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Petit florilège de la campagne présidentielle blaugrana

Après des semaines de campagne, les quatre finalistes de l'élection présidentielle barcelonaise attendent le verdict des urnes. L'occasion de revenir sur quelques phrases que l'on ne peut entendre que lors de cette période de tractations électoralistes. Attention, grand n'importe quoi en approche.
Laporta : « Le transfert de Neymar pourrait nous coûter 220 millions d’euros ! »
Des quatre concurrents pour la présidence du FCB, Joan Laporta est sans doute le plus charismatique. Pour ne pas dire démago. À l’occasion d’une énième diatribe contre son principal adversaire, aka Josep Bartomeu, le big boss du premier triplé blaugrana renvoie sur la table le dossier Neymar. À propos de ce dossier épineux, qui avait coûté son poste à Sandro Rosell, et dont les soubresauts fiscalo-judiciaires n’ont pas encore connu leur épilogue, le sieur Laporta envoie en l’air un montant astronomique : 220 millions d’euros ! De près ou de loin, personne ne peut assurer que l’opération atteigne une telle somme. Mais qu’importe : à l’heure où seul le verdict des urnes compte, un bon coup de démagogie ne coûte rien.
Bartomeu : « Une entreprise technologique asiatique est disposée à payer un montant très proche de ce dont a besoin le Barça »
Dans le jargon des poulaillers, on appelle ça une girouette. Dans celui de l’automobile, un virage à 180 degrés. En l’espace de quelques semaines, la position de Josep Bartomeu sur le partenariat blaugrana avec le Qatar a connu un retournement de situation improbable. Sujet clé de cette campagne, le contrat annuel de 30 millions d’euros de la compagnie aérienne du pays du Golfe fait jaser. À tel point que Bartomeu a promis avoir trouvé un nouveau sponsor, cette fois asiatique, enclin à débourser une somme tout aussi élevée. Bref, une promesse électorale de plus qui met en lumière le clientélisme du bon Josep – une affirmation qui ne lui est pas propre.
Laporta : « Il faut choisir entre le Qatar et les corrompus, ou Unicef et les gens clean »
L’insistance de Joan Laporta à matraquer l’ancien bras droit (Bartomeu) de son ancien bras droit (Rosell) trouve son climax avec le sponsor principal du FCB. En signant un contrat millionnaire avec le Qatar – d’abord Qatar Foundation, puis Qatar Airways -, la direction présidée par l’homme aux binocles a fait fi d’une tradition plus que centenaire au Barça : vendre aux plus offrants son maillot. D’où cette pique d’un Laporta qui avait, en son temps, mis à l’honneur l’UNICEF en lui offrant l’espace de son maillot tout en lui octroyant un chèque annuel d’un million d’euros. Bref, malgré quelques problèmes d’espionnage de ses poulains et une gestion cataclysmique des comptes blaugrana, Laporta se confère l’étiquette de mec clean. Au culot.
Benedito : « Je veux faire entrer le Barça dans le XXIIe siècle »
Avec ses cheveux grisonnants et son franc-parler, Agusti Benedito ne manque pas d’idées. Parmi ses propositions, cet homme d’affaire catalan, qui a déjà terminé second des dernières élections présidentielles de 2010, promet ainsi de faire entrer le Barça dans le prochain siècle. Et ce, avec quelques années d’avance. Dans les faits, il assure que, s’il est élu, il mettra une direction collégiale à la tête du FCB. Autrement dit, il divisera les pouvoirs décisionnaires du club entre quatre personnes. Une collégialité qui part d’un bon sentiment, mais qui devrait pourtant se heurter au statut du club catalan. Et au fait que le XXIIe siècle ne devrait pas arriver avant 85 ans…
Freixa : « Pogba ? Trop cher. Moi, je promets Verratti »
Autre point clé des élections présidentielles – ce qui se vérifie également au Real Madrid -, le mercato. Chaque candidat promet ainsi une star et fait saliver les socios barcelonais. Tandis que Joan Laporta affirme détenir un accord de principe sur un éventuel transfert de Paul Pogba – un accord qu’a d’ailleurs confirmé Mino Raiola en bon ami de Joan -, Toni Freixa mise sur Marco Verratti. La presse barcelonaise a ainsi laissé entendre que le candidat est déjà entré en contact avec l’agent du joueur du PSG. Un agent qui lui a rendu la pareille, sans pour autant indiquer qu’un accord soit trouvé puisque « tous les jours, je parle à beaucoup de monde » . Bref, en cas d’élection improbable de Freixa, rien n’assure que Verratti devienne un joueur blaugrana.
Benedito : « Le Qatar est un État qui finance le terrorisme et l’État islamique »
Après les allusions de Freixa sur le Qatar, les véhémentes critiques de Laporta à ce sujet, Agusti Benedito n’a lui pas fait dans le détail. Selon lui, le Qatar, qui fait sa pub sur le dos du Barça, est un état qui favorise et finance le terrorisme. Des accusations lourdes de sens qui auraient déjà coûté une crise diplomatique entre de nombreux pays. Mais dans la nébuleuse du Barça, les choses sont bien différentes. Cependant, cette sortie médiatique pourrait également lui coûter de nombreux bulletins de vote tant le sujet divise au sein des socios. En filigrane, il faut traduire la redondance de ce sujet dans la campagne comme un coup de poignard aux valeurs du Mes que. Des valeurs qui se heurtent indubitablement à la loi mercantile.
Laporta : « Il faut faire de la politique avec le sport, bien entendu »
En quittant son poste de président du FCB en 2010, Joan Laporta se transforme en sauveur de la Catalogne. À peine vingt jours après sa fin de règne, il créait son propre parti politique, Solidaritat Catalana per la Independencia. Quelques mois plus tard, le camouflet est grand : son parti ne remporte que 3,3 % des votes aux élections régionales, ce qui ne lui confère que quatre sièges au parlement. Suite à cet épisode raté, Joan espère redonner au FCB un rôle politique mis entre parenthèses depuis l’ère Rosell-Bartomeu. Preuve de l’importance du sujet dans la campagne, les quatre candidats se sont ainsi engagés à « promouvoir la langue catalane » et la sélection du même nom. Mais des quatre larrons, c’est bien Joan Laporta le plus en clin à faire du FCB « son » parti.
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