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« Jouer contre un footeux, c’est un cauchemar pour tous les tennismen »

Par Mathias Edwards

Les tableaux de tournois de tennis amateurs sont truffés d’ex-footballeurs. Une espèce qu’aucun joueur ne souhaite affronter. Benjamin Nivet et Lionel Mathis expliquent pourquoi.

« Jouer contre un footeux, c’est un cauchemar pour tous les tennismen »

Lorsqu’il s’agit d’évoquer la fin de carrière de footballeurs professionnels, tous les sons de cloches résonnent. Si le cliché veut qu’on parle souvent de « petite mort » chez ces trentenaires la plupart de temps en pleine forme, la réalité est souvent beaucoup plus nuancée. Pour certains, c’est même une libération. Fini les mises au vert interminables, les week-ends loin de leurs familles ou les vacances rythmées par des exercices de préparation physique. Mais si certains se relâchent totalement en se laissant rapidement pousser un ventre dont ils ne soupçonnaient pas l’existence jusque-là, d’autres ont toujours ce besoin de compétition ancré en eux, certes de manière plus relax, la pression en moins, mais tout de même.

Pour cela, ils échangent bien souvent leurs crampons pour une raquette. Bien souvent de padel ces derniers temps, mais également de tennis, pour les plus traditionnels. En France, c’est le cas, entre autres, d’Éric Bauthéac, Serge Blanc, Laurent Bonnart, Pierre-Alain Frau, Ludovic Giuly, Gaël Givet, Yoann Gourcuff, Christophe Jallet, Christophe Kerbrat, Yoann Lachor, Sabri Lamouchi, Lionel Letizi, Hugo Lloris, Steed Malbranque, Olivier Monterrubio, Jean-Pierre Papin, Claude Puel, Louis Saha, Sylvain Wiltord, ou du meilleur d’entre eux, Christophe « Poussin » Meslin. L’idole d’Alexy Bosetti a en effet été classée 3/6 au meilleur de sa forme. Mais également des anciens milieux de terrain de l’Association de la jeunesse auxerroise, Benjamin Nivet et Lionel Mathis, qui est même devenu professeur de tennis.

Nivet et Mathis, crus classés en Bourgogne

Benjamin Nivet, l’ancien « numéro 10 de province » le plus célèbre de France, également passé par Troyes, Châteauroux et Caen, vient d’une famille de tennismen, comme il le raconte. « Je joue au tennis depuis tout petit, mon père et ma sœur jouaient, j’avais souvent une raquette à la main. Mais très tôt, mon père m’a dit qu’il ne fallait choisir qu’un seul sport et j’ai choisi le foot pour l’aspect collectif. » Une fois sa carrière de meneur de jeu sur de bons rails, compliqué en effet d’allier les deux disciplines, le risque de blessures étant trop élevé. Même s’il l’avoue aujourd’hui, pendant les vacances, il ne résistait pas aux appels du pied de sa raquette : « J’aimais trop ça. » Et c’est tout naturellement qu’une fois sa carrière de footeux bouclée, son premier réflexe a été de s’inscrire à un tournoi de tennis. « J’avais trop hâte de savoir où je me situais par rapport aux différents classements, c’est toujours l’aspect compétition qui m’anime. J’avais lancé comme défi à un copain qui était 15/1 que dans un an, je serais à son niveau. Et j’ai très vite été 15/1. »

On fait tous le même constat lorsqu’on joue contre un footballeur. C’est très frustrant, ça apprend l’humilité.

Olivier, battu par un footballeur

Pour Lionel Mathis, l’histoire est un peu différente. L’ancien milieu relayeur, qui en plus de l’AJA a également fait le bonheur de Sochaux et de Guingamp, a découvert la balle jaune en 2017, une fois sa carrière terminée. Mais comme sur les pelouses, l’homme ne fait pas les choses à moitié. En quelques années, le quadruple vainqueur de la Coupe de France se classe 5/6 et dispense des cours de tennis tous les matins à des adultes de tous niveaux, dans son club de Saint-Georges-sur-Baulche, à côté d’Auxerre. Et pose son sac sur une dizaine de tournois par an. Mais les deux joueurs ont un point commun : comme tous les anciens footballeurs, ils ont tendance à horripiler leurs adversaires sur le court. Et cela n’a bien évidemment rien à voir avec leur personnalité.

« C’est vrai que je joue essentiellement sur mes qualités physiques de footballeur »

Olivier, joueur amateur classé 30 en Haute-Garonne, ne prend aucune pincette lorsqu’il s’agit d’évoquer le sujet : « Jouer contre un footeux, c’est un cauchemar pour tous les tennismen. » En cause, leur condition physique largement au-dessus de la moyenne, comme il le raconte. « Celui contre qui j’ai joué, et perdu, était classé 15/5, développe-t-il. Mais dès l’échauffement, je me suis demandé si j’avais bien compris. Il n’avait pas de coup droit, pas de revers, aucune technique ! » Il n’aura fallu que quelques jeux à ce supporter lyonnais pour comprendre le secret du footballeur : « Au bout de deux jeux, il m’a mis dans le rouge. C’était sa première année de tennis, il avait 40 ans, il était increvable. On fait tous le même constat lorsqu’on joue contre un footballeur. C’est très frustrant, ça apprend l’humilité. Le physique joue beaucoup et ils anticipent bien mieux que la moyenne, ils ont une science du placement et lisent très bien les trajectoires de balles. C’est la preuve que le cardio peut suffire pour être classé 15/5. »

Même constat du côté de Sylvain, qui trimballe sa raquette dans le Puy-de-Dôme. « Le footeux contre qui j’ai perdu s’est pointé en short et chaussures de foot à picots, pour terrains en stabilisé, ce qui n’était pas un si mauvais choix vu qu’on jouait sur de la moquette, se souvient-il. En revanche, il n’avait pas de poches pour mettre les balles. » Côté jeu, même constat que chez Olivier. « Il avait une technique très approximative, mais il renvoyait tout. » Lionel Mathis ne contredit pas les deux victimes de footballeurs. « C’est vrai que je joue essentiellement sur mes qualités physiques de footballeur, qui me permettent souvent de jouer le coup en plus qui fait louper l’autre. On a souvent des adversaires qui baissent les bras, qui se disent qu’ils n’y arriveront pas. C’est frustrant pour eux, mais c’est comme ça ! »

On a souvent des adversaires qui baissent les bras, qui se disent qu’ils n’y arriveront pas.

Lionel Mathis

Benjamin Nivet concède de son côté n’avoir « pas de service, mais un peu de technique quand même. On entend tout le temps cette critique et c’est vrai que le point commun des footeux, c’est qu’on s’arrache sur toutes les balles. On a une condition physique qui nous permet de courir partout et cela force l’adversaire à prendre des risques. Comme on est un peu moins techniques, on essaie avant tout de remettre la balle dans le cour. 15/3, pour un footeux, c’est accessible facilement. » Et si le secret pour réussir une bonne carrière de tennisman amateur était avant tout de réussir dans le foot ?

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Par Mathias Edwards

Tous propos recueillis par Mathias Edwards

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