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Paul de Saint Sernin : « Cette Coupe du monde des créateurs, on l'a faite à l’arrache »

Propos recueillis par Sacha François
7 minutes

Humoriste, chroniqueur et désormais champion de la première Coupe du monde des créateurs, Paul de Saint Sernin a laissé ses vannes au vestiaire et enfilé un maillot bleu en Malaisie pour dix jours de tournoi. L'occasion d'apporter son regard sur cette drôle communauté que forment les « créateurs de contenus ».

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Comment t’as appris ta sélection avec la French Touch pour la Coupe du monde des créateurs ?


Par un message de Vicos, le grand blond de Pitch Addict. Avec Tibs, ce sont eux qui ont tout organisé au niveau de la sélection. On avait déjà tourné des vidéos ensemble, ils connaissaient mon amour du foot. Les critères, c’était d’avoir 500 000 abonnés et un niveau foot correct. Avant ce SMS, je ne savais même pas que la compétition existait, mais j’étais super fier de représenter la France. J’ai même décalé des grosses échéances pros pour y aller.

Quand tu joues contre l’Argentine, tu joues vraiment contre des Argentins avec la coupe de Paredes, leur teinture blonde et leurs tatouages, qui font la prière avant chaque match et qui t’attrapent les chevilles à chaque contact.

Paul de Saint Sernin

Et sur place, ça ressemblait à quoi ?


On a vécu comme des pros : hôtel, causeries, réveil musculaire, la Marseillaise avant les matchs… Et puis chaque sélection avait un style marqué. Tu retrouves les caractéristiques des sélections pro dans les sélections créateurs. Tu vas tomber sur des Chiliens hyper physiques, hyper à l’arrache. Sur des Argentins qui surjouent les fautes, qui simulent et qui vont gratter le moindre ballon pour une touche. Et à l’inverse, sur des Français plus axés sur la rigolade, ou encore des Anglais avec un jeu beaucoup plus direct, des passes fortes, des centres, des têtes. C’est assez rigolo de retrouver la culture de chaque sélection. Quand tu joues contre l’Argentine, tu joues vraiment contre des Argentins avec la coupe de Paredes, leur teinture blonde et leurs tatouages, qui font la prière avant chaque match et qui t’attrapent les chevilles à chaque contact.

Vous aviez préparé sérieusement cet évènement ?

Pas du tout. Contrairement aux autres qui s’entraînaient depuis des mois, nous on a fait ça « à l’arrache ». Mais Vicos et Tibs ont été malins : ils ont pris des mecs qui savaient jouer, pas juste des créateurs connus (avec Mamadou Sakho, Vinsky, Today Its Football, Sisinho ou encore Nico Colombien comme coach, NDLR). Et surtout, ils ont construit un groupe qui pouvait vivre ensemble dix jours à l’autre bout du monde. Ça paraît bête, mais ça change tout. Il suffit d’un gars qui s’entend pas avec les autres pour foutre l’ambiance en l’air. On l’entend souvent dans les médias « Didier Deschamps, il a construit un groupe, il a pris untel parce qu’il s’entend bien avec untel ». De loin, tu te dis que c’est du bla bla. Mais en vrai, dix jours non-stop avec les mêmes gars, c’est long, et l’équilibre du groupe est essentiel. Là-dessus, notre sélection a été parfaite.

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Tu te reconnais dans la désignation « créateur de contenus » ?


Absolument pas. Je pense qu’ils ont utilisé ce mot pour dire « Coupe du monde de ceux qui ont des abonnés ». Mes coéquipiers se filmaient tout le temps, moi je vivais ce qui se passait. Mon métier, c’est d’être humoriste, pas de me définir comme créateur. Mon travail, c’est d’être sur scène ou à la télévision, et de temps en temps je vais poster un extrait, mais je ne le fais pas uniquement pour les réseaux. Quand je fais ma vanne pour la télé, je la fais pour la télé, mais je sais très bien qu’elle est destinée à faire des millions de vues sur d’autres plateformes.

