On était en Berne pour France-Pays Bas
Vendredi, en plus de la défaite sur la pelouse face à la Hollande, la France a perdu une autre guerre, celle des tribunes. Dans le stade, la déroute est comptable, avec un chiffre qui fait mal : sur les 30 000 sièges du stade de Suisse Wankdorf de Berne, seuls «cinq à six mille» sont occupés par des Français.
Puis vient la leçon, une heure avant le coup d’envoi. Au centre du terrain, un présentateur de la télé helvète accueille les speakers officiels de la France et des Pays-Bas.
D’un côté, JP Paoli, en provenance du stade de France, trapu, du bide, un problème de chute de cheveux et un maillot floqué à son nom. Un beauf.
De l’autre, le Néerlandais, svelte, carré, coupe au gel, veste blanche cintrée. Un beau. Prié de montrer de quoi il est capable, le peuple Oranje entame un chant format pop, avec des refrains et un couplet, bluffant de justesse. Ce à quoi JP Paoli rétorque d’une suffisance toute française : « Alors nous, on n’a pas de chansons comme ça, mais au stade de France, on a l’habitude de chanter “Allez les Bleus” » .
Une blague. Histoire de bien continuer la mise à l’amende, le speaker hollandais lance ses compatriotes sur une chorégraphie impossible : « Vous savez quand on va à gauche, à droite, en bas, en haut tous ensemble ? » . Artistiquement les Bataves sont au top et offrent une nouvelle démonstration de synchronisation. Truc de fou.
JP Paoli l’a un peu mauvaise. Un brin gêné, il tente un coup. « Bon, on peut vous faire un petit bout de “Aux Champs-Elysées” » improvise-t-il. Un massacre. Tu ne méritais pas ça, Joe Dassin. Personne ne connaît les paroles, pas même JP. Le fiasco s’enlise dans un yaourt de « la la la la » , et pas en chœur bien sûr.
En même temps, quand aux abords de l’enceinte, on croise Louis Nicollin, David Hellebuyck et Clément d’Antibes avec son coq, on a tendance à penser que tout est dit. Pas tout non, côté people, femmes de joueurs donc, c’est Wahiba Ribéry qui se place en première, cheveux décolorés blonds bien crades, elle a maigri Wahiba, ça lui va bien.
A ses côtés, c’est Tatiana, Tatiana Golovin. Y’en a qui disent qu’elle joue au tennis. Tatiana, elle sort avec Samir. Samir Nasri. Y’en a qui disent qu’il joue au football. Karine Lemarchand est là aussi, la présentatrice de l’émission préférée des chômeurs (“les Maternelles” sur France 5 tous les jours vers 10h30, mais si tu sais, c’est quand tu te réveilles là…), elle encourage son mec, Lilian. Elle a vachement maigri Karine, ça lui va pas.
Puis on dirait même qu’elle perd ses cheveux.
Il n’y avait qu’à se balader, jeudi et vendredi après-midi, dans les avenues de Berne pour se rendre de compte de l’ampleur de la débâcle qui s’annonçait. Une centaine de milliers de fans, tout d’orange vêtus, déploient ainsi des trésors d’originalité dans leurs panoplies et leurs maquillages, les cœurs ouverts à l’inconnu, disant bonjour à n’importe qui.
Face à eux, le Français, maillot Zidane et lunettes de soleil, à l’arrache, noyé dans la marée, cherche son semblable…ou revend sa place au marché noir. Pour ce match de poule, « on est monté très vite au-dessus de 1500 euros le billet » selon l’un d’eux. Le Hollandais, un peu beurré, n’est pas regardant sur les prix. Putain de pouvoir d’achat.
Par Alexandre Gonzalez et Pierre Maturana, sous un tifo en Suisse
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