- L1 – J8
- Rennes/ASSE
Rennes : voyants au vert
Après avoir collé un set à Sochaux à Bonal (6-2) et avant un rendez-vous européen de prestige face à l'Atlético, le Stade Rennais affronte ce soir l'ASSE Route de Lorient. L'occasion de confirmer les bonnes intentions du début de saison.
« Rennes est l’équipe la plus forte que nous ayons rencontrée. Plus forte que Lille. » On peut dire de l’entraîneur sochalien Mecha Baždarević que c’est un petit malin : faire ainsi l’éloge après match d’un adversaire qui a outrageusement dominé ses protégés, c’est justement le bon moyen de les dédouaner. La bonne vieille méthode psychologique pour ne pas pointer du doigt ses propres faiblesses et ne pas sortir traumatisé d’un tel match pour vite passer à autre chose. Mais on peut aussi dire du coach bosnien que c’est peut-être un visionnaire. Après pas loin de dix ans de flirt poussé avec le podium, le Stade Rennais peut-il réussir enfin à conclure à la façon des Nordistes la saison passée ?
On serait tenté de dire oui, l’éternel outsider peut cette fois réussir. La saison dernière déjà, les Bretons avaient longtemps joué les fiers à bras en haut de tableau, avant de s’écrouler assez pathétiquement au printemps. La faute à la malchance, un peu, avec une infirmerie pleine à craquer, la faute à un problème dans l’animation offensive, surtout, avec aucun vrai buteur pour la mettre au fond. Or, depuis la reprise, si le nombre de blessés pose toujours quelques soucis (l’éternel absent Apam, Brahimi, Mangane, Boukari…), cette fois l’attaque flambe. Il n’y a qu’à voir les stats: déjà 17 buts inscrits lors des sept premières journées, meilleure attaque de L1 et déjà quasiment la moitié de l’ensemble des pions inscrits en 38 journées la saison passée (38 buts) ! Pris individuellement, il n’y a que des satisfactions : Victor Hugo Montano, quoiqu’encore perfectible techniquement, se montre enfin réaliste, avec déjà 4 buts à son compteur ; Jires Kembo, préféré à Abdul Camara pour faire le nombre, se révèle ; Jonathan Pitroipa, le dribbleur fou, Julien Féret, le chef d’orchestre et Yann M’Vila le relayeur se chargent d’amener le ballon dans la zone dangereuse ; enfin Youssouf Hadji, dernier arrivé en clôture du mercato, n’a pas mis longtemps à reprendre ses marques, lui qui avait déjà évolué deux saisons chez les Rouges et Noirs avant de s’exiler en Lorraine.
Une défense friable
Alors que des options plus prometteuses avaient été évoquées cet été pour combler ce manque dans l’effectif rennais, l’arrivée de l’attaquant international marocain s’avère être une décision judicieuse : expérimenté et altruiste, il apporte toute son expérience et sa hargne à une formation qui semblait justement manquer de ces deux qualités. Sans oublier qu’il dispose derrière lui de son meilleur pourvoyeur de ballon des années nancéennes, en la personne de Féret. Sans oublier non plus qu’il manque à cet inventaire Razak Boukari, blessé, Yacine Brahimi, sur le retour (mais qui s’est de nouveau blessé cette semaine), et Stéphane Dalmat, qui semble désormais cantonné – avec succès – à un rôle de joker. Tout ça forme un ensemble cohérent et prometteur, avec, contrairement à la saison passée, des choix multiples pour s’adapter à l’adversaire et enchaîner les matchs sans trop d’inquiétudes.
Néanmoins, tout n’est pas encore parfait chez la bande à Antonetti. Car si l’attaque performe au-delà des espérances, la défense est en souffrance. Avec 11 buts encaissés, elle ne se classe qu’en 17e position dans ce domaine. Pour l’équipe la plus hermétique de la saison passée, ça le fait moyen. Et pour espérer durer dans le trio de tête, c’est insuffisant. Le gardien est mis hors de cause, puisque le prometteur Costil semble déjà avoir fait oublier Douchez (cf. sa performance au Vélodrome le 10 septembre). Quant à la défense, elle n’a que peu changé cet été, en étant seulement bonifiée par l’arrivée de Chris Mavinga. Bizarre, donc. Sauf qu’à y regarder de plus près, on constate que d’une part, le leader Kader Mangane est soit moins tranchant que par le passé, soit blessé comme en ce moment, que d’autre part, la recrue Mavinga cumule également les pépins physiques et qu’enfin il ne peut y avoir de miracle, si l’équipe se met à jouer plus vers l’avant, elle va forcément plus s’exposer derrière. Question d’équilibre. Illustration avec le déplacement sur le terrain de l’Udinese en C3 et la dernière réception de Nancy en L1, deux matchs aux profils similaires : domination insistante mais stérile, manque de vigilance et buts adverses. Même à Bonal mercredi, Rennes avait été rejoint deux fois au score en première période, avant de prendre le large en seconde. « J’espère que cette victoire fera office de déclic pour les joueurs, a alors déclaré Antonetti. C’est en tout cas un passage pour grandir. » Grandir et continuer d’y croire.
Par Régis Delanoë
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