explique-t-elle.

En tribunes également, 1642MTL a ses propres pratiques, et une cloche installée en bas de sa section, symbole de Montréal, que sonne une personnalité de la ville à chaque but. « La première fois où elle a sonnée, c’était lors du premier match de Didier Drogba, où il met un triplé du droit, du gauche et de la tête », ressasse avec nostalgie la représentante du groupe. Manque de chance, l’invité du jour Karl Ouimette (ex-joueur de l’Impact entre 2012 et 2014) n’aura pas ce luxe compte tenu de la purge que nous ont offert les coéquipiers de Samuel Piette, et un triste 0-0. Un résultat anecdotique pour Justine Longpré : « On est le seul club de MLS à avoir des groupes de chaque côté des tribunes. » Et c’est bien là le plus important.

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Tous propos recueillis par TJ

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