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Pastore, facteur de changement
Javier Pastore était le joueur le plus attendu de Ligue 1 l'été dernier. Le plus traqué aussi. Aujourd'hui, Zlatan est arrivé. Aujourd'hui, plus personne ne parle de lui. Tranquille, il se prépare pour sa deuxième saison en France. La Ligue 1 n'a pas compris Lucho, elle n'a pas le droit de rater Pastore.
Au sortir d’une saison pleine avec Palerme, et une Copa America en Argentine, Javier Pastore enchaîne sur sa première saison parisienne, à 22 ans tout juste, sans préparation. Pour 16 buts et 7 passes décisives en 43 matches, au final. Il est aisé de jouer avec les chiffres et de les faire parler mais peu peuvent se targuer d’une telle ligne de statistiques. Qui plus est en étant aussi critiqué. Les médias font et défont au gré de la conjoncture. Le recul manque, la hiérarchisation des informations aussi. De sa roulette à Differdange à son but au Moustoir, de sa longue tignasse à sa coupe tektonik, Javier Pastore a connu tous les états la saison dernière : joueur attendu adulé, joueur excusé, joueur trop cher vilipendé. Au milieu de ces jugements excessifs et souvent immatures, il convient donc de souligner une première saison très honnête.
Une Ligue 1 sous-éduquée
Pour beaucoup, Javier Pastore est un mystère. Certains ont osé le mot « arnaque », capable d’émerveiller un stade avec un geste puis de disparaître. On parle bien d’un joueur qui, contre Toulouse en août dernier, en un contrôle, une touche de balle, et une passe en profondeur a convaincu le PSG de laisser sa chance à Erding six mois de plus. Reconnaissant, Mevlut déclarait à L’Equipe la semaine dernière : « Il peut faire un nombre impressionnant de passes décisives positionné au milieu. Parce que c’est un joueur très collectif, qui aime jouer en une touche. Quand je suis entré en jeu, à Toulouse, en août dernier, il m’avait servi deux caviars en dix minutes alors qu’il était un peu plus reculé. Un joueur comme lui préfère faire marquer que marquer« .
Joueur élégant, joueur de déviation, joueur d’instinct, Pastore n’est peut-être, en fait, pas un joueur de Ligue 1. Un championnat habitué à s’émouvoir devant des courageux, des laborieux, des omniprésents, devant les débordements hésitants mais sincères d’André Ayew, devant la combativité de Lisandro, devant l’abnégation de Pujol. Et qui découvre tout juste le jeu avec le projet lillois. Un championnat qui n’a pas compris Lucho González n’avait peut-être pas les codes pour apprécier Javier Pastore à sa juste valeur. Les supporters de l’OM ont longtemps raillé El Commandante, ou tout du moins questionné son réel impact sur son équipe. Demandez leur aujourd’hui ce qu’ils en pensent. Lors de sa mauvaise période, il était reproché à Pastore de ne pas en faire assez, de ne pas surjouer, de ne pas défendre, de ne pas aller au mastic. Propos révélateurs d’une incompréhension : Pastore n’est pas fait pour ça, il est là pour jouer au football.
Javier de côté
L’été dernier, Leonardo avait impulsé quelque chose en recrutant Javier Pastore. Quelque chose de flou, de pas encore trop perceptible, mais une certaine idée d’un PSG bâtisseur. Avec l’arrivée de Verratti cet été, il a remis ça. L’idée est évidente : grandir en même temps que ses cracks. Mais il est passé à autre chose avec Zlatan Ibrahimovic. Ce PSG est aussi devenu destructeur. Du coup, l’intérêt s’est déplacé. La Ligue 1 est passée à autre chose, elle attend de voir Zlatan à l’œuvre. Pastore, lui, est désormais un ancien, loin des caméras, entre Armand et Douchez. Pastore est aujourd’hui plus tranquille : « Il y a eu de gros transferts réalisés dernièrement et cela nous tranquillise. Ça nous rassure tous car c’est une chance d’accueillir de bons joueurs au sein du groupe. En ce qui concerne la pression, il faut composer avec, c’est normal. A nous de répondre présents collectivement » . Contre Barcelone en amical, au milieu, il a fait ce qu’il sait faire de mieux : orienter et déclencher en quelques touches de balle. Pour un match d’excellente facture. Décortiqué à ses débuts, il va désormais laisser à Zlatan ce plaisir. Et se faire oublier dans le collectif. Pour le fluidifier.
Antoine Mestres