On était à la Bombonera pour Boca-River…
Dimanche 19 avril 12h45, aux abords de la Bombonera : «Je vous laisse là, pas envie de m'engager dans ce bordel». Notre taxi, un hincha de Boca sexagénaire, préfère rebrousser chemin. Et pour cause, des supporters surmotivés ont déjà pris possession du quartier. Dans moins de deux heures, Boca Juniors (11ème) reçoit dans son antre River Plate (4ème) l'ennemi juré. Un match qué sapelerio El Superclasico...
13h30, le stade est pris d’assaut. En guise d’amuse-gueules, sur le pré, les équipes réserves s’affrontent alors que dans les tribunes, les choses sérieuses ont déjà commencé. Les chants se succèdent et offrent ainsi aux réservistes un soutien et une ambiance qu’un joueur de L1 n’aura jamais la chance de connaître. Pour l’anecdote, le mini-clasico se solde sur un 0-0 sans saveur. 14h50, place aux grands. Surprise, l’intendant aux ballons de Boca revient des vestiaires déguisé et se lance dans un tour de terrain étrange, drapeau à la main. C’est officiel, le « travailler plus pour gagner plus » voyage.
15h, les vingt-deux acteurs font leur entrée sous une pluie diluvienne de papelitos et un bruit assourdissant. Chaque personne présente perd alors un dixième de sa capacité auditive tandis que le grand écran nous montre Juan Roman Riquelme, blessé, rongeant son frein en tribune. Le premier quart d’heure de la partie est nettement à l’avantage de Boca. Palacio – plus que jamais la meilleure teboi d’Ivry-Sur-Seine – et Palermo multiplient les appels et se créent quelques situations dangereuses sans pour autant concrétiser. River laisse passer l’orage et tente de contrer via un Gallardo inspiré et un Fabbiani enrobé. El Ogro ne faillit pas à sa réputation de grande gueule et prend part à tous les coups fourrés, s’attirant ainsi les foudres de la Bombonera. Une chanson lui est d’ailleurs consacrée dans laquelle une prostituée chinoise lui fait office de mère. Chanson à texte s’il en est. De toute façon, le spectacle se trouve clairement plus en tribunes où la Doce nous offre un tifo monumental recouvrant l’ensemble de la populaire. Fin des quarante-cinq premières minutes. Les joueurs regagnent les vestiaires alors que les hinchas honorent la classique argentine : hamburger sans sauce et coca sans bulle.
Reprise. Boca Juniors passe la seconde et occupe les dix-huit mètres adverses. 58ème minute, Palermo hérite du ballon aux 25 mètres et arme du gauche. Sa frappe sèche et limpide vient se loger dans les filets de Daniel Vega, le portier Millonario. La bombonera implose à coups de « Paleee, Paleee » . Le buteur tombe la chemise et se retrouve enseveli sous les corps de ses coéquipiers.
Côté River, le coach Gorosito décide de faire sortir Fabbiani pour faire entrer son lutin de poche, Buenanotte. Furieux, El Ogro balance un front kick sauvage dans un panneau publicitaire se trouvant devant son banc. Prends-ça Jacques Séguéla. Plus moqueuse que jamais, la Bombonera rétorque en chanson avec le fameux morceau « Le gros s’est chié dessus » . Véridique.
Toujours est-il que l’entrée du nain fait du bien à River. Les coéquipiers de Gallardo reprennent la main sur le jeu et sur un sublime coup-franc, l’ancien Monégasque égalise à la 68ème minute. Quelques minutes plus tard, River Plate rate le coche. Parti seul au but, Falcao déchiquette, avale et rote la feuille de match en croisant trop sa frappe. Les ultimes actions sont plus dictées par la peur de perdre que par l’envie de gagner. 1-1, score final. Le terrain se vide tout comme les tribunes, sans incident. Une partie honnête qui n’arrange personne, Boca passe 13ème et River 5ème. En somme, le Superclasico n’a accouché ni d’une souris ni d’un Ogre…
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