Puisque tu les as vu de près, comment tu définis un créateur de contenus ?


Le créateur crée du contenus pour les réseaux, il cherche des formats attractifs, c’est du divertissement. À la fin de l’entraînement, chacun sortait son portable : crossbar challenge, sketchs, petits formats… C’est ça la différence avec le journaliste, lui, doit être neutre et livrer l’info. Le créateur peut monter dans un bus avec des supporters et chanter « Paris SG, tous ensemble on chantera cet amour qu’on a pour toi  », le journaliste non. Et puis le créateur est son propre patron. Il veut faire un jeu avec du piment et un joueur ? Il le fait. Le journaliste, lui, doit faire valider son sujet par un rédacteur en chef, ce qui peut freiner la créativité.

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Tu le vois comme une menace pour les médias traditionnels ?


Je pense que si j’y voyais un aspect négatif, cela voudrait dire que je ne vivrais pas avec mon temps. C’est comme si le monde avançait et que certains avaient envie de lui dire « ah non, n’avance pas ». Je trouve ça positif. Je ne dis pas qu’il faut remplacer les journalistes, c’est un boulot qui est très important et qu’il faut conserver. Mais je trouve ça super de ne pas fermer la porte à des gens qui font différemment et qui ont d’autres idées. Ça casse les codes, ça met un coup de pied dans la fourmilière, ça permet à tout le monde de sortir de sa zone de confort et de se remettre en mouvement. C’est un peu comme la nouvelle formule de la Ligue des champions : avant, tous les conservateurs disaient « surtout pas », au bout d’un an elle a convaincu tout le monde et elle est devenue hyper attractive. La nouveauté n’est pas forcément synonyme de mauvais. Même si le PSG va taper le Barça et le Bayern en poule et que c’est chiant. Je pense que le journalisme bien fait, il est très important dans les affaires sérieuses. Par exemple, l’affaire Pogba, elle est trop délicate pour qu’elle soit traitée par un créateur de contenus qui est dans le divertissement, dont le but est de faire des vues. Là, j’ai besoin d’un mec qui a sa carte de presse et qui ne va pas se croire juge à la place du juge et qui va donner des faits, uniquement des faits. Voilà pourquoi il faut garder des journalistes et j’en suis persuadé.

À la base, je n’avais rien à faire avec Ediney et il n’avait rien à faire avec moi. Je pense que pour lui, je suis juste un vieux monsieur qui a un début de calvitie. Et il y a que le ballon qui permet de faire ça, et j’adore.

Paul de Saint Sernin

Un souvenir qui résume ton tournoi, et plus largement ton rapport au foot ?

Moi je suis arrivé 24h après tout le monde parce que j’avais des tournages la veille, et j’arrive et je connais pas tout le monde et je vois des mecs qui ont la moitié de mon âge. Le mec qui est assis à côté de moi, il s’appelle Ediney, il a 18 ans. Y a aucun monde où lui et moi on doit se croiser en vrai. On se ressemble pas, on n’a pas la même vie, on vient pas du même endroit, on n’a pas le même âge. Et très rapidement, c’est un des mecs avec qui je parle le plus. Mais à la base, je n’avais rien à faire avec ce gars-là et il n’avait rien à faire avec moi. Je pense que pour lui, je suis juste un vieux monsieur qui a un début de calvitie. Et il y a que le ballon qui permet de faire ça, et j’adore. C’est aussi ce que je raconte dans mon spectacle : l’histoire d’un petit garçon qui est un peu à l’écart pour plein de raisons, parce qu’il avait deux ans d’avance à l’école, parce qu’il vient d’un milieu un peu particulier où il vouvoie ses parents, et grâce au foot, il se fait des potes et s’inclut dans le monde. Le ballon crée des liens improbables, et je crois que ce n’est pas un hasard si on est devenus champions du monde en rigolant autant et en se vannant autant.

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Propos recueillis par Sacha François

Photos : @jazzy.prod

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