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Pratto, l’ours qui a recalé Higuain

Par Ruben Curiel
Pratto, l’ours qui a recalé Higuain

Ancien videur de boite de nuit, Lucas Pratto, vingt-huit ans, vient de découvrir la sélection argentine. Inconnu en Europe, il est le choix numéro un d'Edgardo Bauza, loin devant Gonzalo Higuain et tous les autres. Portrait.

À vingt-huit ans, pas grand monde ne se souvient de son prof de sport. Quand il a entendu l’hymne retentir dans l’enceinte de Mendoza, vendredi dernier, Lucas Pratto, avant-centre argentin qui vient de connaître ses deux premières sélections avec l’Albiceleste, a dû avoir une pensée pour le sien. Celui qui lui a permis de rejoindre Boca Juniors, en 2004. Gabriel Palermo, professeur d’éducation physique et frère de Martín Palermo, idole des Xeneizes, traînait aux entraînements du Club Defensores de Cambaceres, où Pratto tâtait le ballon à l’adolescence. Fasciné par l’instinct de buteur du gamin, Gabriel prévient son frère, qui entame son deuxième cycle du côté de la Bombonera. La suite est racontée par l’ancien international argentin, désormais entraîneur d’Unión Española au Chili, dans les colonnes de la Tercera : « C’est moi qui ai recommandé Lucas à Boca. Mon frère allait le voir jouer à Cambaceres et j’ai donc tout fait pour qu’il puisse venir faire un essai à Boca. Ils ont été convaincus, et son histoire de footballeur a débuté. » Mais Lucas Pratto ne s’y est jamais imposé, a dû rejoindre la Norvège pour prouver, avant de triompher tardivement à Vélez Sársfield. Voilà par où a dû notamment en passer l’Ours pour finir par répandre son surnom partout en Amérique du Sud. Point culminant de cette ascension : un but avec l’Argentine contre le Venezuela mardi soir.

La Plata ne fait pas le bonheur

C’est dans un taudis du quartier populaire Los Hornos, à la Plata, que la famille Pratto vit. Ou survit. Abandonnés par leur père, Lucas Pratto et son frère Leandro enchaînent les métiers pour mettre du pain sur la table. Dans une interview pour la Nación, Pratto se souvient de ses nuits de videur de boîte de nuit

En tant que videur, j’étais payé 50 pesos la nuit, à l’époque, c’était une somme énorme. Moi, j’étais prêt à me battre pour cette paye s’il le fallait.

: « J’avais des consignes :« S’il y a embrouille, appelle la police. »Je ne devais pas frapper ou m’en mêler. J’étais payé 50 pesos la nuit, à l’époque, c’était une somme énorme. Moi, j’étais prêt à me battre s’il fallait pour cette paye. » Loin du géant de la région, Estudiantes La Plata, Pratto plante ses premiers pions dans des petits clubs de quartier. Direction la Boca, grâce à l’influence de Martín Palermo. L’histoire est parfaite pour Pratto, supporter inconditionnel de Boca Juniors. Le buteur se balade avec les jeunes, formant un duo d’attaque exceptionnel avec Óscar Trejo, l’attaquant de Toulouse. S’il croise Palermo aux entraînements, il n’aura jamais l’occasion de jouer à ses côtés, barré par Lucas Viatri ou Pablo Mouche. Il est envoyé en prêt à Tigre, où il brillera encore en réserve. Libéré par le départ de Lázzaro, le buteur vedette, il marque enfin son premier but en première division, lors du tournoi de clôture 2008. De retour à Boca après ce prêt, El Oso fait ses valises pour tenter l’aventure européenne. Direction la Norvège.

