On était au Vélodrome pour OM/Shakhtar
Malgré l'élimination, le public du Stade Vélodrome était derrière son équipe, pour une des meilleurs ambiances de la saison, de la première à la dernière minute. Et même après.
Septembre 1994. L’Olympique de Marseille a beau s’imposer 3-1 contre Sion, l’aventure en C3 s’arrête là. Une mésentente entre Barthez et Casoni, en début de match, ne permettra pas aux pensionnaires de Division 2 de refaire leur retard de l’aller. Rideau.
15 ans après, l’OM se donne enfin les moyens de revivre cette sensation si spéciale : celle de l’élimination à domicile. Ce moment, quasi-irréel à Marseille, où le stade ne se désemplit pas malgré la défaite. Où les joueurs remercient les virages qui chantent encore leur gloire, malgré le score au panneau d’affichage. Personne n’est dupe dans les gradins : quand on perd à l’aller comme au retour, c’est que l’équipe en face est supérieure, Marseille ne pouvait pas faire mieux.
Pourtant, avant la rencontre, les coéquipiers de Cana ont des raisons d’y croire. Aux dires de La Provence ou de L’Equipe, les Olympiens ont tellement joué avec la chance ces derniers temps qu’ils peuvent bien marcher sur l’eau jusqu’à la prochaine étape. Pourtant, même si leur maillot est aussi moche, Shaktar ce n’est pas la Corogne et les supporters en sont conscients. Yann, membre des Fanatics en est sûr : « Si on veut passer ce soir, il va falloir envoyer boîte et clous » . Dans le stade, c’est la meilleure ambiance de la saison. On est loin du 16e dégueulasse contre Twente, avec une enceinte à moitié vide et une équipe pas concernée.
Comme prévu, l’OM démarre tambour battant. Dieu, Coach, Gerets a dit qu’il fallait se montrer patient, alors ça chante à tout va et ça ferme les yeux sur le manque de réalisme. Ca va bien finir par rentrer. Bon enfant, le public profite même d’un arrêt de jeu pour lancer un « Aux Armes » qui a dû aller droit au cœur de l’audimat de M6. Le football étant un sport cruel, les Ukrainiens vont marquer sur leur première occasion à la demi-heure de jeu.
Le stade se crispe. Dans les minutes qui suivent, si l’arbitre encaisse son lot habituel de quolibets, certains joueurs locaux ne sont pas épargnés. Ainsi, alors qu’ils obtiennent un bon coup franc, les Phocéens se font reprendre par Lionel Tonini des Yankees. Hurlant dans son mégaphone, il leur demande de jouer aussi dur que les ukrainiens, au lieu de se plaindre systématiquement au directeur du jeu. Le tout dans un langage fleuri, ça va de soi.
A la mi-temps, malgré l’égalisation de Ben Arfa, personne ne semble y croire. En fait, le stade ne demande qu’un but pour s’enflammer. Il ne viendra jamais. Plus de 30 tirs, seulement 3 cadrés : Baky Koné et Samassa prennent cher. Le but ukrainien dans les arrêts de jeu est anecdotique, Marseille était déjà éliminé depuis une bonne heure.
Heureusement, le speaker garde le sens de la formule : « C’est fini pour l’UEFA, mais il reste le championnat, où l’OM est toujours premier » . Arthur, un fan un brin dépité, s’est fait son opinion : « Il suffit qu’on y soit plus pour que l’UEFA perde sa saveur. Maintenant cette coupe c’est quoi ? Des Allemands contre des Ukrainiens. Sérieux, je préfère encore le Ligue 1 » . Peut-on lui donner tort ?
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