OM – Peur sur Vicente Calderon
Certains silences sont assourdissants. C'est ce que doivent penser les supporters marseillais plus d'une semaine après les évènements madrilènes. Alors oui, en Ligue des champions l'OM compte deux défaites en deux matchs de poule. Oui la charnière centrale Erbate-Hilton a failli. Et oui la qualification pour les huitièmes de finale est largement compromise. Pourtant, le résultat compte peu. L'essentiel n'est pas là. Des actes de violence se sont produits en marge de la rencontre. Et visiblement les médias français semblent l'ignorer...
En ce premier soir d’octobre, la tension était palpable aux abords du stade Vicente Calderon. Les policiers espagnols se montrent dès le départ agressifs à l’égard des visiteurs. Durant les fouilles, ils n’auraient pas prêté attention à une banderole qui allait mettre le feu aux poudres une vingtaine de minutes avant le coup d’envoi du match. Cette banderole, qui existe depuis 1984, est déployée par les ultras lors des déplacements sans que cela ne pose de problème. Mais là, ça coince. Une tête de mort figure sur la banderole. Un stadier espagnol demande aux Marseillais de l’ôter sous prétexte que les têtes de mort ne sont pas tolérées dans les stades ibériques. C’est à cet instant que les forces de l’ordre entrent en scène, alertées par le stadier. Les policiers espagnols s’entretiennent avec leurs homologues français, qui encadrent les visiteurs. Les ultras auraient alors commencé à rabattre la bâche.
Mais, sans avoir pris le temps de parlementer, la guardia civil décide de les charger. Matraques à la main, ils foncent sur les supporters olympiens. Un déluge de violence s’abat dans le virage. Les images parlent d’elles-mêmes. Les coups pleuvent sans distinction. Même les stadiers marseillais, ainsi que le directeur de la sécurité de l’OM, sont molestés. Il s’en faut de peu pour que Pape Diouf et José Anigo, qui se précipitent en direction de la tribune, ne soient agressés. Finalement, le président olympien obtiendra le retrait de la guardia civil et déclarera à l’issue du match avoir « frôlé la catastrophe » .
L’action disproportionnée et incompréhensible aura fait une dizaine de blessés. Plus tard, la police affirmera avoir agi sur demande de l’UEFA. Cette dernière dément par l’intermédiaire du délégué de la rencontre.
Durant le match, le stade Vicente Calderon se transforme en un défouloir où bêtise et haine cohabitent allègrement. Les insultes racistes pleuvent, un journaliste de “La Chaîne Marseille” est pris pour cible au même titre que Mandanda, Taïwo et Niang. Même les supporters phocéens handicapés essuient des jets de projectiles sans que la sécurité locale ne s’en émeuve outre-mesure.
Fin du match. L’Atletico l’emporte sur le terrain, pas dans les tribunes. Les supporters olympiens quittent le stade avec du sang sur le maillot et des ecchymoses. La tête basse. Ils ignorent par ailleurs qu’en rejoignant leurs bus, certains devront une nouvelle fois faire face à une guardia civil décidément zélée et chahuteuse.
Dans la foulée, Mirasierra Santos, 34 ans et membre des Ultras 84, est arrêté puis incarcéré. Toujours en rétention, il est accusé par deux policiers d’avoir jeté un siège lors de l’intervention des forces de l’ordre. Les vidéos du stade prouveraient son innocence. Pourtant d’après la presse espagnole, il risquerait une peine de prison ferme pour « violences sur agent de la force publique » . Pape Diouf a demandé sa libération tout comme les supporters marseillais et ses proches. En vain. L’inquiétude grandit. La justice est lente. Et puis Laporte préfère blaguer sur la grossesse de Rachida Dati plutôt que d’intervenir. L’UEFA reste dans son mutisme habituel et devrait infliger, comme toujours, une sanction dérisoire au club madrilène. Aujourd’hui, il n’y a que La Provence pour s’offusquer. Le match retour s’annonce pour le moins tendu…
Nelson Mandelon
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