L’Ours au pays du saumon

Comment un jeune buteur argentin qui n’a jamais convaincu en Primera se retrouve en Norvège ? Rolf-Magne Walstad, directeur sportif du FC Lyn Oslo, répond : « C’est grâce à l’agent de Diego Guastavino, un ancien joueur uruguayen de notre club. Nous cherchions un buteur, et l’agent nous a parlé de Pratto. On l’a fait venir en prêt pour six mois, et on a trouvé un accord avec Boca pour prolonger six mois de plus. » L’adaptation du jeune Argentin à la vie d’Oslo se passe parfaitement bien : « Il n’était pas en forme à son arrivée, mais il donnait tout sur le terrain. Et culturellement, il s’est fondu à notre ville. Il connaissait ce climat, le style de jeu du championnat norvégien qui ressemble à celui d’Argentine, c’est-à-dire très exigeant physiquement. Il n’y a que la communication qui était compliquée. »

Quand on pense au football argentin, on s’imagine des joueurs techniques, rapides, petits. Lucas est totalement différent. Il est grand, puissant, fort dans la surface.

Et d’ajouter : « Quand on pense au football argentin, on s’imagine des joueurs techniques, rapides, petits. Lucas est totalement différent. Il est grand, puissant, fort dans la surface. » Le directeur sportif du club norvégien se souvient d’un match en particulier : « Il a marqué quelques buts très importants, notamment dans le derby fou face à Vålerenga, qui a terminé sur le score de 4-4. Il a égalisé dans les dernières minutes. Le public l’adorait, tout le monde se souvient de lui aujourd’hui. » Nostalgique, Rolf-Magne Walstad conclut : « On a voulu le recruter définitivement, mais le club était en mauvaise situation financière, c’était impossible. » La parenthèse Erasmus terminée, Pratto ajoute un autre club à son CV en rejoignant Unión de Santa Fe, en D2 argentine. Six mois et quelques buts suffiront pour convaincre Juan Antonio Pizzi, entraîneur de l’Universidad Católica au Chili, de recruter le puissant attaquant. Pratto laisse derrière lui son rêve de gamin de triompher à Boca (il est vendu définitivement, dans le cadre du transfert de Gary Medel). Avec la Cato, Pratto soulève même le premier titre de champion de sa carrière, en 2010.

Pas trop habitué à la réussite, l’Argentin va de nouveau connaître la galère en franchissant l’Atlantique. L’été suivant, le Genoa lâche trois millions d’euros pour le goleador. Une quinzaine de matchs à cirer les bancs italiens plus tard, Pratto est prêté avec option d’achat à Vélez Sársfield. Le moment de la renaissance. Joueur majeur du Vélez champion de 2012, Pratto s’impose comme l’un des buteurs les plus réguliers d’Argentine. Souvent décrit comme bourrin et doté d’une technique suffisante, Pratto devient rapidement l’idole du club du quartier de Liniers, à Buenos Aires. Il affirme même qu’il ne quitterait pas Vélez pour rejoindre un autre club argentin, malgré les avances de River Plate. C’est finalement l’Atlético Mineiro qui lâche quatre millions d’euros à l’hiver 2015.

Le neuf de Bauza

Au Brésil, Pratto s’épanouit enfin, à aujourd’hui vingt-huit ans. Alors qu’il entraînait São Paulo, Edgardo Bauza a tenté, sans succès, de le recruter. Quelques mois plus tard, alors qu’il livre sa première liste en tant que sélectionneur de l’Argentine, Bauza convoque Pratto, pendant qu’Higuaín continue sa remise en forme à Turin. Pour sa première sélection, Pratto s’est tapé le travail de sape, coincé entre Godín et Giménez, et il s’en est plutôt bien sorti. Après une carrière pleine de galères, il a logiquement lâché sa larme lors de l’hymne de sa patrie.

« J’étais très ému. Juste au-dessus de moi, il y avait le drapeau argentin. Je l’ai fixé, et je me suis dit que je portais le maillot que tout gosse rêve de porter quand il commence à jouer au football » , a déclaré le néo-Albiceleste sur TYC Sports. Pour sa deuxième cape, Pratto a marqué son premier but, d’un pointu évidemment. Alors qu’Higuaín n’a pas osé remettre les pieds en Argentine après la finale de la Copa América Centenario, Pratto pourrait devenir, sur le long terme, l’avant-centre titulaire de la nouvelle Argentine de Bauza. L’Ours a enfin gagné son combat.

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Par Ruben Curiel

Propos de Rolf-Magne Walstad recueillis par RC

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